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Christian Dumont, biathlon
Christian Dumont (FRA) - Nordic Magazine

Ski nordique

Christian Dumont, passion biathlon

Actuel coordinateur des circuits nationaux, Christian Dumont a tout connu dans le biathlon. Personnage incontournable depuis plus de trente ans, il est de ces hommes qui marquent l’histoire d’une discipline.

Christian Dumont et le biathlon, c’est une histoire d’amour dévorante. Une attraction presque instinctive qui prend ses racines dans le Haut-Doubs, plus précisément dans un petit village d’une centaine d’âmes : Fourcatier-et-Maison-Neuve. Nous sommes à quelques encablures du lac de Saint-Point, dans un environnement de gens de la terre.

Janvier 1984, l’individuel de Falun (Suède) couronne le Norvégien Odd Lihrus, Yvon Mougel empoche le premier podium de sa carrière et le dossard 33 est sur les épaules de ce jeune Jurassien de vingt ans. Les Jeux de Sarajevo arrivent trop tôt pour lui, ceux de 1988 à Calgary lui laissent un goût d’inachevé. Comme un symbole, le 1er janvier 1989 marque pour le biathlon français le début d’une nouvelle ère. Gilles Marguet, Thierry Gerbier et Hervé Flandin forment, avec Christian Dumont, le premier relais français victorieux en coupe du monde.

Quelques mois plus tôt, un épique stage de préparation pour les Mondiaux de Minsk, dans la rudesse soviétique, a fait germer la lueur de la victoire dans les yeux des Bleus. Au contact des Sergei Tchepikov, Valery Medvedtsev et autres Juri Kashkarov, Christian Dumont eut un déclic : « J’étais gonflé à bloc. Quand j’ai vu l’entraînement qu’ils suivaient, je me suis dit que j’étais capable de faire comme eux. » Sous l’œil et la poigne de David Moretti, le biathlète est en chemin.

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Sur l’individuel des championnats du monde de la future capitale de la Biélorussie, l’URSS de Tchepikov signait un quadruplé… stupéfiant et le tricolore prenait une belle 11e place. À cause d’un froid glacial, les épreuves se poursuivent finalement un mois plus tard à Oslo (Norvège) et Kontiolahti (Finlande). La France de Dumont glane donc une médaille de bronze en épreuve par équipe et une d’argent sur le relais.

Les Jeux de 1992 arrivent à point nommé pour le jeune papa (d’un petit Romain) qui, à 29 ans, a complété sa collection de trophées avec deux podiums en coupe du monde. Mais ses problèmes récurrents de dos et les douteuses pratiques de ses adversaires le handicapent dans sa quête du Graal.

L’histoire doit lui offrir une deuxième chance deux ans plus tard lors des Jeux de Lillehammer. Dans la forme de sa vie, Christian Dumont est devenu l’un des piliers du groupe aux côtés de Patrice Bailly-Salins, futur vainqueur du classement général de la coupe du monde de 1994. L’ancien skieur alpin, d’un an son cadet, est arrivé plus tardivement au biathlon : « Je n’avais qu’un an de moins que lui, mais quand je suis arrivé en coupe du monde, Christian faisait déjà partie des cadres ». Gilles Marguet se souvient, lui, « d’un beau skieur, propre techniquement et d’un bon caissu aussi ! »

1994 aurait pu être son année, mais la saison déraille. La faute à un canon bullé presque inutilisable ! De cela, il s’aperçoit trop tard, ratant le wagon pour les Jeux de Lillehammer. Un hiver raté qui précipite sa fin de carrière.

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Le temps des responsabilités

Mais il n’est pas du genre à gamberger. Plutôt à rebondir vite… et haut. Après un jubilé haut en couleur chez Denis Sandona sur le stade de la Seigne (Doubs), il accepte rapidement une proposition pour entraîner l’équipe militaire de ski. Le changement est brutal : plusieurs mois de formation à l’école militaire des sous-officiers de Saint-Maixent (Deux-Sèvres) où les formateurs font tout pour faire craquer les aspirants. Mais l’homme est pugnace. La famille Dumont déménage alors à Chamonix (Haute-Savoie), siège de l’École nationale du ski et de l’alpinisme (ENSA).

Nouvelle vie, nouveau rythme, nouveau départ. Presque un déracinement pour toute la tribu qui a vu l’arrivée d’un second fils, Clément, qui portera plus tard une carabine dans le dos. Le zéro pointé du biathlon français aux Mondiaux de 1997 puis surtout aux Jeux de Nagano en 1998, amène le changement. Au printemps 1998, Christian Dumont prend les commandes de l’équipe masculine, le regretté Pascal Étienne héritant des dames. Une nomination qui, avec le recul, est une évidence pour Gilles Marguet : « Christian était né pour entraîner ! Déjà quand il était athlète, il était beaucoup dans l’analyse, très attaché aux détails. Quand il était à l’EMHM, c’est lui qui m’a remis sur les rails. Il m’a beaucoup aidé sur le plan technique. »

Avec Jean-Pierre Amat derrière la jumelle, l’alchimie est presque immédiate. Le Savoyard se souvient d’ailleurs bien de sa première rencontre avec celui avec lequel il partagera dix ans de médailles : « C’était en 1997 lors d’un stage à Tignes. Lui était entraîneur de l’équipe militaire et il est venu se présenter. » La discussion n’a pas mis longtemps à aborder les questions de l’entraînement au tir : « Tout allait dans le bon sens, il avait déjà une excellente vue d’ensemble, au niveau de la technique de tir et de l’entraînement. La trame était parfaitement juste. »

La saison 1998/1999 s’ouvre donc avec un nouvel équipage à la tête de l’équipe de France. L’ambiance est décontractée, amicale, mais aussi professionnelle. C’est un changement profond qui s’opère. Autour d’eux : Jean-Paul Giachino, Stéphane Bouthiaux, Christophe Vassallo, Thierry Dusserre, Lionel Laurent font leurs gammes dans les comités, avant de gravir les échelons. La route sera parsemée de triomphes. Et de moments forts.

