COMBINÉ NORDIQUE – Depuis la mi-décembre, le combiné jurassien Laurent Muhlethaler a retrouvé le circuit de la coupe du monde après un début d’hiver passé à la maison à cause d’une blessure au bras. Avant les compétitions de Klingenthal (Allemagne), il se confie à Nordic Magazine.
Avant de prendre la direction de Klingenthal (Allemagne) ce jeudi, l’équipe de France de combiné nordique, réduite à Laurent Muhlethaler et Gaël Blondeau cette semaine, passe quatre jours de stage à Oberstdorf (Allemagne), sur les lieux des prochains championnats du monde. « C’est vraiment un tremplin que j’adore, où j’ai fais mon meilleur résultat en coupe du monde l’année dernière », explique d’emblée Muhlethaler, meilleur combiné tricolore depuis le début de l’hiver.
Pourtant, le Jurassien avait manqué l’entame de saison à Ruka (Finlande) à cause d’une blessure au bras contractée en fin de préparation à Méribel (Savoie) lors d’une séance de patins.
Revenu à Ramsau (Autriche) mi-décembre, il rayonne depuis sur le tremplin et monte en puissance sur les skis. Entretien avec un combiné prenant du « plaisir ».
- Après votre retour de blessure, vous avez pu enchaîner quatre week-ends de coupe du monde : ça vous a fait plaisir de retrouver le circuit ?
J’ai besoin de l’enchaînement des courses, ça me fait du bien. C’est aussi pour ça qu’on travaille toute l’année. On peut montrer tout ce qu’on vaut et tout donner. Par rapport à ma blessure, je n’ai plus de séquelles, même si j’ai encore, parfois, un léger manque de puissance sur le haut du corps. Mais je compense au fur et à mesure. Tout est rentré dans l’ordre.
- Vous semblez monter en puissance au fil des courses, notamment sur les skis même s’il en manque encore un peu en fin de course : comment l’expliquez-vous ?
C’est un petit peu compliqué parce que les sensations sont meilleures sur les skis mais, en fin de course, quand je commence un petit peu à exploser, je perds beaucoup de temps… Le fait de ne pas avoir eu beaucoup de courses ne m’aide pas mais, au fur et à mesure des compétitions, ça va de mieux en mieux. Je ne m’attends pas à venir faire dans les dix meilleurs temps de ski, mais je sais que je peux mieux finir mes courses que ça.
« Je savais que ça allait scorer à un moment donné »
- Dès votre retour, vous avez performé en saut avant de reculer dans la hiérarchie en ski de fond : comment l’avez-vous vécu ?
Ce n’était pas facile… Mais on est obligé de l’accepter. Je revenais, je devais être patient. En plus, les deux premières compétitions ont eu lieu sur un petit tremplin [à Ramsau, ndlr.] où ça ne fait pas beaucoup d’écarts. Je ne me suis pas non plus trop affolé en restant serein sur mon niveau de saut et, avec ça, je savais que ça allait scorer à un moment donné.
- Lors du Triple de Seefeld, le week-end dernier, vous êtes justement parvenu à scorer avec trois grosses compétitions de suite…
Ça fait du bien de retourner jouer dans les vingt et même dans les quinze, à la limite des dix. Ça fait plaisir après quelques mois de doutes. C’est plaisant. À l’approche des Mondiaux, je sais que je suis montant avec une belle régularité en saut. Il y a encore une belle coupe du monde ce week-end à Klingenthal, sur un tremplin que j’aime bien avec du vent : il y aura des opportunités à saisir.
- Le but, à Klingenthal, sera-t-il d’emmagasiner encore de la confiance en vue des championnats du monde ?
C’est ça. Il faudra garder ce niveau de confiance en saut. Il ne faut plus avoir de complexes. J’ai gagné un saut à Seefeld la semaine dernière ! Je sais que je ne vais pas le faire à chaque fois jusqu’à la fin de l’hiver, mais je veux toujours être à la bataille devant au tremplin. Après, sur les skis, il faudra être un peu mieux sur les fins de courses. J’ai vraiment envie d’aller jouer mon premier top 10 dès ce week-end. C’est possible, j’y crois, j’ai envie. C’est dans ma tête.
« Prendre du plaisir m’a aidé à revenir meilleur »
- En saut, comme vous l’avez dit, votre niveau est très bon en ce moment avec, notamment, cette première place dimanche à Seefeld : est-ce une surprise pour vous ?
C’est plutôt une bonne surprise parce que je n’avais pas sauté pendant deux mois à l’automne à cause de ma blessure. Début décembre, tout était redevenu beaucoup plus simple. Prendre du plaisir m’a aidé à revenir meilleur.
- Votre blessure, justement, vous a-t-elle permis d’aborder les concours de manière plus relâchée, une notion importante en saut à ski ?
Je suis peut-être plus relâché, mais je prends surtout plus de plaisir. Quand je me suis blessé, je sortais de quelques mois compliqués lors desquels j’étais fatigué, sans avoir le temps de faire autre chose que m’entraîner. J’ai eu parfois du mal à le vivre, j’étais toujours dans la souffrance. Revenir, après cette blessure qui a finalement été un bien pour moi, en me faisant tout le temps plaisir me donne de la liberté, de la légèreté.
- Antoine Gérard a dû rentrer en France passer des examens pour trouver des réponses à sa méforme : comment le vivez-vous ?
J’étais déçu pour lui… Son niveau de ski n’est pas bon pour ce qu’il fait d’habitude mais, en plus, il aurait adoré Klingenthal parce qu’il reprend du poil de la bête en saut. Il aurait eu les moyens de se faire plaisir et de faire une belle compétition. Ça faisait un peu mal au cœur de le voir partir comme ça, mais si ça paye pour la suite et les Mondiaux, ce n’est que partie remise.
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Photos : Nordic Focus.