CORONAVIRUS | BIATHLON – Depuis le 16 mars, Clément Jacquelin, créateur de l’entreprise Athletics 3D spécialisée dans la fabrication de pièces ergonomiques pour les carabines de biathlon, s’est mis à produire des solutions 3D pour sauver des vies.
Dans la famille Jacquelin, on connaissait déjà le petit frère Emilien, double champion du monde de biathlon en février dernier en Italie. Depuis quelques semaines, son grand frère Clément (30 ans) se fait connaître en fabriquant des masques 3D à Corrençon-en-Vercors, dans l’Isère. Malheureusement, malgré l’enthousiasme de l’hôpital de Grenoble, il ne peut pas les distribuer au personnel hospitalier. « La première des démarches, c’était direction l’hôpital. Ensuite, il y a eu pas mal de réglementations qui sont sorties et, pour les hôpitaux, il faut des certifications et des homologations. On bute là-dessus depuis un petit moment… », explique-t-il à Nordic Magazine.
Si les autorités françaises sont réticentes à homologuer ses masques, la Pologne est allée plus vite en besogne. Le ministère des Affaires trangères a validé le masque NanoHack, notamment produit dans les locaux d’Athletics 3D, dans le cadre de ses missions diplomatiques. Une victoire historique qui enchante Clément : « C’est un truc de dingue, une première mondiale ! Jamais un État n’a validé une solution 3D dans le domaine sanitaire. C’est dommage de passer par l’étranger pour faire bouger les choses. Si en France, un pays où tout est toujours très lent et où il y a beaucoup de freins, on arrivait à faire de même, ce serait une grande avancée. Une très grande avancée… »
« On a fabriqué plus de 300 000 visières en quatre semaines »
« Psychologiquement, ça va apporter des changements, une nouvelle vision sur les apports que peuvent avoir les technologies 3D. Nous en étions conscients mais les pouvoirs publics avaient peu de connaissances sur les possibilités que l’on pouvait offrir dans ces moments-là », éclaire Clément Jacquelin. Outre les masques 3D, des visières et des poignées permettant d’ouvrir des portes avec le coude sont produits quotidiennement par un réseau de plus de 2200 imprimeurs 3D.
Une communauté créée par l’ancien champion du monde jeunes de biathlon. « Ils ont tous a minima une imprimante : on est donc capables de sortir environ cinq visières par machines et par jour, soit plus de 300 000 sur les quatre premières semaines, chiffre officiel. En s’associant avec La Fabrique du Ski, on a sorti 1 200 des coques spécifiques hybrides. En 100% 3D, on fabrique environ 10 masques par jour mais, dans toute la communauté, ça fait plus de 4 000 masques, compte le frère d’Emilien. C’est vraiment pas mal du tout ! On a montré qu’on était une grande famille capable de se mobiliser très vite face à un besoin prononcé. »
« Tout ce mouvement est né en France ! »
Une grande famille née à partir d’un tweet posté par la Commission européenne et repéré par Clément Jacquelin le 16 mars : « Ils cherchaient des imprimeurs 3D en capacité de produire des valves d’aspirateurs et des masques 3D. On a répondu directement et on a mis en production le jour même », se remémore, enthousiaste, l’Isérois. Ensuite, une plate-forme de financement participatif a été mis en place sous le nom de « Des masques 3D pour des vies ! » Plus de 21 500 euros ont été récoltés. « Vincent Favre, amateur de ski de fond et amoureux de la nature, nous a beaucoup aidé là-dedans », remercie l’ingénieur de 30 ans.
Depuis six semaines, Clément Jacquelin vit à 100 à l’heure. Tout cela pour permettre à la France de ne pas manquer le train de la 3D. Ses homologues polonais peuvent d’ores et déjà livrer leurs masques 3D réutilisables et autonettoyants à filtres aux personnels hospitaliers. « D’un point de vue légal, ils sont en capacité de répondre à leurs besoins, explique-t-il encore avec l’envie d’avoir le même cadre réglementaire dans l’Hexagone. Mais on avance. Tout ce mouvement qui consiste à s’organiser pour aider son prochain est né en France ! »
Il ne délaisse pas le biathlon
L’ancien biathlète est aujourd’hui focalisé à 100% sur les masques 3D et son objectif de sauver des vies. Mais lorsqu’on le questionne sur le sujet du biathlon, l’activité première d’Atletics 3D, spontanément, il nous raconte une anecdote sur le début de ses activités dans le monde du biathlon. Quand a commencé à produire des pièces ergonomiques en 3D pour les carabines, « ça a été compliqué. Et puis, Ole Einar Bjoerndalen a dit que les pièces ergonomiques étaient vraiment tops et tout s’est ouvert d’un coup. Passer par l’étranger a permis une ouverture d’esprit sur l’apport de la 3D dans le biathlon. Les freins se sont levés les uns après les autres. » Bis repetita avec la Pologne sur les masques 3D ?
Un pool de partenaires
Si Clément Jacquelin a réussi à développer le secteur des masques 3D pendant le confinement, c’est aussi grâce à ses partenaires. D’abord, Zortrax, fabricant polonais d’imprimantes 3D grâce auquel la validation tant attendue est arrivée. « Je remercie également la MGEN qui a offert une tonne de matière 3D pour, au total, 1 000 imprimeurs ainsi que les frais d’expédition. Ils ont été les premiers à venir en aide à cette action citoyenne. » Depuis, Capgemini, pour la réalisation du site 3dchampions.org actuellement traduit en anglais et poussé à l’international, Schneider Electric pour des conseils sur la conception 3D et Atome3D sur l’impression 3D sont venus s’ajouter. Comme EDF qui a mis deux machines à disposition. Enfin, Augustin, benjamin de la fratrie Jacquelin, a réalisé les premières cartographies des acteurs du réseau 3D Champions mis en place par Clément.
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Photos : Clément Jacquelin.
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1 Commentaire(s)
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Jacquelin
10/05/2020 à 11 h 06 min
Bonjour et merci beaucoup !
Je suis actuellement à 100% focalisé sur sauver des vies. Pas de décision actuellement sur les dynamiques Biathlon et 3dchampions.org. Officialisation à venir