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14 médailles d’or : le résumé
Aux Jeux olympiques de Pyeongchang, la Norvège a égalé le record du Canada qui avait remporté 14 titres olympiques lors des Jeux de Vancouver en 2010. Petit résumé sur les 14 médailles d’or remportées par la meilleure nation en Corée.
- 11 février
C’est Simen Hegstad Krüger qui ramène le tout premier titre lors de la deuxième journée des Jeux en remportant le skiathlon après être tombé au départ.
- 12 février
Dès le lendemain, Maren Lundby, grande favorite du saut féminin, confirme et empoche la deuxième breloque en or norvégienne.
- 13 février
A 21 ans, le 13 février, Johannes Høsflot Klæbo confirme lui aussi en remportant le sprint du fond. Il devient le plus jeune titré olympique de sa discipline.
15 février
Il faut attendre deux jours de plus pour que la Norvège débloque de nouveau son compteur grâce aux performances du skieur alpin Aksel Lund Svindal et de la fondeuse Ragnhild Haga, vainqueure du 10km.
Le même jour, Johannes Thingnes Bø débloque lui aussi son compteur en remportant l’or de l’individuel malgré deux minutes de pénalité.
- 17 février
Le 17 février, deux jours plus tard, le relais féminin du fond composé de Marit Bjørgen, Ragnhild Haga, Ingvild Flugstad Øsberg et Astrid Jacobsen empoche à son tour l’or.
- 18 février
Dès le lendemain, elles sont suivies par leurs homologues masculins Martin Johnsrud Sundby, Johannes Høsflot Klæbo, Didrik Tønseth et Simen Hegstad Krüger. Øysten Bråthen remporte lui aussi la compétition en slopestyle.
- 19 février
Le 19 février, c’est au tour de l’équipe de saut de faire ses preuves. Le quatuor Daniel Andre Tande, Johann Andre Forfang, Andreas Stjernen et Robert Johansson met en déroute les Allemands et les Polonais. En patinage de vitesse, sur le 500 m, Håvard Holmefjord Lorentzen est lui aussi vainqueur.
- 21 février
Après un petit passage à vide de deux jours, Johannes Høsflot Klæbo réitère en remportant le team sprint avec Martin Johnsrud Sundby. Le patinage de vitesse remporte le même jour le par équipe masculin.
- 25 février
Pour clôturer cette magnifique moisson, Marit Bjørgen prend la médaille d’or lors du dernier jour des Jeux olympiques sur le 30km de fond.
Que faut-il donc en déduire ? La Norvège est l’une des nations les plus régulièrement en haut du podium. Lors de la quinzaine olympique, les représentants scandinaves ne sont descendus de la première marche du podium qu’au cours de 6 journées.
La Reine Marit
En remportant une 8e médaille d’or sur le 30km des Jeux olympiques, Marit Bjørgen est définitivement rentrée dans la légende du sport.
A 37 ans, la Norvégienne ne sait pas encore si elle prendra sa retraite ou ira aux mondiaux de Seefeld en février prochain mais une chose est sûre : dimanche, elle a dit au revoir aux Jeux de la plus belle des manières. Et si les médias l’encensent, ils ne sont pas les seuls comme le prouve l’article de Dagbladet. Le journal norvégien a en effet interviewé certaines des plus grandes fondeuses actuelles. Réactions.
« Bjørgen est si forte, elle est incroyable », commence Justyna Kowalczyk. La Polonaise n’a pourtant pas toujours eu que des mots doux pour décrire son adversaire. Mais aujourd’hui, elle salue seulement l’athlète hors-norme qu’est la Reine Marit.
« C’est la meilleure fondeuse du monde, ajoute Aino-Kaisa Saarinen. La plus grande de l’histoire. » La Finlandaise, à 39 ans, a décidé d’arrêter sa carrière. Elle connaît donc bien les sacrifices que doit faire Bjørgen à son âge pour rester au plus haut niveau. « Elle est restée au top si longtemps, malgré les épreuves et qu’elle soit encore là à 37 ans, c’est incroyable. Je sais à quel point c’est dur lorsqu’on s’approche de la quarantaine, la Norvège l’a beaucoup aidée mais elle est surtout incroyable », termine Saarinen.
Sa coéquipière, Kerttu Niskanen, est du même avis : « elle impressionne tout le monde, tout ce qu’on a à faire c’est applaudir », dit-elle.
