JEUX OLYMPIQUES – Nouveau : durant la quinzaine olympique de Pyeongchang, Nordic Magazine vous propose un rendez-vous quotidien, Vu de Norge spécial JO. Ou quand les Jeux sont vus et décryptés par les médias norvégiens.
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Retour sur… la pêche aux records
Ce que les médias norvégiens adorent, ce sont les records. Celui du nombre de médailles gagnées par la Norvège en une olympiade a été battu en une semaine. Précédémment de 26 à Lillehammer et Sochi, la délégation scandinave en est déjà à 35 avant les trois derniers jours de ces Jeux. Quant au nombre de titres gagnés par la Norvège en une seule édition, il était de 13 à Salt Lake City en 2002. Les athlètes de Pyeongchang 2018 ont égalé ce record hier.
Mais désormais, les records pourraient devenir internationaux. Si elle égalait ou dépassait les 37 médailles, la Norvège aurait alors battu les Etats-Unis qui n’ont jamais remporté plus de breloques en une édition olympique des Jeux d’hiver.
Et s’ils ramènent 14 médailles d’or ou plus, ils obtiendraient aussi le record du nombre de titres olympiques en une olympiade détenu par le Canada.
Du jamais vu pour un si petit pays à l’échelle mondiale !
« C’est tellement génial d’être Norvégien en ce moment ! déclare la skieuse alpine Ragnhild Mowinckel, en argent aujourd’hui. Il y a tellement de monde qui contribue à notre succès, c’est juste incroyable de voir tout ce qu’on ramène ! On s’en souviendra toujours et je suis fière d’y contribuer. »
Les Américains, eux, sont moins ravis. Ils cherchent donc à comprendre comment la Norvège est en train de réaliser cet exploit. « Ils pensent que s’amuser est plus important que gagner, c’est comme ça qu’ils remportent plein de médailles », tente le Wall Street Journal.
Pour le magazine Forbes, la grande popularité du ski en Norvège, le nombre de pistes et la couverture médiatique participeraient à ce succès. Pour les journalistes britanniques de The Guardian, c’est la culture la principale raison de cette victoire. Toutes les pistes sont bonnes à prendre, mais une chose est sûre : la Norvège est en train de réaliser un exploit.
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La médaille promise
Enfin ! Voilà ce qu’a dû penser le combiné norvégien. Enfin, ils ramènent une médaille à la maison en prenant l’argent de la compétition par équipe derrière les Allemands, archi-favoris, surtout après leur triplé sur l’individuel du grand tremplin.
Quatrièmes du saut, le quatuor Grabaak-Riiber-Andersen-Schmid accroche la deuxième place sur la course de fond, remontant tour à tour le Japon et l’Autriche. « C’est vraiment agréable de ramener une médaille, je ne vais pas dire le contraire », déclare tout sourire le directeur national de combiné norvégien Kristian Hammer au micro de la NRK.
Un succès qui tient peut-être à la méthode employée la veille par l’équipe pour tenter de remédier enfin à la série de résultats décevants sur les compétitions olympiques individuelles. « On est sortis, on est allés au restaurant et surtout, on a fait quelque chose de différent la veille au soir, explique Jarl Magnus Riiber.
On s’est détendus pour être en forme aujourd’hui. » En revanche, pas question de tenter le sort en attrapant le norovirus qui court les rues coréennes : les athlètes assurent qu’ils ont bien cuit leurs viandes pour ne pas tomber malades.
« Nous nous sommes bien amusés ensemble et ils ont resserré les liens avant l’épreuve par équipe, c’était la chose à faire, dit Hammer. Certes, ce n’est pas leur meilleure course de la saison mais c’est le mieux qu’ils aient fait à Pyeongchang ces deux dernières semaines. »
« J’ai vraiment eu confiance en notre médaille quand j’ai pris le dernier relais », dit Jørgen Graabak, le médaillé de Sochi. « Et puis c’est plus que bien de ramener l’argent ! » conclut Espen Andersen.
