BIATHLON – Le patron de l’équipe de France de biathlon est ravi de la saison de ses troupes. Malgré les succès et les 50 podiums de l’hiver, Stéphane Bouthiaux voit encore quelques pistes d’amélioration notamment en vue de l’hiver prochain… qui sera olympique.
Stéphane Bouthiaux, si vous deviez noter cette saison de l’équipe de France de France, quelle note donneriez-vous entre 1 et 5 ?
Je dirais 5/5 parce qu’on a battu tous nos records mis à part le nombre de médailles aux championnats du monde même si avec huit breloques, c’est mieux que pas mal ! En coupe du monde, on est monté sur 50 podiums en 66 courses, et on était présent sur le podium de presque tous les relais… On aura vraiment du mal à réussir une telle saison.
Huit médailles aux mondiaux d’Hochfilzen est un magnifique bilan, y compris par rapport à Oslo et les 11 médailles Françaises ?
Oui, de toute façon, j’avais dit qu’on ne referait jamais une collecte pareille. Et je pense qu’on ne le refera jamais, c’était tout simplement historique. Ça reste une belle moisson avec notamment la satisfaction sur les relais : l’argent sur le relais mixte et les hommes ainsi que l’argent chez les filles… On est la seule nation à avoir réussi ça, c’est une grande satisfaction pour toute l’équipe.
Cet hiver, un athlète hors normes a crévé l’écran : Martin Fourcade et son 6e succès consécutif sur la coupe du monde…
Il fait une saison époustoufflante : à lui seul, sur 26 courses individuelles, il fait 22 podiums dont 14 victoires et un titre mondial. Je manque de superlatif. Sa saison est absolument énorme…
Quelle analyse faites-vous des résultats du groupe hommes ?
Concernant les autres garçons, on attendait à plus de régularité de la part de Quentin Fillon-Maillet ou Jean-Guillaume Béatrix, Simon Desthieux et Simon Fourcade surtout après une belle entame de saison. Ce qui est toutefois satisfaisant, et j’ai insisté auprès d’eux sur ce point, c’est que si on met les stats de tir de Martin en face de leur temps de ski, ils sont tous dans le top 10 mondial !
Outre Quentin qui signe deux podiums, il y a un petit peu de déception pour ceux qui n’ont pas fait de top 3. C’est une saison qui nous laisse un peu sur notre faim mais nous donne aussi beaucoup d’espoir pour la suite.
Les garçons ont bien encaissé l’enchaînement des courses. Rassuré sur le plan physique ?
Oui, on sait que nos programmes d’entraînement fonctionnent. On fera la même chose cette année. Quant à la nouvelle méthode de tir de Franck Badiou (remplaçant de Siegfried Mazet, NDLR), elle a causé des dégâts dans un premier temps. Mais c’était voulu. C’est un plan de bataille sur deux années dont on espère tirer profit l’hiver prochain.
Chez les dames, on retiendra surtout la densité et l’homogénéité du groupe France cette saison. Surpris de cette richesse de groupe ?
Non. Justine, on l’attendait, on ne savait pas si ce serait cette année ou une prochaine car elle est encore jeune. Elle a manqué un peu de régularité pour jouer tout devant mais son classement (6e mondiale) est exceptionnel. Si Justine confirme sa progression, elle va vraiment jouer tout devant dès l’hiver prochain.
Ce qui a été bluffant, c’est l’arrivée d’Anaïs Chevalier. Personne n’aurait misé sur une telle densité de résultats au plus haut niveau de sa part cet hiver. Elle était dans le dur en début de saison et puis il y a le déclic du premier podium. Ensuite, elle a franchi, depuis l’hiver passé, une énorme marche pour figurer aujourd’hui au 7e rang mondial, c’est du jamais vu !
Avec Marie Dorin-Habert, on dénombre déjà trois Françaises dans le top 10 !
Oui, mais elle espérait bien mieux. Elle commençait à parler du général de la coupe du monde, elle espérait refaire ce qu’elle a réalisé à Oslo ou Kontiolahti et elle est clairement passée à côté de sa saison, il faut pas se mentir. Marie est 4e du général mais elle aspirait à mieux que ça. Le bilan comptable sur la fin de saison n’est pas mauvais mais on l’attendait à meilleure fête.
Anaïs Bescond, qui a connu une saison délicate et Célia Aymonier, 21e mondiale, complètent aussi un beau bilan d’ensemble.
Ce fut compliquée pour Anaïs cet hiver. Célia affiche une grosse progression. Le jour où elle trouve de la régularité au tir, elle jouera dans le top 5 mondial, c’est certain ! ça peut venir vite car elle a mieux construit son tir cette saison. De manière ponctuelle, y compris sur des courses à quatre tirs, elle a réalisé de très belles séquences. Avec une saison de plus, on la verra jouer devant l’an prochain et pourquoi pas aller chercher son premier podium.
L’année prochaine sera olympique. On repart sur les mêmes bases du côté du staff tricolore ?
Pas de changements, surtout pas de révolution… Le groupe des filles est super dense, c’est possible de faire encore mieux pour elles. Mais pour tout le monde, la priorité sera de bien travailler dès cet été.