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Ainsi, la veille du relais hommes des Mondiaux de Pokljuka (Slovénie) en 2001 qui doit clôturer l’événement, la France fait profil bas. Treizième nation mondiale, elle n’a pas les faveurs des pronostics. Mais le patron y croit. La causerie d’avant-course sera monumentale. Ceux qui y ont assisté l’ont encore en mémoire : « Il nous a galvanisés », se souvient Marguet. Pour Jean-Pierre Amat, « il s’est passé quelque chose de très particulier dans nos têtes ce soir-là. Ça a fait basculer le groupe. »

Le lendemain, la France avec son dossard 13 montre les crocs, prend la tête du relais et s’offre le tout premier titre mondial de son histoire. Et lorsqu’il en reparle encore aujourd’hui, l’émotion dans les yeux de « Dudu » n’est presque pas atténuée.

Les athlètes de « Dudu »

Dans ce quatuor champion du monde, aux côtés de Gilles Marguet, Julien Robert et Raphaël Poirée, Vincent Defrasne se construit un destin qui doit beaucoup à Dumont, celui-ci ayant très tôt décelé tout le potentiel du Pontissalien. « C’est l’entraîneur avec qui j’ai passé le plus de temps et je lui dois beaucoup pour toute l’aide qu’il m’a apportée. C’est quelqu’un qui a compté énormément pour moi, y compris en tant qu’homme. » Lorsqu’il devient champion olympique cinq ans plus tard sur la poursuite de Turin, le moment est intense pour le coach. Le lendemain, dans la voiture qui doit emmener le nouveau héros récupérer sa médaille d’or, il n’y a de la place que pour deux personnes supplémentaires. Et pour Vincent, ces deux personnes ne peuvent être que sa femme Catherine et son entraîneur de toujours : Dudu.

Après une dizaine d’années passées à accompagner l’équipe masculine sur la piste du succès, il cède sa place à Stéphane Bouthiaux et prend le poste de directeur des équipes de biathlon. Il structure les circuits nationaux de compétition en nommant Corinne Niogret à leur gestion et veille au bon fonctionnement du système. Au printemps 2011, la direction technique nationale décide de supprimer ce poste pour en créer un plus transversal qui doit s’occuper de toutes les disciplines nordiques. Christian Dumont n’y croit pas : « Je n’ai évidemment rien contre le combiné, le saut ou le ski de fond, mais je n’ai jamais cru à la transversalité. Ce n’est pas mon job. Moi, je veux faire avancer le biathlon. » Il reprend l’emploi de Niogret, partie entraîner le groupe féminin de ski de fond.

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Refuge en Provence

Un choix qu’il va ensuite coupler à un autre, plus personnel celui-là. Il ouvre un gîte en Provence avec son épouse Françoise : « Pour nous, c’était une décision forte de quitter Chamonix et l’univers du ski. Je suis fier de ce que j’ai accompli, mais j’ai un regret. Je n’étais jamais chez moi, j’ai tout donné pour le biathlon et je n’ai pas vu grandir mes fils. Alors j’aimerais au moins pouvoir voir grandir mes petits-enfants ! »

Le président de la Fédération française de ski, Michel Vion, connaît et apprécie l’homme : « Christian ? C’est une vie passée à rendre service aux autres, dit-il. Un vrai passionné. Quand une Fédération a des gens comme lui, c’est très positif. » Bailly-Salins abonde volontiers  : « Il s’est dévoué corps et âme pour la discipline et il n’a pas compté son temps. Le biathlon français lui doit un grand coup de chapeau. Oh, il n’a jamais hésité à taper du poing sur la table, notamment pour défendre le budget du biathlon ! »

Doté d’une personnalité entière, l’homme va droit au but, mais l’entraîneur sait choisir ses mots : « Bien sûr qu’il était exigeant avec nous, se souvient Marguet, mais c’était un bon communicant, il savait nous mettre en confiance. » Une gestion en bon père de famille. Un personnage incontournable du biathlon bleu-blanc-rouge. « Pour moi, c’était la pierre angulaire du système, analyse Amat. Il a eu tous les postes. Quand tu le voyais sur une course, tu savais que les Français étaient là. Dudu, c’est le fil rouge du biathlon français. »

Aujourd’hui encore, la passion est vivace et sa volonté de transmettre intacte. Il s’implique ainsi avec la jeune génération lors des FOJE, des Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ) ou du Programme National Jeune (PNJ) avec Christophe Vassallo. À l’image de Camille Bened, la relève goûte son ouverture aux autres : « C’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup, il est proche de nous, à l’écoute. Dans ses briefings d’avant-course on sent qu’il y a de l’expérience, il sait nous mettre en confiance », atteste la Chablaisienne, multiple médaillée sur les rendez-vous internationaux.

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Épicurien assumé, mais sérieux à la tâche, Christian Dumont a gardé l’œil avisé de ceux que l’expérience a construits. Chevalier de l’Ordre national du mérite, l’homme ne court plus après les médailles. Il aspire maintenant à d’autres bonheurs, mais jamais bien loin du biathlon.

Ce portrait a été publié dans Nordic Magazine #31 (octobre 2019)

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