JO | Biathlon – Le Norvégien Johannes Boe, meilleur ennemi de Martin Fourcade sur le circuit de la coupe du monde de biathlon, a décroché l’or olympique et réalisé un rêve. Portrait d’un athlète joueur.
Bien sûr, les supporteurs français sont déçus d’avoir vu chuter Martin Foucade dans sa quête d’une troisième couronne olympique en biathlon lors des Jeux de Pyeongchang. Mais cette année, bien qu’il se présente en Corée du Sud en tant que numéro un mondial, le Pyrénéen est sérieusement concurrencé, cet hiver, par un Norvégien : Johannes Boe. Deux hommes qu’Antonin Guigonnat, qui les a rejoints à deux reprises sur le podium, a plusieurs fois qualifiés d’« extraterrestres ».
La Norvège a en effet deux pépites : Johannes Klaebo en ski de fond et Johannes Boe en biathlon.
Duel au sommet
24 ans, 1,87 m, 80 kg, une silhouette longiligne, le rouquin natif de Stryn fait jeu égal avec Fourcade en coupe du monde de biathlon. À eux deux, ils se partagent quatorze victoires sur quinze possibles !
Volontiers chambreur (en 2014, la fédération norvégienne de ski lui avait tapé sur les doigts après le week-end de coupe du monde à Pokljuka, au cours duquel il avait dégonflé les pneus de plusieurs voitures et autobus), le petit frère de Tarjei Boe (vainqueur du classement général de la coupe du monde en 2010) s’est fait un prénom dans le cœur des Norvégiens.
Et en l’absence d’Ole Einar Bjoerndalen aux JO, le jeune Viking a toutes les cartes en main pour collectionner les médailles olympiques, quatre ans après Sochi où il avait déjà couru. D’autant que la plaie de la quatrième place des protégés du roi Harald V lors du relais ne s’est pas totalement refermée. Les hommes de Siegfried Mazet ont déjà fait beaucoup mieux sur cet individuel que sur les deux courses d’ouverture.
Sous la houlette de l’entraîneur de tir français depuis deux saisons, Johannes Boe, déjà excellent skieur, est devenu un redoutable compétiteur. « Dans la plupart des courses, on a souvent été un contre un, j’espère que cela va continuer ! », s’amusait-il, en conférence de presse au Grand-Bornand aux côtés de Martin Foucade avec qui il est monté sur une dizaine de podiums cet hiver !
Un premier globe
Johannes Boe a d’ailleurs décroché son premier globe de cristal cette saison (celui de l’individuel) qu’il partage avec Martin Fourcade. Tout un symbole. « Sa rivalité avec Martin Fourcade est supérieure à celle ayant opposé dans les années 2000 Raphaël Poirée et Ole Einar Bjoerndalen, note d’ailleurs Stéphane Bouthiaux, l’entraîneur des bleus. Ils ne se quittent pas sur le podium, c’est incroyable. »
Johannes Boe est arrivé ambitieux à Pyeongchang. Celui qui a encore une fois brillé en décembre dernier au pied des Aravis (« en 2013, je n’étais qu’un petit jeune contre les cadors de la discipline », se souvient-il), au nez et à la barbe des tricolores qui jouaient à domicile, affichait clairement la couleur en parlant des Jeux coréens.
C’était au printemps dernier : « Revenir de Corée avec le plus grand total de médailles d’or et devenir le roi des JO, ce sera mon gros objectif de l’hiver ». Mais point de pronostics dans sa bouche : « Oui j’évite d’y penser, j’ai toujours fonctionné comme cela en prenant les courses les unes après les autres, mon niveau n’a cessé d’augmenter depuis Östersund et c’est avant tout cela qui me satisfait », annonçait-il avant de prendre son premier dossard coréen.
Pression et attentes des médias norvégiens
Ses deux médailles d’argent aux Mondiaux d’Hochfilzen l’hiver passé prouvent aussi que le gaillard sait résister à la pression inhérente aux grands rendez-vous. D’autant qu’en Norvège, les attentes des médias sont énormes au pays du nordique. Mieux, le cadet des Boe a montré, dans l’exercice du tir en confrontation directe (notamment avec Fourcade), d’impressionnantes capacités. Et quand son tir debout ultra-engagé fait mouche, il touche du bout de la carabine l’excellence de son sport.
Mais cette rapidité dans l’exercice peut parfois lui jouer des tours.
À bientôt 25 ans (le 16 mai), Johannes Boe, qui vient de se fiancer, pourrait encore glaner d’autres médailles olympiques.
Photo : NordicFocus