La station du champion de ski de fond Ivan Perrillat-Boiteux
Au Grand-Bornand (Haute-Savoie), c’est son visage qui accueille le visiteur. À l’entrée du village où a été installé un panneau grand format, le fondeur Ivan Perrillat-Boiteux est bien entouré. Il faut dire que la station haut-savoyarde détient un record, celui du nombre de médaillés olympiques aux JO de Sotchi. En Russie, le jeune homme a terminé sur le podium du relais hommes, avec Jean-Marc Gaillard, Maurice Manificat et Robin Duvillard. Le géantiste Steve Missillier, le spécialiste de ski-cross Jonathan Midol et le fondeur handisport Benjamin Daviet sont eux aussi rentrés au pays avec du métal autour du coup.
À leur retour en France, ils étaient d’ailleurs dix mille supporters à ovationner les quatre grognards de la campagne de Russie, l’espiègle Tessa Worley en tête. « J’ai éprouvé une grande fierté, un grand plaisir aussi, confie-t-il, avec sa voix posée. Des moments comme celui-ci, il faut en profiter, ils sont rares. »
Ivan Perrillat-Boiteux n’est pourtant pas originaire du village, mais à un jeté de cailloux, plus précisément de Saint-Jean-de-Sixt, à mi-chemin entre Le Grand-Bornand paternel et La Clusaz maternelle, ce qui en fait un enfant des Aravis, dernière barrière se dressant devant le Mont Blanc.
Il connaît le massif comme sa poche, mais c’est dans la combe de Paccaly qu’il aime à se retrouver, accompagné par le tintinnabulement des campanes et le chant du vent. C’était là que ses parents, agriculteurs, emmenaient leur troupeau dans les alpages et que son frère, aujourd’hui encore, conduit ses moutons. « Finalement, je préfère l’été à l’hiver », concède le fondeur, vainqueur de la Foulée blanche en 2014 et champion de France longue distance l’année précédente : « On peut aller se balader n’importe où. » Cette absence de contraintes n’est pas pour lui déplaire, lui qui aime plus que tout la simplicité et l’authenticité.
Au Grand-Bornand, Ivan Perrillat-Boiteux est gâté ; le décor est de carte postale. Avec plus de 400 chalets pour la plupart bicentenaires sur son sol, le village passe pour l’une des stations savoyardes les plus richement dotées en cette forme d’habitat traditionnel. Le plus ancien d’entre eux, daté de 1664, est même connu pour abriter la même famille depuis sa construction !
Enracinement fort
L’enracinement de cet habitat ne laisse pas indifférents les fondeurs qui ont décidé de veiller sur lui. Ivan Perrillat-Boiteux a ainsi suivi une formation de menuisier, tout comme Théo Deswazière ou Damien Tarantola. Christophe Perrillat-Collomb partage ce même amour pour le travail du bois. Sa relation amicale avec René Perrillat-Mercerot (dit « Mistrou »), un menuisier local, a joué un rôle important dans son parcours auquel il vient de mettre un terme.
« René m’a permis d’allier ma passion pour le bois à celle du ski. Comme je ne suis pas passé par la filière sport-étude, je recherchais un stage en alternance chez un menuisier pour continuer ma carrière de skieur en senior. Quand j’ai rencontré René, il a tout de suite compris mon projet. » Son épouse Aurélie a aussi complété sa formation d’ébéniste dans son atelier. « Comme nous l’avions envisagé avec René, nous avons racheté ses machines et nous les utilisons aujourd’hui. »
« Le Grand-Bo n’a rien à envier aux grandes stations »
C’est donc par la grâce des hommes que le Grand-Bornand peut s’enorgueillir d’être une terre nordique. D’ailleurs, on peut chausser les skis dans la vallée du Bouchet ou encore au départ du vieux village du Chinaillon. Des pistes que connaît bien Ivan Perrillat-Boiteux pour les avoir fréquentées avec le foyer (fondé en 1962) sous le regard bienveillant de Jean-Paul Favre. « Il m’a donné l’envie. François Guillard m’a ensuite suivi, lui m’a donné confiance », poursuit le Bornandin. Et d’ajouter : « Ce sont des hommes comme eux qui composent le patrimoine du ski de fond. » On pourrait ajouter Laurent Bastard-Rosset, premier fondeur bornandin sélectionné dans un groupe fédéral.
En décembre 2013, le stade de biathlon Sylvie-Becaert (du nom de la médaillée olympique et championne du monde) a accueilli pour la première fois une coupe du monde de biathlon, unique étape en territoire français. « Vous voyez, on n’a rien à envier aux grandes stations », assure Ivan Perrillat-Boiteux qui apprécie également de retrouver ses amis dans l’un des bars du bourg pour un moment de partage. Il se sent alors privilégié. « Non, je ne me verrais pas vivre ailleurs », lâche-t-il alors…
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