BIATHLON – Pour Nordic Magazine, Vincent Vittoz, le coach des tricolores, revient sur les raisons ayant conduit le staff à décider du retour de Martin Perrillat-Bottonet en France après les deux premières courses de Kontiolahti (Finlande).
Après une journée de repos marquée par des débriefings individuels des performances du week-end, Vincent Vittoz a répondu aux questions de Nordic Magazine au sujet de Martin Perrillat-Bottonet. C’est que le jeune Cluse, 70e de l’individuel puis 90e du sprint pour des deux premières courses en coupe du monde, a été renvoyé en France avant la fin des compétitions fennoscandiennes. Explications.
- Pourquoi avez-vous décidé de renvoyer Martin Perrillat-Bottonet en France après seulement deux courses ?
On savait qu’il avait vécu un automne un petit peu difficile. Mais on avait vu de bons indicateurs sur Bessans et on s’est dit qu’on allait tenter de l’aligner. Je dirais qu’il n’a pas encore digéré le travail qu’il a pu faire là-bas. On sait qu’il est dans une position fragile mais il a voulu s’investir tout l’été et c’est vrai qu’il l’a un petit peu payé malgré toutes nos mises en garde.
- En a-t-il trop fait lors de la préparation ?
Il n’a peut-être pas pris conscience qu’il lui restait un palier à franchir et qu’il fallait parfois être raisonnable. Il a été très volontaire, ce qui est le danger quand on arrive dans un groupe comme celui-là et, du coup, l’automne a été compliqué. Il ne s’est pas aligné sur les Summer Tours et, même si ça allait mieux sur Bessans, je pense que c’était encore insuffisant.
« C’était plus sage aujourd’hui qu’il rentre à la maison plutôt que d’insister et que ce soit moralement trop compliqué à gérer pour la suite de la saison »
- Cette décision a-t-elle été difficile à prendre ?
C’était vraiment en-dessous de ce qu’on espérait et, à un moment donné, on n’allait pas retrouver un Martin tip top en quatre jours. Il était dans une situation compliquée… C’est dur et frustrant de s’aligner sur une coupe du monde quand on est jeune sans être à 100%. C’était plus sage aujourd’hui qu’il rentre à la maison plutôt que d’insister, qu’il prenne de nouveaux coups sur la tête et que ce soit moralement trop compliqué à gérer pour la suite de sa saison.
- Quand on analyse ses courses et ses tirs (quatre erreurs en trente balles tirées), on se rend compte que le problème se situe effectivement plutôt sur la partie physique qu’au niveau de la carabine…
Martin avait déjà de bons pourcentages au tir au niveau de l’IBU Cup. Globalement, sur le tir, il a su répondre présent et ne pas se laisser impressionner par sa première sélection. Maintenant, physiquement, depuis la mi-septembre, on a dû composer avec sa forme et ça n’a pas été suffisant [91e puis 92e temps sur les skis, ndlr.].
- Avez-vous pensé appeler un biathlète pour le remplacer numériquement à Kontiolahti ?
Non. On avait prévu une sélection le week-end prochain à Bessans pour les athlètes du groupe B. Je pense qu’une place en coupe du monde doit se mériter. Habituellement, ça passe par l’IBU Cup. Aujourd’hui, on n’a pas la possibilité de juger les états de forme sur ces courses-là, mais ça doit quand même passer par une vraie sélection. On aurait peut-être pu désigner quelqu’un sur ce que l’on avait vu cet automne et lors des stages mais, à un moment donné, ce n’était pas leur rendre service que de les monter sur cette étape alors que même nos athlètes aguerris manquent de rythme.
- Un nouvel athlète viendra donc garnir les rangs de l’équipe de France à Hochfilzen ?
On pense effectivement que c’est plus propice d’attendre cette étape sur un site qui leur conviendra mieux. On n’a pas envie de les envoyer prendre un gros coup sur la tête. Il faut être lucide sur le niveau de la coupe du monde qui demande d’arriver à 100% et d’être bien prêt.
Deux jours d’entraînement avant le sprint
« On a bien vu qu’on manquait un peu de ski sur les premières courses. Hier, on a privilégié une journée de repos pour pouvoir profiter des deux jours qui arrivent avec des sessions d’entraînement au programme. On va reprendre ce rythme d’avant-veille et de veille de course, mais il faut accumuler un petit peu de ski pour continuer à prendre des repères sur cette neige et préparer au mieux ce sprint. On ne va pas changer nos plans préétablis. J’ai pris le temps de débriefer avec chaque athlète pendant cette journée de repos pour peaufiner les derniers détails à régler afin qu’ils puissent basculer de notre côté dès jeudi. »
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Photos : Nordic Focus.