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Jérôme Laheurte
Jerome Laheurte (FRA) - Modica/NordicFocus

Combiné nordique

Combiné nordique | Jérôme Laheurte : « Il faudra être à fond partout »

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COMBINÉ NORDIQUE – Alors que la saison de combiné nordique débute ce jeudi par le pocket jump de Ruka (Finlande), Jérôme Laheurte évoque pour Nordic Magazine la forme d’une très jeune l’équipe de France. 

 

Les blessures de Laurent Muhlethaler et d’Emma Tréand, les sélections des jeunes Marco Heinis, Mattéo Baud et Gaël Blondeau pour la coupe du monde de Ruka (Finlande), les débuts chaotiques de la coupe du monde féminine ou l’état de forme global des troupes : les sujets étaient nombreux au moment d’interviewer Jérôme Laheurte, directeur du combiné nordique à la FFS.

Comme à son habitude, il a répondu à toutes les interrogations en fixant un cadre : « C’est important d’attaquer directement dans le vif du sujet, d’être tout de suite présent. » Entretien.

 

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  • Comment s’est déroulé l’été et l’automne des combinés français ?

Globalement, cela s’est bien passé. Les athlètes ont passé la majeure partie de leur temps dans le Jura, sont allés pas mal de fois à Courchevel et ont même pu se rendre en stage à Planica, en Slovénie, et à Oberhof, en Allemagne, où ils ont pu faire du ski dans le tunnel et du saut sur glace comme à Oberstdorf. La seule différence par rapport aux années précédentes, c’est qu’ils auraient dû être en Finlande ou en Norvège pour un stage sur neige avant la saison, ce qu’on a plus ou moins toujours fait ces dernières années.

 

Antoine Gérard, combiné nordique, Lahti

Antoine Gerard (FRA) –  THIBAUT/NordicFocus

 

  • On imagine que c’est le coronavirus qui a empêché ce traditionnel stage ?

Ce n’était effectivement pas possible avec le virus mais, en plus, les conditions d’enneigement sont très mauvaises là-bas. Les tremplins ne sont toujours pas prêts en Scandinavie et ce sera le cas juste avant la coupe du monde. Du coup, nos combinés auront quasiment fait que du ski-roues avant le début de l’hiver, exceptées les trois séances de ski à Bessans et celles disputées dans le tunnel d’Oberhof. On n’avait pas trop le choix mais, ce qui est bien, c’est qu’ils ont pu sauter très régulièrement jusqu’à la veille de prendre l’avion ce mercredi.

 

« J’espère qu’on sera dans le coup sur le tremplin dès Ruka »

 

  • Globalement, le contexte sanitaire, comme pour les sauteurs, n’a donc pas eu d’impact sur l’équipe de France de combiné nordique…

Il y en aura peut-être un sur le ski de fond parce que les Finlandais ou les Norvégiens skient sur des stockages de neige depuis longtemps. On est un peu dans l’inconnu sur cette partie mais l’objectif de travail de l’année était essentiellement basé sur le saut. On a vu que l’équipe de Norvège avait écrasé tout le monde au tremplin l’hiver dernier, que c’était difficile d’exister même si Laurent avait fait une bonne fin de saison. J’espère que ça va payer et qu’on sera dans le coup au tremplin dès Ruka.

 

Ils n’ont pas trop de repères par rapport à l’été mais, lors des stages de Planica et d’Oberstdorf, ils étaient avec des équipes étrangères. En Slovénie, face aux Allemands et Autrichiens, on a vu que Laurent et Antoine étaient vraiment costauds, notamment ce dernier qui a pris la troisième d’un concours de saut proche de Franz-Josef Rehrl, un des meilleurs sauteurs du circuit. Les voyants étaient plutôt au vert mais il faut se méfier de la différence entre les signaux d’été et d’hiver.

L’année dernière, Antoine finit sur le podium du classement des Grands Prix en gagnant une épreuve et en étant pas loin de Riiber lors d’une compétition et, malgré tout, ce n’était pas la même musique l’hiver. Finalement, je pense qu’il faut être lucide et focus à l’approche des compétitions sans imaginer faire des comparaisons avec les autres. Ce travail de préparation mentale était aussi une des lignes directrices de l’été.

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Laurent Muhlethaler, combiné nordique, blessure

Photo : Laurent Muhlethaler

 

  • Laurent Muhlethaler, touché au bras cet automne, ne débutera pas l’hiver ce week-end à Ruka (Finlande) : quelles sont les dernières nouvelles ?

Ça va de mieux en mieux. Sur les imageries, on voit que ça s’est bien recollé mais ce n’est pas encore calcifié. Il était impatient de ressauter mais, avec le corps médical, on a décidé d’attendre encore un peu parce que s’il y a la moindre chute, il reperd deux mois. L’échéance pour lui est dans un mois à Ramsau.