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On limite la casse
Trois tours de pénalité, 12 pioches et malgré tout, une 4e place au final. Les Norvégiennes ont limité la casse sur ce relais de biathlon où les conditions étaient dantesques.
Mais malgré s’être battues jusqu’au bout, le quatuor Tandrevold-Solemdal-Olsbu-Eckhoff a échoué au pied du podium. « On ne peut pas non plus blâmer seulement le vent, réagit Ingrid Landmark Tandrevold. D’autres ont réussi à tirer alors je ne peux être fachée que contre moi-même. Oui, c’est encore plus dur d’être tout près du podium mais c’est comme ça. »
Pour Tiril Eckhoff, seconde relayeuse et lancée sur de bonnes bases par Synnøve Solemdal, le vent a en revanche été un réel obstacle : « ça bougeait tellement ! Impossible de tirer correctement comme ça… » assure-t-elle aux caméras de la NRK.
Dernière de ce relais, Marte Olsbu a tout de même pu revenir sur le devant de la scène après trois tours de pénalité. « J’ai vu le podium tout proche mais j’ai du piocher, je savais alors que ce serait trop difficile, que je ne pourrais pas remonter, regrette-t-elle. Mais avec notre performance, la 4e place c’est déjà très bien ! »
Demain, le relais masculin essaiera de faire mieux que ses coéquipières.
En revanche, Siegfried Mazet et l’équipe norvégienne ont refusé d’annoncer la composition. Si Svendsen, Birkeland et les deux frères Bø devraient prendre le départ, rien de plus ne sera dit pour éviter que les autres nations cherchent à en tirer avantage, particulièrement la France et l’Allemagne.
« Des médias étrangers vous lisent, déclare Mazet. Alors on ne dira rien, au cas où. »
« Nous ne savons pas non plus ce que les autres feront, ils ne savent pas ce que l’on fera et c’est très bien comme ça », conclut Johannes Thingnes Bø.
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Et ailleurs ?
Pour sa première olympique, le Big Air féminin ne ramènera pas de médaille aux Norvégiens. Silje Norendal finit en effet 6e.
En alpin, forte de l’argent sur la descente, Ragnhild Mowinckel était de nouveau deuxième après la descente du combiné. Elle échoue malheureusement à la 4e place après le slalom. En slalom masculin, Henrik Kristoffersen n’aura pas profité de la chute de son principal rival Marcel Hirscher, sortant lui aussi de la piste en seconde manche. Sebastian Foss-Solevaag est 10e, Leif Kristian Nestvold-Haugen est lui 13e.
En curling, enfin, la Norvège récupère la médaille de bronze qu’elle avait dû abandonner aux athlètes olympiques russes en double mixte. L’un des athlètes ayant été pris pour dopage, ils ont été déclassés et la paire Skaslien-Nedregotten est donc bronzée un peu en retard.
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Hors piste
Didrik Tønseth lui avait laissé le choix : Johannes Høsflot Klæbo était libre ou non de participer au femmila, le 50km, des Jeux olympiques s’il s’en sentait capable et s’il le voulait. Finalement, le jeune triple médaillé d’or laisse sa place aux autres. « Je suis motivé mais je ne suis pas le seul, explique-t-il à la NRK. Mais je suis fatigué alors je vais rentrer, comme c’était prévu. »
Tout au moins, Klæbo rentrera fort de trois titres olympiques à seulement 21 ans. « C’est un rêve, j’avais un objectif : ramener une médaille individuelle, déclare-t-il. Avoir trois médailles d’or, c’est complètement fou. Je me suis mis beaucoup de pression et ça m’a aidé. Le problème, c’est que je n’en ai plus, je suis fatigué alors je ne crois pas être capable de recommencer sur le 50km. Je préfère me retirer. »
Si Tønseth aurait alors dû prendre sa place, comme prévu, c’est finalement Emil Iversen qui a été choisi pour prendre la 4e place norvégienne au départ de cette dernière course olympique du fond masculin aux côtés de Sundby, Holund et Dyrhaug.