Combiné nordique : Annika Malacinski raconte sa chute d’Oberstdorf
Le 28 août dernier, la combinée nordique américaine Annika Malacinski a été victime d’une chute effrayante lors du concours de saut à ski de la compétition féminine du Grand Prix d’Oberstdorf (Allemagne). Ce jour-là, c’était pourtant la fête pour les féminines : elles vivaient leur première sur grand tremplin au niveau international.
Malheureusement, donc, cela s’est terminé par une chute et un séjour à l’hôpital pour l’Etasunienne. Pas encore totalement remise près de deux mois plus tard puisqu’elle a dû déclarer forfait, samedi, pour ses championnats nationaux, Annika Malacinski a accepté de faire le récit de cette journée difficile pour Nordic Magazine. Et de raconter son quotidien depuis cet épreuve dans sa quête de retour à la compétition.
Le récit poignant, émouvant et résilient d’Annika Malacinski
« En ce jour historique de la toute première compétition féminine de combiné nordique sur le tremplin de 120 mètres [un HS137, NDLR] d’Oberstdorf, en Allemagne, j’étais prête. La confiance m’habitait alors que je me préparais à marquer une fois de plus ce sport de mon empreinte. C’était une étape importante non seulement pour moi, mais aussi pour toutes les femmes qui ont repoussé les limites du combiné nordique et qui se sont battues pour obtenir la reconnaissance qu’elles méritaient. Cette compétition devait entrer dans les livres d’histoire, et c’est effectivement le cas, mais pas de la manière dont je l’espérais. »
« Alors que je me tenais au sommet du tremplin, prête à faire mon saut, j’ai senti que tout s’alignait. J’avais travaillé avec mon préparateur mental, et ce surcroît de confiance m’avait porté tout au long des jours précédant cette compétition. Le temps était parfait et les conditions idéales. Lorsque j’ai reçu le signal de départ, j’ai ressenti une poussée d’adrénaline, sachant que j’étais sur le point de voler. Mais après à peine 5 mètres de vol, le désastre est arrivé. »
« Mon esprit s’emballait, mais d’une manière ou d’une autre une voix intérieure me disait que j’allais m’en sortir »Annika Malacinski à Nordic Magazine
« Ma chaussure de ski droite a rencontré un problème. L’attache arrière [la fixation] s’est détachée et, en quelques secondes, j’ai complètement perdu le ski. J’ai senti mon équilibre se rompre et j’ai eu l’impression de ne plus avoir le contrôle. J’ai tout de suite su que j’allais m’écraser. Tout s’est ralenti. En regardant mon ski droit s’envoler, je me suis préparée à l’impact, à ce qui était inévitable : une chute à grande vitesse de 10 mètres de haut vers le plastique impitoyable de la piste de réception. »
« À ce moment-là, quelque chose d’instinctif s’est déclenché en moi. Mes entraînements et réflexes de gymnaste sont venus à ma rescousse et j’ai tordu mon corps en l’air pour essayer de me protéger. Au lieu d’atterrir la tête la première ou sur le côté, j’ai réussi à pivoter sur le dos et j’ai glissé sur le synthétique de la piste de réception. La force de l’impact a été écrasante et j’ai eu du mal à reprendre mon souffle. Mon esprit s’emballait, mais d’une manière ou d’une autre une voix intérieure me disait que j’allais m’en sortir. »
« Je suis sortie de l’un des moments les plus effrayants de ma carrière avec seulement un corps meurtri »Annika Malacinski à Nordic Magazine
« L’équipe médicale a réagi rapidement, m’a mis une minerve et m’a emmené dans l’ambulance. À partir de là, les choses se sont accélérées. J’ai été transporté par hélicoptère vers un hôpital voisin pour y subir des examens urgents. Aussi terrifiant que cela ait pu être, j’ai ressenti un étrange sentiment de calme en sachant que je n’avais rien de cassé. Dès que j’ai touché le sol, je me suis sentie endolorie, mais intacte. Après des heures de radiographies et de scanners, les médecins ont confirmé qu’il n’y avait ni fracture, ni lésion interne. Je suis sortie de l’un des moments les plus effrayants de ma carrière avec seulement un corps meurtri. »
« En repensant à cette expérience, je ne peux m’empêcher de ressentir un étrange sentiment de fierté. Oui, c’était terrifiant, mais c’était aussi un moment historique. Je suis parmi les premières femmes à participer à une compétition de combiné nordique sur un grand tremplin – et maintenant, je suis la première femme à tomber dans une telle compétition. Et même si je ne souhaite cela à personne, je suis reconnaissante de pouvoir aujourd’hui regarder en arrière, en rire et l’évoquer avec humour sur mes réseaux sociaux. »
« Je sais que cette chute restera gravée dans ma mémoire, non pas comme un échec, mais comme un témoignage des risques que nous prenons en tant qu’athlètes dans notre quête de l’excellence »Annika Malacinski à Nordic Magazine
« Depuis cette chute terrifiante, j’ai acquis un nouveau niveau de respect pour mon sport, mon corps et la résilience des athlètes qui relèvent des défis comme celui-ci. Cela m’a rappelé la frontière ténue qui sépare le triomphe du désastre dans le saut à ski. Chaque saut est un mélange d’habileté, de précision et, parfois, d’un peu de chance. Bien que cette compétition ne se soit pas terminée comme je l’avais envisagé, je suis heureuse d’être debout, d’en rire et de me préparer pour le prochain saut. »
« Alors que je poursuis ma route vers la coupe du monde et au-delà, je sais que cette chute restera gravée dans ma mémoire, non pas comme un échec, mais comme un témoignage des risques que nous prenons en tant qu’athlètes dans notre quête de l’excellence. Et oui, je continuerai à créer des tendances TikTok et Instagram pour garder ce souvenir vivant ! Je reviendrai. Plus forte, plus sage et encore plus déterminée à voler plus loin, plus vite et plus haut. »
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