Combiné nordique : le projet porté par Alexandre Villet
Il y a quelques jours, Alexandre Villet était officiellement nommé chef d’équipe du combiné nordique français en remplacement d’Etienne Gouy, nouveau coordinateur des circuits nationaux. Après avoir entraîné à tous les échelons fédéraux à la suite d’une grosse dizaine d’années passées au comité du Massif jurassien, cette promotion va dans l’ordre des choses pour celui qui a mené, ces dernières années, Gaël Blondeau et Mattéo Baud à la médaille d’argent des Mondiaux juniors.c
Pour Nordic Magazine, Alexandre Villet a accepté de se confier sur plusieurs sujets : son projet pour les Bleus, l’avenir olympique de la discipline, le développement du combiné féminin français et le programme estival. Entretien.
- Tout d’abord, comment en êtes-vous arrivé à prendre en charge les destinées du combiné nordique français ?
Ces trois dernières années, j’étais entraîneur du groupe B, juste en-dessous de celui faisant la coupe du monde. Au total, cela fait cinq ans que je travaille à la Fédération et, avant le groupe B, je me suis occupé des juniors. Et, auparavant, j’avais passé plus de dix ans au Massif jurassien ! Donc c’est une suite logique, dans la continuité.
- Au printemps, quand Etienne Gouy a annoncé son départ, avez-vous candidaté ou était-ce une demande de la FFS ?
Quand Etienne [Gouy] a arrêté, on était dans une période délicate avec une présidente de la Fédération par intérim [Anne-Chantal Pigelet-Grévy, NDLR], un DTN en arrêt maladie [Eric Lazzaroni, NDLR] et le départ de Jérôme Laheurte [alors directeur des équipes de France de saut et de combiné, NDLR]. C’était une période de flou pour nous avec une hiérarchie en changement ou absente. Après, on a été plusieurs à candidater et mon projet, que j’avais présenté, a été retenu et me voilà à ce poste.
- Justement, que voulez-vous mettre en place sur les prochaines saisons ?
On s’est dit, avec Alex Mougin et Arnaud Durand [les coachs de saut et de ski de fond, NDLR], qu’on allait se mettre en ordre de bataille pour la prochaine échéance olympique, prévue dans trois ans et demi. Dans cette optique, on s’est rendu compte qu’on avait les athlètes sous la main ! On a aussi vu que les combinés qui sont allés aux Jeux en 2022, notamment Mattéo Baud et Gaël Blondeau, avaient un niveau top 20 OPA il y a quatre ans. La progression va très vite et c’est pour cela qu’on a constitué un gros groupe de neuf athlètes [regroupant les groupes A et B, NDLR]. Il y a aussi un renfort en-dessous avec le groupe CNE géré par Samuel Guy. Les quatre qui iront aux Jeux en Italie sont assurément parmi ces groupes-là ! On veut de l’émulation au tremplin et en ski de fond et on ne veut pas que les seniors restent dans leur confort. On veut créer une dynamique de groupe.
- Vous prenez en main le groupe en juillet : est-ce un problème ?
C’est forcément un petit peu tard, notamment sur certains sujets de matériel, comme les combinaisons [avec un nouveau règlement mis en place par la FIS, NDLR], et transversaux sur la politique sportive. Si on avait pu aborder cela plus tôt, ce serait mieux. Concernant la partie entraînement, on n’a pas pris de retard parce que, dès mai, on avait envoyé une planification aux athlètes. Pour la majorité, cela a été respecté puis, en juin, on avait des permanences d’entraînement sur le saut et le développement aérobie. Le plus gros problème pour eux, avant ma nomination, c’était le manque de vision globale sur l’été.
- Votre arrivée signifie le début des stages à l’étranger : quel va être le programme des prochaines semaines ?
On va notamment aller à Planica, le lieu des prochains championnats du monde, en septembre, et à Oberhof, où il y a tout ce qu’il faut pour nous entre les grands tremplins et la neige du tunnel. On a aussi une planification sur novembre pour retrouver la neige. On a axé notre préparation sur l’hiver, mais on fera les Samse Summer Tour en France et les Grands Prix à l’étranger, qui seront des temps de passage et une prise de température.
- Le week-end dernier, les combinés français ont d’ailleurs disputé leur première compétition estivale à Autrans : y’a-t-il des choses à en tirer ?
Cela concluait un gros stage de dix jours entre Courchevel et Autrans. La compétition ne servait pas de sélection, mais était là pour la promotion de notre sport. J’ai cependant été très content de l’attitude des athlètes, notamment sur ce petit tremplin de 66 mètres. Ils avaient un niveau de forme aléatoire parce qu’ils ne réagissent pas tous de la même façon aux charges de travail. Il n’y a pas d’inquiétude pour Laurent [Muhlethaler] qui était un peu en difficulté sur les skis ni d’enthousiasme démesuré pour Antoine [Gérard] qui était en forme. Chacun fait son petit bonhomme de chemin.
- Il y a quelques semaines, le CIO a mis le combiné nordique en sursis pour 2030 : est-ce une vraie inquiétude pour vous ?
Pour l’instant, j’ai eu un petit retour de la FIS après une première réunion avec le CIO. Ce qui en ressort, c’est qu’il serait bien que des nations moins identifiées comme dominatrices, comme nous, les Américains, les Tchèques ou les Italiens, parviennent à pointer plus que de temps en temps le bout de leur nez en haut du classement. Si c’était le cas, cela permettrait de montrer que trois, quatre pays ne se partagent pas les premières places. Ce serait un signal positif d’envoyé aux décideurs.
- Le combiné nordique féminin n’a pas non plus été intégré au programme olympique : c’est une immense déception pour Léna Brocard…
C’est clair que c’est une vraie déception. Cela fait deux ans qu’on entraîne Léna [Brocard] et on voyait vraiment qu’elle progressait ! Après, je pense qu’il y a peut-être encore de la marge de manœuvre concernant les filles pour 2026. Puis, pour ce qui est de la coupe du monde et des Mondiaux, on soutient Léna [Brocard] à fond pour créer une dynamique. Ce qu’on veut, au niveau des filles, c’est arriver à s’aligner sur les épreuves mixtes en coupe du monde. C’est important rien que pour la représentation de la discipline. C’est un vrai chantier de faire monter des filles depuis le comité. On a bon espoir parce que la densité commence à se faire !
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