COMBINÉ NORDIQUE – Le combiné jurassien, onzième à Oberstdorf (Allemagne) à la fin du mois de janvier, a réalisé le meilleur hiver de sa carrière en coupe du monde. Pour Nordic Magazine, et en plein confinement, il revient sur une saison pas comme les autres.
À 22 ans, Laurent Muhlethaler a signé l’exercice le plus abouti de sa jeune carrière en coupe du monde de combiné nordique. Même si tout n’a pas été parfait au cours de cette saison 2019/2020, comme il l’explique, il termine 25e mondial, juste devant son coéquipier Antoine Gérard, grâce à de jolies performances réalisées sitôt le Nouvel An passé. Le Jurassien parle également de la relève du combiné français, qu’il invite à être patiente.
- Après un été encourageant marqué par de bons résultats, vous avez connu un début d’hiver compliqué : comment l’expliquez-vous ?
Cela a peut-être été un petit peu compliqué à gérer, pour nous et pour les coachs. On pensait vraiment prendre un bon chemin avec une bonne semaine d’entraînement à Ruka (Finlande) avant la coupe du monde. Puis, on a été surpris… On s’attendait peut-être trop à ce que ce soit facile. Mais cela ne l’est jamais, on ne se dit jamais qu’on va tout casser. Après il y a eu une dizaine de jours où on a beaucoup bossé pour retrouver la confiance. C’était sur le tremplin que je devais faire mieux.
- Le déclic est finalement arrivé de votre onzième place à Oberstdorf (Allemagne) à la fin du mois de janvier…
On n’a pas lâché l’affaire après une première période moyenne. Je ne me suis pas braqué ou énervé. J’étais content aussi de m’entraîner pendant les fêtes et toute la semaine avant Oberstdorf. Là-bas, dès le premier saut, tout allait bien. J’aime ce tremplin et je ne me posais plus de questions. Je pense que reprendre la confiance dès le début de la semaine m’a fait du bien. En réfléchissant beaucoup moins et en ayant vraiment l’envie de faire les choses dans l’ordre, tout s’est bien passé.
« Je me suis amélioré au fur et à mesure de l’hiver »
- Dans la continuité de votre performance allemande vous enchaînez les tops 15 et 20 jusqu’à la fin de la saison…
Ça s’est enchaîné comme ça, sans trop réfléchir. Je lâchais la barre et je savais que ça allait bien se passer. J’étais dans une meilleure dynamique dans la tête et j’avais une meilleure confiance. Sur les skis, je me suis aussi senti de mieux en mieux tout au long de la saison. À partir de janvier, j’étais bien et je savais que j’avais un bon finish. Au Triple de Seefeld (Autriche), quand on arrivait en groupes, j’étais souvent devant. C’est tout un ensemble qui m’a fait prendre la confiance. Je me suis amélioré au fur et à mesure de l’hiver.
- C’était votre meilleure saison en coupe du monde ?
C’était largement ma meilleure saison. Je suis content parce que ça m’ouvre de belles perspectives. Il faut que je capitalise là-dessus pour réattaquer avec ce niveau. En me rapprochant de ce niveau-là tout le temps comme je l’ai fait en fin de saison, derrière je sais que je vais aller faire des coups et commencer à rentrer dans les 10. Bien sûr, il y a le petit remord du début de saison où j’en ai laissé un petit peu. Ce qui a été un petit peu dommage aussi, ce sont les deux annulations à Otepää et Schonach.
- Sur la majorité des étapes, vous étiez deux membres de l’équipe de France de combiné nordique avec Antoine Gérard : comment gérez-vous cela ?
Je dirais que ça s’est bien passé. On aurait aimé être plus mais on s’entend supers biens et on se connaît depuis nos années juniors avec Antoine [Gérard]. J’étais vraiment content d’être avec lui. Je sais qu’avec d’autres personnes dans le passé, ça n’aurait peut-être pas été aussi facile à vivre. On en rigolait tous les deux en disant qu’on était le petit couple toujours ensemble [rires].
« Il faut qu’ils se construisent en coupe continentale »
- Les juniors français sont revenus des Mondiaux d’Oberwiesenthal (Allemagne) avec deux médailles, le bronze en individuel pour Gaël Blondeau et l’argent du par équipes : quel regard portez-vous sur ces belles performances ?
J’étais comme un fou. J’ai regardé toutes les courses. Tout le groupe était à fond derrière eux. J’ai trouvé ça super surtout qu’on en parlait pas forcément. Gaël m’a impressionné tout au long de la saison. Il avait précédemment fait des saisons blanches à cause de ses genoux. Sans mentir, je ne m’attendais pas à ce qu’il réussisse comme cela avec cette médaille et des finishs incroyables. J’avais presque l’impression d’y être. Je suis super content pour eux. Ma copine me disait : »ce que Gaël a fait, tu l’as fait aussi ! ». Mais, quand c’est les autres, je trouve ça plus beau. Ça me presse de travailler avec eux cet été !
- Vont-ils monter en coupe du monde rapidement ?
Je ne sais pas… C’est pas forcément ce que je leur souhaite. Lors de mon début d’expérience en coupe du monde, il y a eu des choses un peu mal gérées. Je ne leur souhaite pas forcément de venir tout de suite en coupe du monde. Il faut qu’ils se construisent en coupe continentale, ça fait du bien. Pour Edgar [Vallet] cette année, ça a vraiment été compliqué pour lui en coupe du monde. Et la suite de son hiver a suivi le même chemin…
- Derrière les médaillés d’Oberwiesenthal, un autre jeune tricolore pousse à la porte : c’est Marco Heinis (16 ans), deux podiums en OPA, onzième des JOJ et dans le top 20 de la dernière coupe continentale de l’hiver à Lahti (Finlande)…
On a fait un ou deux stages ensemble. Je l’aime bien parce qu’il est fougueux. À son âge, j’étais un peu pareil, tout fou. La dernière fois, on était aux Tuffes et on faisait une séance plaisir avec des figures en l’air, en sortant les bras, et cætera. Lui, il suit pas forcément les consignes en en faisant un peu plus que les autres. Il est drôle. Il a bien attaqué la saison en faisant un podium à Seefeld (Autriche) en OPA, c’était déjà très bien pour son âge. Il a eu un petit creux pendant les JOJ. Il sautais bien mais a été un peu malade, ça m’a un peu embêté pour lui. Il m’a dit, du peu que j’en ai parlé avec lui, que c’était tout de même une super expérience. Je sais qu’il va monter en puissance. Il n’est pas en retard et a du feeling en saut. Sur les skis, il a vraiment une belle marge de progression. Il peut vraiment être bon.
Photos : Nordic Focus.