La Suédoise Charlotte Kalla, grande adversaire de la Norvégienne pendant ces Jeux, déclare quant à elle : « elle a dominé pendant tant d’années, c’est impressionnant qu’elle continue de progresser. »
« C’est la reine de notre sport, j’espère être comme elle un jour », se contente de répondre l’Américaine Sadie Bjornsen lorsqu’elle est interrogée par Dagbladet.
« C’est vrai qu’on peut seulement dire qu’elle est incroyable », poursuit la Russe Yulia Belorukova, appuyée par sa compatriote Natalia Nepryaeva.
Pour Krista Parmakoski, cela va plus loin encore : « elle a toujours été mon modèle, depuis que je suis toute petite alors finir juste derrière elle sur le 30 km, c’est un rêve. C’est un honneur d’être en compétition avec elle. »
Et Kikkan Randall d’ajouter : « c’est aussi un modèle humain, elle est toujours prête à donner des conseils, elle est serviable et vraiment gentille. » « C’est vrai que depuis le début, elle n’a pas changé, elle est restée la même », affirme Aino-Kaisa Saarinen.
D’ailleurs, pour Marit Bjørgen, rien n’a vraiment changé : « pour moi, je ne suis pas une championne, je n’ai pas 15 médailles olympiques. Je reste la petite Marit de Rognes », conclut l’intéressée.
Bjørndalen aux anges
Au cours d’un relais étonnant, Darya Domracheva a achevé l’œuvre de ses coéquipières et offert la médaille d’or à la Biélorussie. Ole Einar Bjørndalen, déjà particulièrement content et fier de sa femme lorsqu’elle avait pris la médaille d’argent de la mass start, était encore une fois ravi de la performance de Domracheva.
« Je crois que c’est le plus grand accomplissement de la Biélorussie en biathlon, déclare le biathlète à Dagbladet. Je crois n’avoir jamais vu une course comme ça, c’était très excitant. » En appui à l’équipe biélorusse lors des Jeux, Bjørndalen refuse tout de même de s’accorder un quelconque mérite pour ce titre. « Nous nous soutenons juste mutuellement avec Darya et je suis simplement heureux pour elle », affirme le Norvégien.
De son côté, le tableau est un peu plus sombre. Non-sélectionné aux Jeux par la Norvège, il n’a pas encore repris contact avec l’équipe, espérant juste qu’il pourra participer à une nouvelle étape de coupe du monde avant la fin de saison. « Je m’entraîne pour ça mais on ne m’a encore rien dit à ce sujet », confie Bjørndalen.
« Nous en parlerons après les Jeux, a répondu Odd-Bjørn Hjelmeset, directeur du biathlon norvégien. La seule chose sûre pour le moment est que nous emmènerons l’équipe olympique à Kontiolahti. En tous cas, la porte n’est jamais fermée à Ole pour les étapes d’Oslo et de Tyumen. »
Jacobsen sans place au CIO
Astrid Jacobsen le savait bien : une des deux places pour le CIO se jouerait entre elle et la fondeuse américaine Kikkan Randall. Représentant le même sport, elles n’avaient aucune chance de prendre toutes deux une place de membre au conseil olympique.
Jeudi dernier, la Norvégienne a appris qu’elle avait malheureusement perdu face à son adversaire américaine. « Je suis déçue, reconnaît l’athlète au micro de la NRK. Mais quand j’ai su que j’allais l’affronter pour cette élection, je savais bien que j’avais de grandes chances de perdre face à elle. Il est vrai aussi qu’avoir deux candidats du même sport n’aide pas mais on ne sait pas avant de postuler qui se présente aussi. »
En interview avec TV2, Jacobsen a reconnu ne pas vraiment avoir fait « campagne ». En revanche, elle a axé sa candidature sur l’éthique, le futur du CIO et la façon dont il est et doit être perçu à l’international. Insuffisant pour lui donner plus de voix.
Kikkan Randall était précédemment représentante des athlètes à la FIS. Forte de cette expérience, elle compte bien peser au CIO. « Elle a fait un très bon travail, elle est très compétente et elle a fait en sorte que les représentants d’athlètes aient un poids à la FIS. »
La fondeuse américaine, qui a appris son élection le même jour qu’elle a obtenu l’or olympique sur le team sprint, compte bien se servir de son expérience en sa faveur : « je compte agir comme je l’ai fait auparavant à la FIS, porter la voix des athlètes au CIO et en même temps, les aider à comprendre ce que les grandes instances veulent », explique-t-elle.
