Claire Moyse : « Un bilan très positif »
Claire Moyse est l’une des fondeuses de la Team Decathlon Experience. A 22 ans, la Haut-Jurassienne s’est immergée, l’hiver dernier, dans le circuit Visma Ski Classics où elle a terminé à la porte du top 10 du classement des meilleurs jeunes. Pour Nordic Magazine, elle revient sur sa saison.
- Claire Moyse, quel bilan général dressez-vous de votre hiver sur la Visma Ski Classics ?
Le bilan de mon année est très positif ! C’est vrai que je n’avais pas prévu de faire autant de compétitions du circuit Visma Ski Classics. Je devais évoluer surtout sur les longues distances en skating, mais la crise sanitaire a modifié toute la planification. Au final, cette saison particulière m’a laissé l’opportunité de découvrir un nouveau circuit et je me sens chanceuse d’avoir pu être aussi présente sur ce circuit, surtout à mon âge.
- En janvier, vous avez terminé la Diagonela, première course de la saison qui s’est déroulée par des températures polaires. Comment êtes-vous parvenue jusqu’à la ligne d’arrivée quand tant de coureurs ont abandonné, parfois suite à de graves blessures causées par le froid ?
En effet, c’était une entrée dans la compétition dont on se souviendra longtemps. Pour moi, la compétition s’est relativement bien passée. Cela a bien sûr été compliqué avec les conditions extrêmes et, de surcroît, c’était la première fois que je faisais une course aussi longue. Jusqu’alors, je n’avais jamais fait plus long que le marathon en compétition.
Je pense qu’il n’y a pas vraiment d’explications au fait que j’ai pu finir la course dans de relativement bonnes dispositions, si ce n’est la chance que j’ai d’avoir un métabolisme qui a une bonne résistance au froid, ce qui m’a permis de ne pas avoir de séquelles.
On était tellement heureux et impatients de pouvoir prendre un départ que personne n’a pensé à ne pas faire la course.Claire Moyse à propos de La Diagonela qui a été disputée par un froid polaire
- Diriez-vous que les conditions extrêmes ont gâché la fête ? Comme beaucoup, vous étiez impatiente de porter à nouveau un dossard.
Bien sûr, l’après-course nous a laissés un goût amer dans la bouche. Surtout que trois des membres de l’équipe ont été hospitalisés [Kati Roivas, Thomas Joly et Alexis Jeannerod, NDLR] et sont passés tout près de l’amputation.
Avec les températures extrêmes affichées au départ, c’est vrai qu’on aurait pu prendre la décision de ne pas s’aligner sur la ligne, mais tout le monde avait hâte de remettre un dossard après presque une année sans compétitions. On était tellement heureux et impatients de pouvoir prendre un départ que personne n’a pensé à ne pas faire la course.
- Vous avez ensuite disputé la Toblach-Cortina où vous enregistré votre plus mauvais classement. Que s’est-il passé ?
Je pense que ce résultat s’explique simplement parce qu’il y avait plus de filles au départ que sur les autres compétitions. En effet, en Italie, les compétitions sportives étaient accessibles à tous et non pas seulement aux athlètes inscrits dans les équipes Visma.
Pour moi, ce n’était pas une contre-performance, loin de là. C’est d’ailleurs la compétition sur laquelle je me suis fait le plus plaisir car j’ai pu me battre pendant toute la course contre les filles des autres équipes.
De plus, j’avais fait le choix de partir en poussée, ce qui était (presque) une première pour moi (lors du prologue par équipes de Livigno la saison dernière, j’avais également fait le choix de la poussée). Donc je ne retiens que du positif de cette compétition.
- Pendant ce temps, votre coéquipière Roxane Lacroix jouait dans la cour des grandes. Son beau parcours vous a-t-il porté ?
Bien sûr ! C’est très inspirant d’avoir une athlète comme Roxane au sein du team. C’est super de la voir jouer devant contre les meilleures Scandinaves et cela nous prouve que c’est possible pour une Française de jouer des top 5, voire même des podiums.
Je pense que c’est un vrai plus d’avoir quelqu’un comme Roxane dans une équipe et de pouvoir s’entrainer et échanger avec elle.
- Après la Jizerská, vous avez pris la direction de la Suède où vous avez vécu des moments très contrastés.
Encore une fois, je ne retiens que du positif de ce séjour en Suède. J’y suis montée sans vraiment savoir quelles courses j’allais faire, mais j’étais simplement heureuse de retrouver le reste de l’équipe, des conditions de ski géniales et de découvrir de nouvelles pistes.
