Le nouvel entraîneur de l’équipe de France de combiné nordique Jérôme Laheurte fait le point après l’été de préparation d’un groupe grandement modifié. Avant les concours estivaux de Gérardmer, Chaux-Neuve et Les Tuffes cette fin de semaine, le Vosgien tire déjà quelques enseignements…
Après des stages à Quiberon, Prémanon, en Autriche notamment, quel premier bilan tirez-vous de la préparation du groupe équipe de France de combiné ?
C’est vrai qu’on a fait beaucoup de stages ce printemps/été. On a plus bougé que les deux dernières années. L’équipe est plus jeune et a besoin de se retrouver ensemble. On a travaillé l’adaptation et la cohésion de groupe. On est allé sur plus de tremplins différents en faisant également beaucoup de sauts. Il est délicat de dresser un premier bilan qui est forcément lié aussi à la nouvelle équipe d’encadrement. Mais je dirais que la bonne ambiance règne dans le groupe.On a travaillé avec le groupe B et les juniors, on encadre plus les athlètes. On sent ce besoin car les athlètes n’ont pas la même maturité ni la même expérience qu’un Sébastien ou un Jason. On essaie d’être très présents à leur côtés. Au niveau du saut, il y a des hauts et des bas sur le tremplin, mais on sent que certains athlètes commencent à rattraper le retard sur Max et François qui sont dans le top 5 mondial en saut.
Depuis ce printemps, vous profitez de l’assistance de Cyril Michaud-Fidey, spécifiquement en charge de la partie ski de fond. Cette particularité était devenue primordiale ?
Ça faisait un moment que j’y pensais, je ne me voyais pas, après le départ d’Etienne, ne plus gérer le saut alors que je m’en occupais depuis cinq ans. C’était important d’apporter un spécialiste de la discipline. La personnalité et les connaissances de Cyril collent parfaitement à notre discipline : il a amené de nouvelles choses. Un peu de changement était aussi le bienvenu pour les anciens, qui ont accueilli agréablement ces évolutions. Le but de la présence de Cyril est simple : créer la paire d’entraîneurs la plus complémentaire possible. Si je me réfère aux premiers résultats, c’est plutôt encourageant puisque nous nous sommes confronté aux Allemands il y a 10 jours à Courchevel : Maxime Laheurte gagne devant Johannes Rydzek et Laurent Mulhethaler et François Braud sur deux manches. Ça prouve que les jeunes sont capables de jouer au plus haut-niveau.
Comment avez-vous appréhendé vos nouvelles fonctions d’entraîneur du groupe, succédant ainsi à Etienne Gouy que vous assistiez jusqu’alors en charge du saut ?
Plutôt bien. Il y avait pas mal de boulot, puisqu’après l’arrêt de Nicolas Michaud a quelque peu bouleversé un peu le rôle du chef d’équipe. Je me retrouve avec l’ensemble du budget combiné et du staff à gérer alors qu’avant sa démission, le rôle était surtout lié à l’encadrement sportif. C’est une évolution à laquelle j’ai dû me faire. D’un point de vue personnel, je me sens bien dans ce rôle là. ça fait quelques années que je suis sur des groupes à la fédé, depuis les juniors jusqu’à la Continentale… J’ai aussi un réel intérêt pour les jeunes qui feront l’avenir du combiné nordique, on doit tout faire pour éviter des « trous » de générations, j’ai la confiance des entraîneurs avec qui je travaille. Je me sens épanoui dans ce rôle là, tout en gardant la main sur le saut.
A Chaux-Neuve, j’attends qu’ils s’expriment à leur meilleur niveau
Dès ce vendredi à Gérardmer, samedi à Chaux-Neuve et dimanche aux Tuffes, les combinés et sauteurs se retrouvent pour les traditionnels concours de la fin d’été. Qu’attendez-vous des athlètes sur ces concours ?
Sur Chaux-Neuve et son gros tremplin, j’attends qu’ils s’expriment à leur meilleur niveau, qu’ils valident le boulot fait depuis le début d’été pour être prêts pour les grands prix internationaux qu’ils se libèrent en compétition, qu’ils passent en mode compétition après ces mois d’entraînement et de préparation. C’est le plus gros tremplin de cette tournée, mais on sait aussi que sur les petits tremplins, il faut être propre techniquement pour aller loin. Les sélections pour les grands prix se joueront cette fin de semaine, hormis bien sûr François et Maxime qui sont au-dessus du lot sur grands tremplins pour l’instant. Ils seront à bloc, on a jusqu’à six places ouvertes pour les Français mais ce sera fonction de ce qu’on verra ce week-end. Le but d’aller sur ces compétitions internationales sera aussi de confronter les plus jeunes au gratin de la discipline.
La suite, ce sera la coupe du monde. La France dispose de quatre quotas dont deux attribués à François Braud et Maxime Laheurte. Derrière, ils sont six pour deux places : quand et comment se fera la décision ?
Même un peu plus que six, plutôt huit ! En mode coupe du monde, on aura en effet François et Maxime protégés pour les premières coupes du monde. Pour les autres, on fera la sélection à Oberhof en octobre avec Geoffrey Lafarge et Samuel Guy qui viendront avec le reste de l’équipe. Ils devront faire partie des quatre meilleurs pour partir en Scandinavie où seront peaufinées les dernières sélections, quitte à les faire au dernier moment sur le tremplin de Kusaamo en Finlande pour la première épreuve internationale. Toute l’équipe est au courant de ce fonctionnement et ce système ouvert va créé un peu d’émulation dans le groupe pour aller chercher un ticket en coupe du monde. Derrière, ils savent que leur carrière peut évoluer rapidement. Ils ont toutes les cartes en main…