Sur un total de 2919 athlètes participant aux épreuves olympiques, 2448 ont voté : 1045 votes en faveur de la joueuse de hockey finlandaise Emma Terho et 831 pour Kikkan Randall. Elles sont élues pour un mandat de 8 ans. Quant à Astrid Jacobsen, elle n’exclut pas de se représenter au terme de ces 8 ans et, entre temps, de prendre des responsabilités au sein de la fédération norvégienne.
Johaug aux Jeux
Ecartée du circuit mondial depuis maintenant près de 16 mois, la suspension de Therese Johaug va enfin être levée dans les semaines à venir, le 17 avril. Elle peut même d’ores et déjà reprendre les entraînements en équipe nationale. Mais si elle est heureuse de voir le bout du tunnel, la fondeuse a un regret : ne pas avoir pu participer aux Jeux qu’elle a suivi de loin depuis les Alpes autrichiennes où elle est allée repérer le site des prochains mondiaux.
Même si elle n’a pas oublié de féliciter ses coéquipières et amies pour l’or du relais et sa grande copine Marit Bjørgen pour l’or sur le 30 km, la pilule est dure à avaler pour celle qui, depuis quatre ans, s’était préparée sans relâche pour aller chercher des titres olympiques qui manquent à son palmarès. « Nous veillerons à ce que ça ne reste pas comme ça, assure le directeur du fond norvégien Vidar Løfshus. Nous ferons attention à ce qu’elle ait les médailles qu’elle mérite. Je pense que ses adversaires en auront un avant-goût dès l’hiver prochain. »
Soutenant les positions de la FIS sur la lutte anti-dopage, le directeur sportif n’en est pas moins déçu du traitement de l’affaire Johaug : « c’est une honte qu’il l’ait exclue des Jeux olympiques, j’espère qu’ils s’en rendent compte et j’espère qu’ils réalisent que malgré cela, nous avons été les meilleurs », continue-t-il.
Marit Bjørgen est elle aussi en profond désaccord avec la décision de la FIS de faire appel auprès du Tribunal Arbitral des Sports, ce qui a engendré les 18 mois de suspension pour Johaug. « Je sais combien c’est dur pour elle de ne pas être là et franchement, on avait besoin d’elle ici, dit la désormais octuple championne olympique. Heureusement, elle a quand même été là pour moi et c’est en partie grâce à elle que j’ai remporté le 30km. Je l’ai eu au téléphone la veille et ça m’a fait beaucoup de bien, elle m’a conseillée et elle fait partie de cette médaille d’or, elle y a grandement contribué. »
Si Bjørgen devait continuer un an de plus, si elle trouvait la motivation nécessaire, ce serait d’ailleurs entre autre pour aller aux mondiaux de Seefeld avec sa grande amie Therese Johaug. Les spectateurs pourraient bien alors assister à un duel d’anthologie car Johaug a promis de revenir à son meilleur niveau…
Villages de champions ?
Au cours des Jeux olympiques, le journal Dagbladet a mené une étude intéressante qui révèle que contrairement à ce que l’on pourrait penser en voyant par exemple le relais masculin victorieux en fond, les meilleurs athlètes norvégiens du ski et des sports de glace viennent de petits villages, pas de grandes villes comme Trondheim, Tromsø, Stavanger, Bergen ou Oslo. Par exemple, Therese Johaug, Maren Lundby, Ragnhild Haga, Marit Bjørgen, Ole Einar Bjørndalen et Petter Northug Jr. viennent tous de villages bordant ou non les grandes villes. En fait, au cours des quatre dernières olympiades, plus de 50% des médailles venaient de ces petits villages norvégiens.
Comment est-ce possible ? Grâce aux nombreux ski-clubs à travers tout le pays. L’ouverture de ces clubs à tous, la recherche de l’amusement avant celle du prochain grand talent national, la plus grande proximité avec la nature font que les athlètes venant de ces petits clubs ont plus de chance de ramener des médailles olympiques que leurs homologues des grandes villes.
Recommandation du journal norvégien : si vous voulez devenir athlète de haut niveau ou que vos enfants le soient, cela vaut peut-être la peine de déménager dans l’un de ces petits villages.
Un dernier rire ?
Les Jeux olympiques sont finis mais vous avez aimé les différents épisodes du Korean Rammshow proposé par la NRK ? Ne vous en faites pas, on vous en gardé un épisode bien au chaud. Pour cette dernière, qui de Daniel Andre Tande ou Kenneth Gangnes l’emportera ?
Et bonus : Nicolay Ramm vous offre un dernier numéro de Vinter-LOL avec au programme un best-of des meilleurs moments des Jeux… Vus par l’humoriste. Imitations, chanson, défi cuisine et les backstages des meilleures parodies des deux semaines olympiques.