Pour ce qui est des compétitions, j’ai fais le choix de participer à la Vålådalsrennet ainsi qu’au Tåssåsen Criterium 64 qui avaient lieu lors du même week-end, à Vålådalen.
C’était un week-end qui a été compliqué, car je ne savais pas comment mon corps allait réagir à l’enchainement des deux courses. J’avais fait le choix de partir en classique le samedi et en poussée le dimanche. Bizarrement, c’est le samedi, en classique, que j’ai eu l’impression de subir la course et de ne pas être en forme.
La course du lendemain a bien sûr été difficile, mais je me suis vraiment fait plaisir et c’était super d’avoir l’occasion de pouvoir repousser mon corps dans ses retranchements.
La semaine d’après, je faisais partie du staff pour tester les skis et ravitailler mes collègues qui couraient l’Årefjällsloppet 100 km, ce qui était super aussi.
Ces trois semaines passées en Suède avec l’équipe étaient absolument géniales, j’aurais bien aimé y rester un peu plus.
- La crise sanitaire a eu bien des conséquences sur le quotidien des équipes. Cela vous a-t-il pesé ?
La crise sanitaire nous a impactés sur la fin de la préparation et le début de la saison. La saison a été décalée de fin novembre à mi janvier. Il a donc fallu reprendre les semaines d’entraînement avec du volume à la fin de l’automne et cela a été un peu compliqué de rester motivé lors de l’annonce du deuxième confinement, alors qu’on ne savait pas à quelle sauce on allait être mangés.
Au final, on a réussi à s’adapter pour pouvoir continuer l’entraînement et une fois que la saison était partie on aurait presque pu oublier le virus si les tests PCR ne nous l’avaient pas rappelé.
- Quand vous voyez que des stars comme Bjoergen, Sundby et Falk s’investissent dans la Visma Ski Classics, cela ne peut qu’accroître le niveau du circuit professionnel des longues distances. Cela doit-il inquiéter les teams les plus modestes ?
Personnellement, je trouve ça génial d’avoir des athlètes comme eux qui arrivent sur le circuit Visma Ski Classics. J’ai grandi en regardant les victoires de Marit Bjorgen à la télé, c’est une athlète qui m’a toujours fascinée, donc pour moi c’est presque inimaginable de me dire que je vais peut-être me retrouver sur la même ligne de départ qu’elle.
Et je ne suis pas sûre que le fait de voir arriver les top athlètes du circuit traditionnel inquiète les petites équipes car on peut voir que le niveau est déjà très élevé sur le circuit. Donc, ça va simplement être de plus en plus intéressant à suivre et à regarder, et j’espère que cela va permettre d’apporter encore plus de visibilité au circuit.
- Quel est le programme d’une fondeuse de la Visma Ski Classics en ce début mai ?
Pour ma part, je suis retournée à l’école à Annecy où je suis en Licence Pro Management de la Relation Commerciale jusqu’à la fin du mois de juin. Les cours vont donc occuper une bonne partie de mon emploi du temps, mais c’est aussi l’occasion pour moi de faire des choses que je n’ai pas l’occasion de faire dans le Haut-Jura, notamment de l’escalade en bloc à Cortigrimpe.
J’aimerais pouvoir faire les courses comme La Transju et l’Engadine.
Claire Moyse
- Cet hiver, Maxime Grenard a devenu votre entraîneur. Que vous a-t-il apporté ?
J’étais ravie que Maxime soit présent avec nous cet hiver et pendant la préparation. J’ai la chance de côtoyer Max depuis quelques années car il était un de mes premiers entraîneurs à Haut-Jura Ski et il a toujours suivi de près ou de loin ma préparation, mes entraînements et ma progression.
C’est donc quelqu’un qui me suis depuis le début de ma carrière de skieuse et, en plus de ça, c’est un vrai magicien dès qu’il a une paire de skis dans les mains
- Comment appréhendez-vous la prochaine saison ?
J’ai envie de concourir sur les longues distances en skating si c’est possible ! J’aimerais pouvoir faire les courses comme La Transju et l’Engadine, mais sans pour autant délaisser la poussée. Je vais donc être présente sur les longues distances, mais sans me limiter à un seul circuit.
J’espère que d’ici le départ de la prochaine saison, la crise du Covid sera derrière nous et que toutes les compétitions pourront avoir lieu.
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