Bien caché durant l’ensemble de la course, Dario Cologna a écrasé de sa puissance le final de ce skiathlon masculin pour aller décrocher son second titre olympique. A 27 ans, le Suisse devance le champion olympique sortant Marcus Hellner et le leader norvégien de la coupe du monde Martin Johnsrud Sundby.
Les skis ont remplacé les vélos, la neige s’est substituée à la route, et les combinaisons ont été préférés aux cuissards, pourtant, le scénario et l’impression visuelle rappelait le final d’une étape de montagne sur le Tour de France.
A la lutte dans cette dernière montée, ils n’étaient plus que quatre à se disputer la victoire : le suédois et champion olympique sortant Marcus Hellner, le russe Maxim Vylegzhanin, le suisse Dario Cologna et le norvégien Martin Johnsrud Sundby. Très à son avantage depuis le début de la course, ce dernier était le premier a déclenché les hostilités plaçant une petite accélération aux deux tiers de l’ascension finale. Une attaque trop faible pour désarçonner ses concurrents qui ne tardaient pas à répliquer.
En jambes, Hellner prenait ses responsabilités et tentait de sortir du groupe. L’offensive du Suédois avait le mérite de la vigueur mais n’allait pas suffire. Si Sundby et Yvlegzhanin cédait, Cologna lui s’accrochait à la trace du Suédois avant de mettre tout le monde d’accord. Dans le sillage du champion olympique, le champion de la discipline contrait son rival tout en puissance et prenait quelques mètres. Des mètres qu’il ne concéderait pas dans la descente et l’ultime ligne droite de l’arrivée. Contre toute attente, Dario Cologna s’offrait l’or olympique à 27 ans devant Marcus Hellner. Derrière, le norvégien Martin Johnsrud Sundby parvenait à contrôler Vylegzhanin pour s’adjuger le bronze au grand dam du public russe.
Cologna, seul à croire en lui
Et Pourtant ce succès vient de loin, de très loin pour Dario Cologna que personne ne voyait lever les bras en vainqueur, ce dimanche, à Sochi. En effet, le 11 novembre dernier, le champion du monde de skiathlon était victime d’une déchirure du ligament de la cheville droite lors d’un footing. Une blessure nécessitant 6 semaine d’arrêt.
Travaillant très dur, il n’a pas ménagé ses efforts et est parvenu à revenir en Coupe du Monde au début du mois de février pour la dernière étape avant Sochi. « Les semaines qui ont suivi ma blessure à la cheville (réd: déchirure ligamentaire le 11 novembre), j’étais très mal parti pour figurer parmi les favoris des Jeux. Mais après ma 2e place du week-end dernier à Dobbiaco (sur 15 km), il est évident que je me suis repositionné parmi les candidats aux médailles », expliquait-il avant le skiathlon olympique.
Discret durant toute la partie classique qu’il passa caché dans le peloton, laissant à Sundby le soin de mener la meute et en retrait en skating, Cologna n’allait pointer le bout de ses spatules que dans les tous derniers kilomètres, à l’heure où les cuisses brûlent et le souffle devient court. Calé dans le sillage de Hellner et Sundby, il accrochait le bon wagon avant de régler tout ce joli monde en faisant étalage de toute sa puissance. Après des mois de trouble, Cologna a signé son retour et rappelé qu’il allait falloir compter sur lui durant ses Jeux olympiques.
« On a coincé au milieu de la bosse »
Du côté des Français, Jean-Marc Gaillard et Maurice Manificat ont longtemps entretenu l’espoir d’une médaille et même d’une victoire. Dès les premières minutes, il est apparu évident que le vétéran de l’équipe de fond tricolore avait les jambes pour jouer avec les meilleurs. Parfaitement en rythme et bénéficiant d’une bonne glisse, le Haut-Savoyard choisissait de suivre Sundby et n’allait jamais quitter le Top 10 de la course. Pour sa part, Jean-Marc Gaillard allait mener une course plus discrète. Navigant aux alentours de la 20ème place non loin de Peter Northug, le fondeur gérait son effort. Une tactique payante puisqu’il profitait du parcours en skating pour s’arrimer au groupe des leaders juste à côté de son compatriote et aîné.
C’est donc ensemble que les deux hommes arrivaient aux abords de la dernière difficulté du jour. Un endroit clé comme le rappelait le champion du monde 2005 de poursuite Vincent Vittoz. « Il faut qu’ils soient bien placés à l’amorce du final et sachent être opportunistes dans la dernière longue montée, notamment Maurice qui sait faire et qui est capable de placer une grosse accélération à ce genre d’endroits », analysait-il. C’est pourtant là que les deux français n’allaient pas pouvoir répondre aux offensives de Sundby et Hellner. « On a fait une grosse course (…) Aujourd’hui, on s’est rapproché mais on a coincé au milieu de la bosse », tentait de positiver Manificat conscient qu’il avait tout donné comme Jean-Marc Gaillard.
Loin de se désunir, les deux hommes finissaient ce skiathlon avec les honneurs. Fringant, Gaillard s’offrait une belle 6ème place à seulement 14’’4 du vainqueur, trois rangs devant Manificat qui entrait lui aussi dans le top 10. Bien qu’ils ne soient parvenus à accrocher le podium, ils ont pris rendez-vous pour le reste des jeux olympiques et prouver qu’ils seraient à la lutte. Troisième français engagé, ce dimanche, Ivan Perrillat-Boiteux n’a jamais pu tenir le rythme imposé par les leaders. Le natif d’Annecy doit se contenter d’une anonyme 41ème place à 3’49’’ de Dario Cologna, nouveau champion olympique du skiathlon.
Les résultats complets du skiathlon olympique masculin
Photos : Agence Zoom