SAUT À SKI – Lové dans les vertes forêts des Hautes-Vosges, le village de Xonrupt-Longemer collectionne les atouts d’une station de montagne pour la famille. Il est aussi l’héritier d’une tradition touristique pionnière… et le lieu de vie de la sauteuse à ski Julia Clair.
Julia Clair, ambassadrice de Xonrupt
Xonrupt-Longemer, c’est d’abord un cadre naturel exceptionnel au cœur du massif des Vosges. Ce village de 1 500 habitants planté au sein de la vallée des lacs est aussi l’héritier d’une tradition d’accueil touristique séculaire. Dès le Second Empire (1852-1870), la cité voisine de Gérardmer devient une ville touristique à la mode où la bonne société vient respirer le bon air des Vosges et profiter des bienfaits de l’hydrothérapie. Pas étonnant d’y constater aujourd’hui encore un solide tissu hôtelier.
Planté entre France et Allemagne jusqu’en 1918, entre Lorraine et Alsace au pied du col de la Schlucht ouvert en 1860, Xonrupt-Longemer, dominé par le Hohneck, est aussi un paradis pour les sportifs outdoor. « Non seulement c’est beau, mais tout est propice à l’activité sportive ici », clame Julia Clair, sauteuse à ski native de Saint-Dié (Vosges) et arrivée à Xonrupt à l’âge de huit ans.
Le papa, qui travaillait alors au magasin Ski l’Éclair de Gérardmer, ne manque pas l’occasion d’inscrire l’aînée de ses deux filles au ski-club local. « Et cela fait douze ans que ça dure », sourit la jeune athlète de l’équipe de France. « J’ai commencé par le ski de fond. Le nordique m’a de suite plu », dit celle qui a usé ses »lattes » sur les sites nordiques de la Drosera, du Joli Bois, des Hautes-Vannes ou encore des Bas-Rupts. « Une centaine de kilomètres de pistes pour tous les niveaux au cœur de la forêt vosgienne », vante l’office de tourisme, le premier créé en France, sous l’appellation joliment désuète de Comité des promenades…
Le frisson du lâcher de barre
Mais le fond n’est pas assez fun pour l’énergique et un brin casse-cou gamine de Xonrupt qui s’essaye au combiné nordique sur un tremplin de huit mètres ! « L’été suivant, le tremplin de Xonrupt a été refait et ce fut l’occasion de s’y mettre avec les cousines. On sautait alors avec des skis alpins. Depuis, je n’ai jamais arrêté ! » Le frisson du lâcher de barre, les sensations de vol, la technique et le goût de cet effort court et intense sont dès lors une drogue pour la jeune femme. « Ça fait peur, mais on a envie d’y aller. »
À la belle saison, l’athlète quitte souvent la ville et l’université de Grenoble (Isère) où elle entamera une licence d’histoire à la rentrée, pour rejoindre ses Vosges natales. Et partager une séance de saut avec les jeunes du club à deux pas de chez elle. « Enfant, on faisait deux heures de route pour aller sauter. Heureusement que les parents ont accepté de s’investir ainsi pour nous. »
Enfant du pays
Ces temps d’échange sont l’occasion pour l’enfant du pays de mesurer sa notoriété grandissante : « L’an passé pour les Jeux olympiques, le concours de saut de Sotchi a été retransmis au village dans une salle archi-comble ! Ça me touche, tout comme je suis surprise que les gamins du club me demandent un autographe sur leur casque tout en faisant leur maximum pour me battre sur une séance. Tant mieux si je peux leur donner envie de faire du saut, leur prouver qu’une jeune de Xonrupt peut aller aux Jeux. »
Voisine de la mère de Jean-Paul Pierrat, fondeur historique de Xonrupt, Julia Clair ne manque jamais de se faire l’ambassadrice de son territoire : « Pour moi, Xonrupt et les Vosges sont le plus bel endroit. »
Au-delà du lien sportif qui la lie à son village, la Vosgienne est aussi une jeune femme de 20 ans qui aime retrouver ses proches, partager un verre ou un repas avec les amis : « J’aime en profiter quand je suis ici. En passant quatre jours durant l’hiver avec ma mère, ma petite sœur, mon papy de 80 ans qui me pose en ski de fond, je fais le plein des batteries. C’est important de faire des »coupures mentales » régulièrement au milieu de mes forêts de sapins. C’est ici que je veux vivre plus tard. »
Ses racines ancrées dans ce territoire nordique l’aident parfois à relativiser sur la vie et les contraintes d’une sportive de haut niveau : « On parle de tout avec eux, ça fait du bien de sortir du saut à ski. Et en même temps, je me rends compte qu’en voyageant à travers le monde, on a, avec Coline [Mattel, ndlr.] et Léa [Lemare, ndlr.], une vie riche et très différente de celle des copains de notre âge. » C’est bien connu, les voyages forment la jeunesse… et le caractère.
Portrait publié dans Nordic Magazine #15
Photos : Nordic Magazine, Nordic Focus.