 

« C’est le grain bain pour eux mais ils méritent amplement leur sélection »

 

  • La sélection pour Ruka est vraiment très jeune avec Marco Heinis, Gaël Blondeau et Mattéo Baud pour accompagner Antoine Gérard : le but est-il de leur faire disputer des courses tant que c’est possible ?

Stratégiquement, il y a un peu de cela. On essaye d’envoyer une autre délégation, qui le mérite, aux États-Unis pour des coupes continentales [11, 12 et 13 décembre à Park City, ndlr.] mais on se rend compte qu’en matière de logistique, cela peut s’avérer très compliqué. On ne sait pas si on sera en mesure d’y aller. Mais ils ont aussi vraiment montré de belles choses.

J’étais avec eux il y a deux semaines à Courchevel où ils ont fait des tests : c’est tout simplement Mattéo qui a gagné sur le grand tremplin et Marco sur le petit. En ski, ils sont jeunes mais ils s’accrochent, ils vont apprendre. Ce n’est pas un cadeau, ils montrent un niveau très intéressant. Gaël a aussi sa place : sur un chrono à Prémanon la semaine passée, il fait exactement le même temps qu’Antoine. C’est le grand bain pour eux, mais ils méritent amplement leur sélection.

 

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Antoine Gérard, combiné nordique, Val di Fiemme

Antoine Gerard (FRA) – Volk/NordicFocus

 

  • C’est une surprise ce niveau global plutôt élevé ?

En tant que directeur sportif, je suis très content du boulot que les coachs et les athlètes ont réalisé. Sincèrement, je ne m’attendais pas forcément à avoir un niveau global aussi homogène et avec des jeunes qui rattrapent le niveau d’Antoine ou Laurent assez vite. C’est très intéressant et très positif. Il y a sept-huit athlètes qui sortent bien du lot en ce moment en combiné avec une équipe jeune. On peut envisager des années à venir avec des résultats solides.

 

  • Du côté des féminines, le lancement de la première coupe du monde est chaotique avec le report de Lillehammer (Norvège) et l’annulation d’Otepää (Estonie) : comment gérez-vous cette situation avec Léna Brocard ?

Malheureusement, on est un peu dans l’attente. On a eu vent de passer la coupe du monde féminine sur le petit tremplin de Ramsau, en Autriche, en même temps que les hommes [le week-end du 20 décembre, ndlr.]. Mais on n’a pas encore de confirmation officielle… Il y avait aussi la coupe continentale américaine mais, comme il y a trop peu de nations inscrites, elle a été annulée.

 

« Le but est d’être présents sur chaque compétition où on pourra mettre un dossard sur le dos »

 

  • L’arrivée d’une coupe du monde féminine, aussi réduite soit-elle, doit cependant vous ravir ?

C’est une bonne nouvelle, mais on aimerait qu’il y en ait plus. À la fois, il pourrait ne pas y en avoir du tout, donc c’est déjà une évolution. Il faut prendre ce qui vient et, comme toutes les nouvelles disciplines, cela ne commence pas sur les chapeaux de roue. Il y a aussi le problème des tremplins : elles ne peuvent pas encore sauteur sur les gros, ce qui réduit le champ des possibles. Pour l’instant, on suit le mouvement en oscillant entre la coupe du monde, la coupe continentale et les championnats du monde.

 

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Léna Brocard – Jan Simon Schäfer

 

  • Ces dernières saisons, Emma Tréand accompagnait Léna Brocard sur le circuit mais elle s’est blessée l’hiver dernier : comment va-t-elle ?

Elle s’est effectivement fait les croisés juste avec les championnats du monde juniors en début d’année civile, courant février. En pleine crise sanitaire, elle n’a pas pu se faire opérer avant un long moment, ce qui lui a fait prendre du retard. Maintenant, elle est en rééducation et on verra quand elle pourra revenir avec les skis de saut aux pieds. Mais ça va prendre du temps…

 

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  • Au niveau des objectifs de l’hiver, où les placez-vous ?

Comme toute année de championnats du monde, c’est un objectif ciblé de l’hiver. Depuis un paquet d’années, on a un savoir-faire pour être prêts à ce moment-là. Après, on est tellement dans l’inconnu, même si je pense que ça rentre dans l’ordre et que ça va aller pour les coupes du monde, que le but est d’être présents sur chaque compétition où on pourra mettre un dossard sur le dos. Il faudra être à fond partout mais on n’a pas encore vraiment ciblé d’objectifs précis. C’est important d’attaquer directement dans le vif du sujet, d’être tout de suite présent.

 

À lire aussi :

 

Photos : Nordic Focus, Laurent Muhlethaler et Jan Simon Schäfer.

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