Chaque fin janvier, les journalistes accrédités ont droit aux mêmes commentaires élogieux des compétiteurs prestigieux comme le Norvégien Magnus Moan ou l’Américain Bill Demong, se réjouissant de l’ambiance unique de cette étape de coupe du monde en Franche-Comté. Pensez donc : un petit village de 250 habitants perdu aux confins du Doubs et du Jura, à deux pas de la Suisse, où se sont pressées l’an passé près de 15 000 personnes pour admirer les meilleurs combinés du monde à l’œuvre. Cet engouement unique, outre la culture nordique encore bien présente dans les contrées des montagnes jurassiennes, trouve son inspiration à travers les hommes et les femmes qui font vivre cet événement populaire. Tous bénévoles, ils s’investissent sous la bannière de l’Asni (l’association pour un stade nordique international) créée le 21 juin 1995, un regroupement de trois clubs : l’AS Mouthe, le ski-club du Mont noir et le Risoux club.
Des montres suisses en prize-money”
Parmi eux, le président historique de l’organisation, Bernard Barrand, garde un souvenir ému de « sa » première coupe du monde. C’était en 1996, le début d’une longue série, alors que l’histoire entre le combiné nordique et le stade de saut de la Côte feuillée avait pourtant mal débuté : « Les tremplins ont été construits dans les années 1989-1990 pour accueillir les mondiaux juniors finalement annulés, se remémore M. Barrand. L’objectif de cet équipement, à l’époque où Fabrice Guy et Sylvain Guillaume tournaient bien, était de leur permettre de concourir et de s’entraîner à la maison. En 1992, nous avons organisé une coupe d’Europe avec le saut ici et la course de fond au Pré Poncet marquée par la victoire de Sylvain. »
Alors que le site devait accueillir sa première coupe du monde en 1993, les conditions climatiques déplorables ont contraint les organisateurs à s’exiler à Saint-Moritz pour assurer cette compétition. Un bien mauvais souvenir. Mais en 1997, ils ont droit à un meilleur sort et suppléent Lathi pour l’accueil d’une compétition internationale !
Après la coupe du monde de 1998, les deux suivantes sont organisées en lien avec la Suisse : « Les prize-money étaient alors des montres prestigieuses de chez Audemars-Piguet ou Breguet », indique François Cat, le président du Mont noir.
Un beau tremplin et une star”
2001 rime avec l’arrivée des images télé et du live, imposant du même coup la tenue des épreuves de saut et de fond sur le même site. Mais, en 2003, suite au désengagement d’une collectivité, un déficit de 50 000 euros plombe les comptes de l’Asni. « Ça a été très dur et synonyme d’une période de six années sans coupe du monde, rappelle Alain Pagnier, président du Risoux club. Il a fallu refaire nos classes depuis les coupes nationales pour accueillir de nouveau l’élite mondiale en 2009. »
Depuis, le nouveau grand tremplin HS 117 a été inauguré par la star du moment, Jason Lamy Chappuis, plaçant l’installation du massif parmi les dix plus belles du monde. « C’est notre force ici : avec des tremplins de 25 à 117 m, en lien avec ceux des Tuffes, on peut organiser tous types de compétition. C’est unique et important pour la formation », ajoute Jean Mairet, de l’AS Mouthe.
L’équipement actuel devrait permettre d’accueillir encore de nombreuses coupes du monde… et, pourquoi pas, de créer des vocations de futur champion olympique parmi les jeunes spectateurs.