BIATHLON – Auteure d’une saison pleine en coupe du monde, la biathlète des Fourgs a passé un cap au tir et impressionné sur les skis. Elle dresse un bilan enthousiaste tout en pointant des pistes d’améliorations.
Vous venez de terminer votre deuxième saison complète en coupe du monde avec une honorable 21e place au classement général et surtout six tops 10. Quelles images retiendrez-vous de votre saison ?
Sans doute celles du relais dames d’Hochfilzen où on décroche la médaille de bronze. Ce fut une course mouvementée avec mon tir debout laborieux, le tir couché de Justine où on a toutes tremblé et enfin la superbe course de Marie qui nous a tenues en haleine tout du long dans ce dernier tour. C’était vraiment beau. Au-delà de ce moment fort, je retiens la force de notre groupe. C’est impressionnant d’être dans une équipe pareille, où chacune peut faire un podium sur chaque course.
Comment profitez-vous de cette émulation de groupe ?
Ce qui est super, c’est qu’après une mauvaise course, on peut se “raccrocher” à celle du groupe qui aura fait une belle course, et se dire, “demain, ce sera mon tour”. C’est toujours encourageant et motivant. On se réjouit aussi de la réussite des unes et des autres. La déception personnelle passe plus vite dans ce climat là en vue de la course suivante. Un vrai cercle vertueux.
Individuellemenent, vous avez passé un palier en termes de régularité. Et collectivement, vous rentrez d’Hochfilen avec la médaille mondiale de bronze. Etait-ce un moment particulier dans cette saison où vous serez montée trois fois sur le podium en relais ?
Oui car c’est ma première médaille mondiale ! J’avais fait 4e au relais ski de fond de Sochi, j’en étais très heureuse. Cette fois, de concrétiser avec une vraie médaille (et pas une en chocolat) fut un beau moment. Tout comme le premier podium avec les filles à Pokljuka ! C’est la chance du biathlon français de jouer le podium sur chaque relais. C’est dans ces relais qu’on apprend à jouer devant, qu’on prend conscience qu’on est capable de le faire. Je me sers beaucoup de ces courses collectives en individuel.
En fin de saison, vous avez alterné entre malheur et bonheur : la casse de votre carabine sur la mass-start d’Oslo et ensuite une première médaille d’argent sur la mass-start des championnats de France avec un 18/20 dans le vent avec votre nouvelle carabine ! Réjouissant avant la préparation estivale ?
C’est réjouissant oui surtout dans l’état de fatigue où j’étais. J’avais cette carabine en préparation pour l’année prochaine car il restait un peu de travail à faire dessus. Finalement, je l’ai utilisée aux France. J’ai pris de très bons points de repères avec, dans le cadre d’une vraie compétition. Ça a été enrichissant, je sais maintenant comment la faire évoluer pour en tirer le meilleur.
A Oslo justement, vous avez tenu à terminer la course avec la carabine de réserve… Là aussi une belle image et l’illustration d’un certain caractère chez vous !
Enorménent d’athlètes sont venus me féliciter spontanément pour avoir terminé, tout simplement parce que beaucoup ne l’aurait pas fait. Mais c’était la dernière de l’année, qui plus est, une mass-start, la course des rois, avec les 30 meilleures du général… Et j’ai été tellement soutenue par le public d’Oslo, c’était grandiose. Sur mes tirs, ils applaudissaient autant que pour les premières passées bien plus tôt. Une standing ovation rien que pour moi, un moment fort à vivre ! On m’a dit que j’étais aussi applaudie que Tiril Eckhoff qui gagne. J’avais à coeur de continuer. Il n’y avait pas de raisons d’abandonner… Il faut savoir accepter qu’on ne peut pas toujours jouer devant.
Les vacances approchent, ensuite, il sera déjà temps de se mettre au travail pour la saison olympique. Qu’allez-vous travailler en particulier ?
Tout ! J’ai retrouvé de bonnes sensations en ski et j’ai encore à gagner quand je jouerais devant. Les 5 ou 6 secondes qu’on va chercher dans le dernier tour sont plus faciles à gagner quand on joue un podium plutôt qu’un 15e place ; on peut se transcender. Au tir, je dois gagner en vitesse d’exécution et également dans l’enchaînement entre tir et ski.
De quoi rêvez-vous l’an prochain ?
De beaucoup de choses. De connaître autant de joies et d’émotions que cette année. Mon rêve est de revenir de Pyeongchang avec une médaille. Les Jeux, c’est le symbole olympique, l’état d’esprit, le dépassement de soi… Autant de valeurs importantes à mes yeux.