Ce samedi matin, la Montblanaise Jeanne Richard, deux fois médaillée aux Jeux olympiques de la jeunesse l’hiver passé, est devenue la quatrième Française championne du monde jeunes de l’individuel à Obertilliach (Autriche) grâce à un tir à 18/20. « Je suis très heureuse, c’est un peu la course inattendue, chanceuse », glisse-t-elle à Nordic Magazine. Entretien avec une biathlète qui ne touche pas terre.
- Comment avez-vous abordé cette première course des championnats du monde ?
Je suis partie avec la boule au ventre, vraiment stressée. D’habitude, je ne me prends vraiment pas la tête avec les courses mais celle-là était particulière. C’est une de mes courses que je préfère et, l’année dernière, ça avait marché donc je me suis mise la pression. Quand j’ai raté mes deux balles sur mes deux premiers tirs, je me suis dit que je n’avais plus le droit à l’erreur. À part mettre le 10/10, ce qui est vraiment très dur, c’était clairement mort. Au final, j’étais stressée de A à Z.
- Vous franchissez la ligne d’arrivée en tête avec le dossard 6 : imaginiez-vous ce dénouement à ce moment-là ?
Comme je suis partie dans les premiers dossards, je pensais que c’était impossible que je tienne devant toute la course. Je suis allée faire ma récupération tranquillement en étant contente d’avoir fait un 18/20…
- L’attente a-t-elle été longue ?
Je ne sais pas si je peux dire ça parce que j’ai vu pas mal de monde, ça brasse, on parle de la course, de choses et d’autres. Ce n’était pas forcément long mais plutôt stressant parce qu’à tout moment quelqu’un pouvait me passer devant. C’est le jeu.
« Mes pieds ne touchent pas encore le sol »Jeanne Richard, championne du monde jeunes de l’individuel
- À quel moment avez-vous compris que vous aviez remporté la médaille d’or ?
Quand les coachs viennent me voir et qu’ils commencent à me serrer la main et à te rassurer en disant qu’il n’y a plus de gros noms qui devraient sortir. Mais c’est très progressif. C’est petit à petit que tu te rends compte. On va dire que mes pieds ne touchent pas encore le sol [rires].
- Il y a ensuite eu le protocole du podium…
Avec le protocole sanitaire strict en Autriche, on devait mettre nous-mêmes notre médaille autour du cou, prendre le bouquet de fleurs et ne pas avoir de contacts directs avec les filles du podium. On s’est cheakées le pied ! Et il y a eu La Marseillaise, c’est incroyable… Elle a un peu bugé… Ils étaient un peu gênés sur le coup mais c’est toujours plein d’émotions qui te traversent quand tu es sur le podium.
- Cette Marseillaise avait-elle la même saveur que celle des Jeux olympiques de la jeunesse l’hiver dernier ?
Pas du tout ! Il y a un an d’écart entre les deux, forcément on prend peut-être de la maturité par rapport à ça. En tout cas, c’était vraiment différent même si ce sont deux belles émotions fortes.
« J’ai eu la chance de profiter d’une piste qui glissait bien »Jeanne Richard, championne du monde jeunes de l’individuel
- Vous dites que cette médaille est inattendue et chanceuse : pourquoi ?
J’arrive à me sortir des mailles du filet alors que, clairement, il y avait des filles monstrueuses. C’est le tir qui me sauve alors que tout le début de l’année il ne m’a jamais sauvé une fois. C’est aujourd’hui qu’il me sauve. En partant en début de course, j’ai aussi eu la chance de profiter d’une piste qui glissait bien à la différence de Maya [Cloetens] et Fany [Bertrand] parties en fin de liste de départ sur une piste réchauffée et donc complètement brassée.
- Il y a beaucoup de fautes lors de cet individuel : à cause du vent ?
Non, c’était léger ! J’ai dû cliquer mais comparer à ce qu’on a eu à Prémanon ou sur des courses nationales en France, il y avait très peu de vent. On peut même dire que les conditions étaient idéales.
- Lundi, vous enchaînez avec le sprint puis mercredi avec la poursuite : la suite ne sera-t-elle plus que du bonus pour vous ?
Je ne sais pas si je peux prendre ça comme du bonus parce que je suis là pour faire des courses et performer. Mais je me dis que ce ne sont que des belles courses lors desquelles toutes les filles peuvent réussir. On a toutes le niveau.
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