JEUX OLYMPIQUES – Nouveau : durant la quinzaine olympique de Pyeongchang, Nordic Magazine vous propose un rendez-vous quotidien, Vu de Norge spécial JO. Ou quand les Jeux sont vus et décryptés par les médias norvégiens.
Journée médaillée et journée animée pour les Norvégiens qui regagnent le sommet du tableau des médailles avec 9 titres olympiques, 9 médailles d’argent et 8 de bronze pour un total de 26 breloques !
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Retour sur… l’or de Lundby
Très attendue après n’avoir jamais été plus loin qu’à la deuxième place tout au long de la saison, Maren Lundby prenait l’or avec méthode et talent lors du concours féminin de saut à ski. Retour sur un chemin olympique fait de hauts et de bas.
« J’accomplis enfin mon rêve mais, très franchement, je pensais que ça arriverait avant », déclare la Norvégienne après son sacre.
A 14 ans, en 2009, la jeune athlète rejoint la coupe du monde à Liberec un an après avoir rejoint l’équipe nationale. Elle fait alors partie des grands espoirs de la discipline. « Ça n’a pas toujours été facile, confie Lundby. Mais j’ai appris que si on ne s’est jamais retrouvé au plus bas, on ne profite pas autant de cette récompense. »
Il aura fallu presque 10 ans à la sauteuse pour concrétiser, donnant à cette médaille et toute sa saison une saveur particulière. « Elle est enfin récompensée pour toutes ses années de travail », affirme Johan Remen Evensen. « Il y a toujours eu quelque chose de spécial en elle », ajoute son coach Christian Meyer. Clas Brede Bråthen, chef des équipes de saut norvégiennes, la voit même comme un modèle pour les futures générations.
Son ancienne coéquipière, Anette Sagen, qui s’est longtemps battu pour que les filles aient les mêmes droits que les hommes en saut, est elle aussi ravie du résultat de Lundby : « je n’ai même pas de mots pour décrire ce que Maren a fait et pourtant, ça ne m’arrive pas souvent », avoue-t-elle à la NRK. La jeune femme a déjà fait beaucoup pour le saut mais elle veut plus : « j’aimerais voir Maren sauter sur le grand tremplin un jour, la bataille n’est pas finie, affirme-t-elle. Peut-être que dans 4 ans, ce sera le cas… »
En attendant d’arriver en Chine, Lundby est déjà devenue un sujet de discussion entre le Japon et la Norvège. En effet, avant de se rendre à Pyeongchang, la chef de l’Etat norvégien, Erna Solberg, a fait un arrêt diplomatique au pays du soleil levant pour y rencontrer son homologue Shinzo Abe. « Tout le Japon, même le premier ministre, a été impressionné par la sauteuse », déclare Solberg à la NRK. « C’est agréable de savoir ça, a réagi l’intéressée. C’est aussi génial de savoir que le saut féminin a une place privilégiée au Japon. »
Bjørn Einar Rømoren, ancien sauteur norvégien, affirme quant à lui que c’est bon en général pour tout le sport, permettant à beaucoup de jeunes filles de découvrir le saut à travers Lundby et sa fabuleuse médaille d’or.
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L’or après 16 ans de malédiction
Les Français ont impressionné et les Norvégiens ont confirmé. Favoris sur le relais olympique, les quatre hommes de Tor Arne Hetland ont fait le travail, tour à tour, et ont enfin récupéré l’or du relais olympique après 16 ans de disette.
Une gestion de course parfaite pour Krüger et Klæbo aura signé leur victoire face aux athlètes olympiques de Russie et à la France. « Tactiquement, c’était formidable », analyse Fredrik Aukland, expert NRK. « Johannes a très bien skié et très bien joué aujourd’hui », commente son grand-père Kåre Høsflot.
Pourtant, Didrik Tønseth ne lançait pas le relais de la meilleure des manières. « Oui, je suis déçu, dira-t-il ensuite. Je n’ai pas réussi à tenir la cadence. Je pensais être en forme mais comme je n’avais pas participé à une seule course avant, je n’imaginais pas que la piste était si difficile. »
Sundby devait alors faire l’effort de recoller le groupe de tête dès le début de ses 10km. Resté en queue de peloton, il passe le témoin à Krüger, bien placé avec la France et l’Italie pour revenir sur Tsjervotkin. « En tête de course, c’était complètement fou, avoue Sundby juste après son relais. Je suis bien content d’avoir Simen dans l’équipe maintenant. Il faut aussi ajouter que nous avons une équipe fantastique et vraiment solide, très dense alors c’est génial de faire partie du relais. »
« Nous avons eu beaucoup de chance aujourd’hui, déclare Krüger, 3e relayeur. J’étais très nerveux et c’est vraiment une course spéciale. » Emmené par Clément Parisse, le Norvégien a pu jouer sa course intelligemment, remontant peu à peu sur la tête avant de distancer l’athlète olympique russe pour lancer le dernier norvégien avec 17 secondes d’avance et comme seul adversaire la France. « Je ne pouvais pas demander un meilleur départ », confirme Klæbo.
Celui-ci se laissera pourtant reprendre par Spitsov avant de le déposer sur les derniers kilomètres pour aller prendre l’or et faire flotter le drapeau scandinave au vent. « Le plan était de partir en tête dans la dernière montée mais j’ai pris 20 mètres d’avance à un moment alors j’en ai profité et après, tout s’est déroulé parfaitement », dit quant à lui Johannes Høsflot Klæbo.
