Alexis Bœuf s’est exprimé dans l’émission Hors piste de nos confrères d’Eurosport. Il s’est confié sur les raisons de l’arrêt de sa carrière. Extraits choisis.
Alexis Boeuf, pourquoi avoir pris cette décision à seulement 28 ans ?
C’est une décision prise suite à un manque de motivation dans l’effort. J’ai senti que je perdais la foi qu’on doit avoir pour aller chercher des précieuses secondes sur une épreuve. Même si j’aime et adore ce que je fais, j’ai voulu être honnête avec moi-même. Ça fait partie du statut de sportif de haut niveau que de reconnaître ses faiblesses parfois. Il est temps pour moi de tourner la page.
Pourtant, cet été, vous ne paraissiez pas forcément las durant votre préparation…
L’envie de faire du biathlon est toujours là. J’aimerais continuer à en faire longtemps. Mais aujourd’hui, pendant les courses, quand je suis à la bagarre, je n’arrive plus à élever mon niveau au top. C’est pour cela que j’ai mis du temps à prendre cette décision. Oui, j’étais motivé pour cette saison. Mais dès le début de la compétition, je me suis rendu compte que je n’étais plus le même sur les skis.
Je veux garder en tête ces moments incroyables
Avec une victoire en coupe du monde à Presqu’Ile et quatre médailles mondiales, quel souvenir conserverez-vous ?
C’est un souvenir global ! J’ai vécu une carrière incroyable et eu la chance de tout vivre en biathlon : des podiums, des médailles mondiales, de bons moments comme des plus difficiles… Il me manque peut-être une médaille olympique mais bon… J’ai aussi rencontré des personnes qui ont cru en moi. Je veux garder en tête ces moments incroyables. C’est l’ensemble de ces choses qui font que je tourne la page sereinement, l’esprit très tranquille.
Vous êtes très proche de Martin Fourcade. N’est-ce pas un peu pervers d’avoir un tel leader dans l’équipe ?
Quand on fait du haut niveau on connait ses capacités, ses moyens et on sait pourquoi on est là. Je n’ai jamais eu de complexe vis-à-vis de Martin car je me savais capable de bien faire. Ça a été un plus de partager ma carrière avec lui et les copains de l’équipe.
Cette décision n’est-elle pas prématurée ?
Je suis motivé pour faire la saison mais n’ai plus cette rage de vaincre au moment où je suis sur les skis. Je me dois d’être honnête avec moi-même car je ne saurai plus m’arracher sur une course de biathlon. J’ai encore du plaisir à le faire donc je préfère arrêter maintenant avant d’entrer dans un schéma très difficile et une spirale négative.
Avez-vous des idées pour la suite ?
Non, rien de prévu même si j’y ai déjà pensé. Je pourrais me lancer dans d’autres défis cette saison en cherchant le plaisir sur du sprint ou des longues distances que je ne connais pas encore. Je sais que je suis en forme sur les skis et j’aimerais en profiter un maximum. Même si je termine ma carrière internationale, je remettrais le carabine sur le dos pour les France à La Féclaz en mars, chez moi.
C’est cette hargne que j’ai perdue sur les skis
Est-ce que la routine de courir tous les jours a joué mentalement ?
Mentalement le plus dur, c’est au moment où je dois accélérer la cadence. C’est un effort intense où il faut se faire la peau pendant les courses, ce que je n’arrive plus à faire… En biathlon, on part de la maison pendant trois semaines, il y a beaucoup d’attente dans les hôtels avant les compétitions mais ça ne m’a jamais dérangé. J’aime plutôt ça. Le seul paramètre qui me fait tourner la page, c’est cette hargne que j’ai perdue sur les skis. Pour être tout à fait honnête, je n’arrête pas le biathlon pour faire du sprint. A moi de trouver quelques chose qui me corresponde davantage…