Cet hiver, le combiné jurassien Mattéo Baud, 18 ans, a réalisé la meilleure saison de sa jeune carrière. Cassant les barrières les unes après les autres, il est entré dans le top 15 en coupe du monde à l’occasion des finales de Klingenthal (Allemagne). Également médaillé d’argent lors des championnats du monde juniors, Mattéo Baud a participé aux Mondiaux seniors d’Oberstdorf (Allemagne).
Quelques heures après avoir mis un terme à sa saison à l’occasion des championnats de France de Courchevel (Savoie), il se confie à Nordic Magazine sur un hiver pas comme les autres. Entretien.
- Vous avez été élu Rookie of the Year par un jury international dont Nordic Magazine représente la France : ce trophée honorifique est-il important pour vous ?
Pour moi, ça a de la valeur. Ça confirme ce que je ressens, c’est-à-dire que je suis montant et qu’il y a de l’avenir pour moi. C’est intéressant et bon à prendre même si ce trophée ne m’apporte rien dans l’immédiat. C’est quand même une fierté parce qu’il y a plein de jeunes qui ont été bons cette saison. Cela va me mettre en confiance pour la suite, il faudra le garder en tête.
- Vous venez de terminer la meilleure saison de votre carrière : quel regard portez-vous sur votre hiver ?
Quand je regarde ma saison, je suis d’abord très étonné, puis très content. J’avais attaqué en étant conscient de mon niveau après une préparation estivale où je bataillais toujours avec les grands [sous entendu Antoine Gérard et Laurent Muhlethaler, plus âgés, ndlr.] sur les tremplins et les skis. J’avais confiance en mon niveau mais je ne savais pas ce que ça allait donner. Ce qui a fait que ça a bien fonctionné, c’est que je ne me suis pas projeté en faisant les choses dans l’ordre. J’ai pris du plaisir au fur et à mesure, et ça fait une saison dingue ! Je suis fier de tout cela.
« Je savais que si je m’entraînais à fond, il n’y avait pas de raison que ça ne fonctionne pas »Mattéo Baud à Nordic Magazine
- Il y a une véritable émulation en équipe de France entre vous, Laurent Muhlethaler et Antoine Gérard, bien que gêné cet hiver par des soucis physiques…
Ce qui est vraiment bien, c’est qu’avec Antoine et Laurent, on s’est tirés la bourre tout l’été et, au final, ça fait de vrais concours de saut. À Lahti, on part trois dans les treize, à Seefeld, on est toujours dans le coup. Cette petite rivalité permet de se tirer vers le haut.
- Début mars 2020, avant la pandémie de coronavirus, vous aviez terminé huitième des Mondiaux juniors d’Oberwiesenthal (Allemagne) et médaillé mondial par équipes : imaginiez-vous en être là treize mois plus tard ?
Je ne regarde jamais à très long terme. J’essaye de faire les choses dans l’ordre sans trop me projeter dans l’avenir mais je savais que j’avais le potentiel parce que j’avais remporté le saut du par équipes à Oberwiesenthal. Je savais que si je m’entraînais à fond, il n’y avait pas de raison que ça ne fonctionne pas.
« Ce qui a fait ma force de la fin de saison, c’est qu’après avoir passé chaque palier, je regardais directement au-dessus »Mattéo Baud à Nordic Magazine
- Cet hiver, vous avez passé les paliers les uns après les autres avec un top 30 fin janvier à Lahti (Finlande), un gros Triple de Seefeld (Autriche), l’argent aux Mondiaux juniors, vos premiers championnats du monde seniors à Oberstdorf (Allemagne) puis votre premier top 15 à Klingenthal (Allemagne) lors des finales : comment l’avez-vous géré ?
Au début de saison, l’objectif était vraiment de marquer des points en faisant un gros concours de saut à ski. C’est exactement ce qu’il s’est passé à Lahti où, dès le début, j’étais très bien sur le tremplin. Je pars treizième et recule 27e, ce qui me permet de marquer mes premiers points. Ça m’a débridé et je suis arrivé à Seefeld pour faire mieux. Ce qui a fait ma force de la fin de saison, c’est qu’après avoir passé chaque palier, je regardais directement au-dessus. Je voulais tout rafler.
- Après votre titre de vice-champion du monde juniors, vous avez enchaîné avec les Mondiaux d’Oberstdorf (Allemagne) où vous disputez les quatre courses, signant votre premier top 20 en carrière : c’était une expérience extraordinaire…
J’allais là-bas pour prendre de l’expérience. À aucun moment, je ne me suis fixé d’objectifs chiffrés. Je voulais profiter du moment et, après ma médaille individuelle des Mondiaux juniors, j’avais beaucoup de confiance. Je savais qu’en faisant de bons sauts, ça allait jouer et c’est exactement ce que j’ai fait. Ce qui est bien, pour la partie tremplin, c’est que je me suis libéré au bon moment même s’il y avait beaucoup de pression.
« J’ai pris énormément de plaisir lors de cette dernière course, c’était le meilleur moment de ma saison. Ça m’a prouvé que je pouvais regarder devant sans se mettre de limites »Mattéo Baud à Nordic Magazine
- Et vous terminez votre saison par un premier top 15 en coupe du monde lors des finales : était-ce une barrière importante à casser ?
J’étais top 10 tout le long de la course mais je n’ai pas tenu en fin de dernier tour… C’était une poursuite où il y avait vraiment du monde autour de moi, dont Frenzel, Herola, Geiger et Watabe, et j’ai fait un très bon ski de fond. J’ai pris énormément de plaisir lors de cette dernière course, c’était le meilleur moment de ma saison. Ça m’a prouvé que je pouvais regarder devant sans se mettre de limites.
- Si on dit que le saut est votre force et le fond votre faiblesse, êtes-vous d’accord ?
Complètement ! Ma stratégie est simple : tout mettre sur le saut et le fond viendra. Le niveau de saut est tellement élevé en coupe du monde que pour jouer dans les cinq, il faut partir dans les trois premiers. Mon seul objectif pour les années futures, c’est d’essayer d’élever encore mon niveau de saut pour se rapprocher de gagner des concours. Tout est beaucoup plus simple ensuite, tout va plus vite.
- Même si vous ne vous projetez pas trop dans le futur, l’hiver prochain, les Jeux olympiques seront la carotte à aller chercher…
Ça ne va pas changer ma préparation, mais je vais faire de mon mieux tout l’été et tout l’hiver. Les Jeux olympiques, c’est un événement auquel j’aimerais participer, mais surtout performer. Il n’y a pas de raison que ça ne le fasse pas.
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