Très en forme sur les skis, rien ni personne n’a résisté au fondeur, désormais plus jeune double champion olympique de la discipline.
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Svendsen sauve l’honneur
Au deuxième tir couché, Johannes Thingnes Bø passe à côté de sa course avec trois fautes. Tour à tour, Erlend Bjøntegaard et Tarjei Bø sont eux aussi éliminés de la course à la médaille. A la sortie du dernier tir, il ne reste qu’Emil Hegle Svendsen face aux Allemands Lesser et Doll pour monter sur le podium. Impressionnant sur les skis, le Norvégien l’emporte sur le sprint final et prend le bronze, sa première médaille lors de cette campagne olympique coréenne. « Après mes premières courses, je ne pensais pas être capable de prendre une médaille cette année, confie Svendsen à la NRK. Mais j’ai fait une bonne course alors sur le dernier tour, j’ai repensé à la façon dont Bjørgen a battu Nilsson et j’ai tenté de l’imiter. »
Mais tout n’a pas été facile. « C’est incroyable que j’y arrive enfin car je n’étais pas dans ma meilleure forme et j’étais vraiment assailli par le doute », raconte le biathlète. « C’était fou ! On aurait cru revoir l’ancien Emil », s’extasie quant à lui Per Arne Botnan, directeur du biathlon norvégien. Même Martin Fourcade y va de son petit mot pour les journalistes norvégiens : « je sais que ça a été très dur pour lui d’être loin des sommets ces dernières années, dit-il. Mais je suis très content, j’ai dit à Emil que je ne pouvais pas rêver meilleur podium : j’ai deux de mes plus grands adversaires à mes côtés et je les respecte beaucoup. »
Derrière, Bjøntegaard finit 7e : « avec deux fautes dans ces conditions, je n’avais aucune chance de lutter, raconte-t-il. Mais je suis content d’avoir remonté quelques places dans le dernier tour. »
Tarjei Bø le suit de près, 8e à 17/20. « Je suis surtout content pour Emil, il a d’abord été dans l’ombre d’Ole puis de Johannes mais il suffit de voir son palmarès, commente-t-il dans les colonnes de Dagbladet. Il n’abandonne jamais et cette médaille est formidable pour lui. » « Quant à moi, j’avoue que c’est difficile d’être passé si près du podium à chaque fois », ajoute-t-il au micro de TV2. Son frère Johannes Thingnes Bø, enfin, est 16e, lui aussi à 17/20. Il appuie les propos de son aîné : « Emil ne se vante jamais alors qu’il est l’un des plus grands athlètes norvégiens, il mérite le statut de légende. » A propos de sa course, le numéro 2 mondial se contente de rappeler que sur une course comme celle-ci, il n’y a aucune chance de médaille avec trois tours de pénalité malgré une bonne forme sur les skis.
Les biathlètes norvégiens devront être plus stables pour l’ensemble de ses athlètes pour espérer prendre une médaille sur le relais ou le relais mixte la semaine prochaine.
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Et ailleurs ?
Bonne journée pour les Norvégiens ! Derrière un Marcel Hirscher stratosphérique en géant, Henrik Kristoffersen prend la médaille d’argent et ouvre son compteur olympique. « Je pourrais être déçu mais non, Hirscher est tellement au-dessus que je suis ravi d’être second aujourd’hui », déclare le skieur alpin à l’arrivée.
En ski slopestyle, Oystein Braaten prend une belle médaille d’or, aidant la Norvège à passer en tête du classement des médailles. « C’était mon rêve, mon objectif, c’est incroyable, c’est totalement fou ! » s’émerveille le Norvégien.
En curling, l’équipe masculine l’emporte 10 à 8 face aux danois. Ils sont pour le moment 5e au classement.
En patinage de vitesse, Hege Bokko est 18e et sa coéquipière Ida Njatun 27e sur le 500m femmes.
Enfin, en hockey sur glace, la Norvège s’incline face à l’Allemagne 2 buts à 1.
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Hors piste
Hier, Hans Christer Holund s’est fait sortir du relais olympique. Il a alors insisté sur sa volonté d’aller sur le 50 km, le célèbre femmila en norvégien. Il pourrait bien être entendu.
L’équipe sera bientôt annoncée et le médaillé de bronze du skiathlon devrait avoir gain de cause et rejoindre Sundby dans la sélection.
Simen Hegstad Krüger, désormais double médaillé d’or et médaillé d’argent sur cette édition, a quant à lui d’ores et déjà été retiré de l’équipe. Le relais olympique était donc sa dernière course à Pyeongchang. « C’était prévu, Simen rentrera en Norvège demain en ayant pris un peu de poids… métallique », déclare Tor Arne Hetland avec un sourire. De son côté, Krüger a une pointe de déception : « bien sûr, quant on est en forme, on a envie de courir mais je ne rentre pas à la maison les mains vides alors ça va », affirme-t-il à la NRK.
Sur le 50km, Niklas Dyrhaug devrait prendre la 3e place, fort de ses derniers résultats sur le 50km d’Oslo, et la 4e place au départ devrait aller à Tønseth ou Klæbo selon la forme de celui-ci après le team sprint mercredi où il fera équipe avec Martin Johnsrud Sundby, sauf information contraire.