Du 25 au 27 octobre, Millau accueille le Festival des Templiers, rendez-vous incontournable et désormais mythique du trail dont le programme s’enrichit au fil des ans.
Pour la dix-huitième édition du Festival des Templiers, Odile, Gilles Bertrand et leur équipe proposent 12 parcours sur lesquels sont attendus, 7900 coureurs dont 2000 femmes et des centaines d’enfants. Ils sont tracés sur les flancs des Causses en exploitant ravins, corniches, passages en balcon, sous falaises, gorges de la Jonte, Tarn et Dourbie, mais également sur des grands plateaux sauvages et préservés : le Causse Noir, Larzac, Sauveterre et Méjean. L’aspect patrimonial est important avec des vieux villages, châteaux, hameaux en ruines, vieilles fermes et bergeries, ermitages perdus dans les chaos rocheux…
L’idée d’organiser ce trail fondateur remonte à 1990, année où Gilles Bertrand (VO2) a découvert cette discipline aux Etats-Unis lors du Leadville Trail. Un premier projet a failli voir le jour en 1991 avec la création d’une liaison Millau-Mont Aigoual aller et retour.
Faute de soutien local ce projet ne s’est pas concrétisé. En mars 1995, Odile et Gilles Bertrand de retour du Tchad, décident dans un but humanitaire de se lancer définitivement dans cette aventure pour soutenir financièrement un orphelinat. Leur projet naît en avril 1995. Sont retenues une distance de 65 km autour des cités Templières du Larzac et une date : le dernier dimanche d’octobre. Cette première édition remportée par Corinne Favre et Patrick Renard, marque la naissance du trail en France et réunit 500 coureurs.
Entretien avec Gilles Bertrand, acteur et témoin de cette histoire.
Quel est votre plus beau souvenir sur les Templiers ?
Sans aucun doute l’arrivée de Patrick Renard, premier vainqueur des Templiers en 1995. Nous venions d’ouvrir la première page d’un grand livre sans le savoir. Sa joie était merveilleuse, la couronne de lauriers sur ses épaules, les bras tendus vers le ciel et cette myriade d’enfants portant une tunique templiers l’entourant. Cette image a été le détonateur. Les premières générations de trailers se sont identifiées à cette photo, à ce coureur en pensant : « Moi aussi, je veux connaître un instant de joie aussi intense ». Patrick Renard fut de façon spontanée, le grand ambassadeur pour développer le trail. Je ne veux pas oublier non plus l’arrivée en 2011, main dans la main, de Thierry Breuil habillé en chevalier templiers et de Thomas Lorblanchet. Une leçon d’amitié, une image symbolique là encore de l’esprit de cette course.
Le moment le plus difficile ?
Indiscutablement notre installation à Millau il y a quatre ans déjà. Ce transfert était inévitable et obligatoire pour sauver la course dont l’avenir était menacé. Trouver des parcours a été le plus facile car nous étions certains de proposer mieux, plus sauvage, plus rustique, plus authentique. Mais nous avions tout à reconstruire, à se faire accepter et surtout rester soudés pour oublier les accusations déraisonnées dont nous avons été victime.
Le ou les trailers qui ont marqué l’histoire des Templiers et pourquoi ?
A son niveau, chaque trailer du premier au dernier construit l’histoire d’une course. Car chacun a une histoire à vivre, à raconter, à faire partager. Le succès des Templiers est venu de là, de ces coureurs pionniers du trail qui ont racontés : « Moi aussi j’ai connu la joie d’un Patrick Renard en franchissant la ligne d’arrivée ». D’ailleurs nous avons baptisé cette ligne : la « porte du bonheur ».
Le trailer d’aujourd’hui est « marqué à la culotte »
Comment ont évolué les trails de 1995 à 2013 ?
La France vit une situation exceptionnelle. 2000 courses annuelles dans toutes ses régions, de toutes les formes, sur tous les formats, avec un standard d’organisation très élevé, avec des courses pilotes reconnues dans le monde entier. C’est unique. Le trail s’est codifié et a beaucoup évolué. Un exemple, l’arrivée du GPS et le suivi live en course, le tracking, ont profondément modifié l’approche des coureurs. En 1995, l’idée première était de courir sans avoir un seul repère en course. D’être dans la nature et de courir, point !
Certes le trailer d’aujourd’hui est « marqué à la culotte », mais au fond, l’envie de découverte et de vivre des petites et grandes aventures personnelles est intacte et ceci explique le succès de cette discipline. Quant à l’esprit trail, je pense qu’il n’a jamais existé. Le trail c’est une compétition comme les autres, avec les mêmes codes et très franchement, je n’ai jamais vu la différence avec un marathon.
Quels changements au niveau de l’entraînement ?
Je ne suis pas certain que les trailers d’aujourd’hui s’entraînent mieux et plus qu’avant. Je pense même le contraire. Comme sur marathon, ils sont plus dans la logique d’être simplement finisher, quelque soit le temps final. Cela suffit à leur bonheur. En conséquence, la grande majorité ne s’inscrit pas dans un schéma d’entraînement codifié et millimétré. Ils sont dans le juste nécessaire pour finir sans trop souffrir. Ils ne veulent pas être dans l’extrême contrainte de l’entraînement avec de grosses charges. Ce qui explique que le trail actuel est souvent un mixe entre course à pied et trek. Par contre, avec la formation des teams, le niveau d’ensemble pour l’élite est plus homogène, plus dense et plus compétitif. Le niveau athlétique a progressé.
Comment voyez-vous l’avenir et évolution du trail à l’horizon 2020 ?
Mon espoir premier : qu’il reste ce qu’il est aujourd’hui. Que l’on garde cette liberté de pouvoir organiser une course comme bon nous semble. C’est ce qui a fait le succès du trail. Il faut que l’on soit très vigilant pour qu’il ne se codifie pas plus, que l’on trouve la bonne place du curseur, le juste milieu entre les contraintes et les exigences du marketing d’un coté et de l’autre, les aspects terroir, patrimoniaux, environnementaux.
Le trail est aujourd’hui dans sa phase de maturité. Je ne suis pas certain qu’il évolue beaucoup plus, comme ce fut le cas pour le marathon et le hors stade en général qui ont trouvé un rythme de croisière et de croissante constant. J’espère que la FFA ne prenne pas d’orientations qui viendraient à cloisonner le trail et surtout que l’on avance plus sur la notion de prévention des blessures, notamment dans l’ultra qui est une discipline à risque.
Les courses du Festival des Templiers
> 25 octobre
100 km Endurance Trail. 61 km Intégrale des Causses. 23 km Trail du Viaduc. 11 km La Templière et KD Trail. 1,5 km, 3 km KD Trail.
> 26 octobre
14,5 km Le Trail des Troubadours. 29 km Monna Lisa Trail. 39 km Marathon des Causses. 19,2 km VO2 Trail.
> 27 octobre
72,5 km Grand Trail des Templiers
https://www.festivaldestempliers
Crédit photos : VO2 et Robert Goin