CHRONIQUE – Tous les athlètes redoutent de tomber dans La Maille de son filet. Chaque jeudi, Clément Mailler ne les épargne pas quand il s’agit de leur poser les bonnes questions. Point d’échappatoire pour eux : ils doivent répondre. Victime du jour : Jovian Hediger.
Encore un Suisse qui nous fait rire, et pas seulement par ses expressions et son vocabulaire que les plus « franchouillards » ne décryptent pas. Le beau gosse de Bex (qui est une localité plus sympa à découvrir qu’à entendre), et meilleur sprinter suisse, va devoir se plier à la coupe de cheveux que son nouveau statut de militaire impose. Mais avant cela, l’animal va devoir éviter de se faire prendre dans La Maille du filet ! J’ai nommé, Jovian Hediger.
- Courir, manger, dormir et tourner en rond devant une masse de gens venue vous admirer. Le sportif est un peu comme un animal de zoo non ?
Oui… oui et non ! La grande différence c’est que cela nous apporte aussi quelque chose à nous. Il y a notre plaisir à nous, et au final c’est un peu le but du jeu, de rendre les choses attractives pour donner aux gens l’envie de nous regarder. C’est aussi l’avantage du sprint, moi je le prends comme un rôle de montrer que ce n’est pas un sport de papis.
- Greipel le gorille de Rostock, Nibali le requin de Messine, Kobe Bryant en Black Mamba, Tiger Woods le tigre… Et pour vous le veau de Bex ça vous va ?
(fou rire) Haha oui, c’est pas mal ! Ça va pas mal ! J’ai un peu la réputation d’être le gros de l’équipe, je suis un peu le Baptiste Gros des Suisses (rires) ! On est dans le juste, à part le caractère qui est un peu plus agressif que celui des veaux.
- Vous êtes le seul athlète que je connaisse qui n’a pas une photo horriblement moche sur Wikipedia. Comment est-ce que vous l’expliquez ?
Sûrement parce que je suis terriblement beau ! (rires) Non pour le coup je ne sais pas, parce que des photos moches j’en ai un bonne pellée ! Peut-être que j’ai la chance d’avoir un entourage qui les garde pour eux.
- Internet toujours, quand on tape « Hediger » sur Google on tombe sur un biologiste animalier. Ça met un coup à l’égo ?
(fou rire) Je ne sais pas, je ressors en quelle position ? Tant que je reste devant mon père, c’est bon ! C’est ça l’essentiel !
- Ce monsieur Hediger a aussi étudié l’interaction entre les humains. En temps que sprinter, comment sont les relations avec vos adversaires ?
Je crois que j’ai de très bonnes relations. Cela fait un petit moment que je suis dans le circuit, et j’ai l’avantage de parler plusieurs langues avec l’allemand, le français et un petit peu d’anglais. Avec la génération avec laquelle j’évolue, je m’entends relativement bien. En tout cas je n’ai jamais fait de grosses engueulades !
- En sprint c’est plutôt tendu. Les bagarres ou les échanges d’insultes, c’est courant ?
Non ! Franchement non. En tout cas des insultes jamais, après des petits accrochages après l’arrivée ce n’est pas impossible. Mais c’est vrai que je n’ai jamais été au contact après une course avec quelqu’un. C’est plus aller mettre des coups dans les barrières ou bien se défouler sur ses bâtons pour refouler tout ça !
- Quand on insulte les autres en allemand, ça fait peur ?
Ah oui terrible ! (rires) Surtout qu’il n’y a pas grand monde qui comprend, et surtout en suisse allemand !
- Les suisses allemand c’est une nationalité à part non ?
Ouais, mais on s’y fait à la longue ! En Suisse, on sait qu’on a une petite différence de mentalité entre les trois régions principales. En tout cas nous dans notre équipe on a vraiment une super ambiance. D’ailleurs on s’est identifié en « XC Bullets » (ndlm : dont je vous conseille d’aller voir la page Instagram pour les photos et vidéos drôles et insolites) et on est tous bien déconneurs !
- En ski aussi les salaires sont plus élevés en Suisse ?
Ben j’espère parce que la vie elle est plus chère chez nous ! (rires) Après je n’ai pas de références avec les autres mais c’est comme partout dans notre sport, il faut batailler pour trouver son budget. Moi j’ai pas mal de chance, j’ai des sponsors qui me soutiennent depuis un petit moment.
- La première fois que l’on s’est rencontré vous m’avez appris le mot « Pinoche », pouvez-vous nous le définir ?
Ah ça il n’y a personne qui connaît (rires) ! Ça, c’est de la famille ! Le Pinoche c’est un mélange d’imbécile, pas méchant, mais le gars avec qui on secoue la tête à chaque fois qu’on le voit.
- Entre nous, ils sont plus bizarres ou énervants les Frouzes ? (ndlm: surnom donné par les suisses pour définir les français).
Oulà ! C’est dangereux tout ça ! (rires) On dira que tous les clichés ne sortent pas de nulle part. Par exemple je suis allé en vacances cet été, et je suis resté trois heures de temps dans un aéroport sous 35°C parce qu’il y avait une manifestation à la sortie du parking, donc… ce n’était pas une grève pour le coup ! (rires) C’est vrai qu’il y a des habitudes qui ont la vie dure, mais c’est la même chose pour les petits Suisses !
- Pour vous ç’est quoi le plus gros cliché du Français ? Les grèves, le vocabulaire utilisé ou le retard constant ?
Oh non c’est plutôt les grèves ! Je crois que là on est assez clair !
- Et enfin vous pensez à quoi là tout de suite ?
Je suis toujours à mon aéroport à m’énerver à chercher de l’eau avec tout le monde qui fait la queue car tout le monde est bloqué à cause des manifestants.