CHRONIQUE – Tous les athlètes redoutent de tomber dans La Maille de son filet. Chaque jeudi, Clément Mailler ne les épargne pas quand il s’agit de leur poser les bonnes questions. Point d’échappatoire pour eux : ils doivent répondre. Victime du jour : le combiné Laurent Muhlethaler.
Si je voulais faire comme tous les bons journalistes, je me serais trompé en écrivant son nom. Mais si j’étais un bon journaliste, je ne lui aurais pas posé des questions dérangeantes sur la sexualité, le féminisme dans son sport ou alors comment on fait pour se rincer l’œil ! Ce grand fan de Zizou (ne voyez aucun rapport à sa sexualité !) est tombé de plein pied dans La Maille du filet ! Découvrez le côté verso de Mule Taler, Mulehtalher, Mul t’as l’heure… enfin Laurent quoi !
- Quand on parle de saut à ski on retrouve toujours les mêmes jeux de mots et allusions du type « s’envoyer en l’air ». C’est marrant ou un peu lourd à force ?
Ouais c’est… (rires) On rigole par respect. C’est vrai que c’est toujours pareil et tout le temps.
Tu fais partie de la génération de combinés nordiques qui connaît l’arrivée des dames dans ce sport. Un circuit sans les filles c’était mieux non ?
(rires) Non non ! C’est très bien que les femmes arrivent ! Déjà pour notre discipline si on veut que ça reste olympique, et puis bon… si on peut se rincer l’œil un petit peu avant l’échauffement… (rires) !
- Depuis on parle moins d’homosexualité dans le sport ?
(fou rire) Ah… ça on en parle toujours autant, je crois que ça reste ! (rire)
- En tant que jurassien, c’est dur de se priver de fromage pour rester affûté ?
Et bien tu vas rire parce que je n’ai jamais aimé ça ! Donc ce n’est pas une privation. J’aime bien les fondues et d’autres trucs comme ça quand c’est chaud, mais le fromage j’en n’ai jamais mangé après un repas. Je n’aime pas spécialement ça. Je suis presque content dans le sens où c’est un truc pour lequel je n’ai pas à me priver.
- Combien de fois on s’est trompé en écrivant ou prononçant ton nom ? À 10 000 fois près ?
Alors là !… Je ne pourrai jamais les compter ! Encore ce matin j’ai appelé ma copropriété pour des renseignements et ils m’ont demandé encore d’épeler mon nom, comment je m’appelais… ils ne comprenaient rien ! En fait, il n’y a que à l’étranger où on le prononce toujours bien. Mais en France c’est un calvaire ! Même sur les notes d’électricité, alors j’hésite à payer ! (rires).
- Dans les médias c’est la même chose ?
Dans les médias maintenant ça va, ils arrivent à peu près à le faire. Tu vois, les journaux locaux et tout ça… je n’ai pas revu trop d’erreurs.
- Une mauvaise chute ça ne fait pas rire ?
(il réfléchit) Ouais si ça peut rire, parce que généralement on ne se fait pas mal. Le seul truc c’est si on se fait mal ou si on se fait peur ! Avec le vent on peut avoir de l’appréhension après être tombé même sans se faire mal. Donc généralement ça ne fait pas pleurer, mais c’est la peur surtout.
- T’es plus stressé au départ d’une course ou à une finale FIFA (célèbre jeu vidéo de foot) avec des potes ?
(fou rire) Là je ne peux pas comparer ! Fifa ça reste quand même LA grosse pression ! (rires) Surtout devant les copains, on ne veut pas se faire marcher dessus. Dur à dire ! Mais je t’avoue que quand on est sur la barre pour une grande compétition… on ne fait pas le malin ! Pas comme à Fifa (rires) !
- J’ai appris que tu étais fan de Zidane. Si tu dois voter pour le plus grand sportif français de tous les temps, il passe devant Lamy- Chapuis et Fourcade ?
Aaahhh…. (il hésite) Du point de vue sportif je ne sais pas s’il passe devant Martin, par contre du point de vue de ce qu’il a accompli encore après sa carrière en coach, en machin, en autre… Donc sûrement oui. Après c’est peut-être aussi parce qu’il (Zizou) est inaccessible pour un mec comme moi, alors que Martin finalement c’est une grande star mais je le croise. Martin est plus humain.
- Qu’est-ce qu’on envie à un footballeur quand on fait un sport d’endurance et du saut ?
Euh… (il réflechit) Je ne sais pas si on peut les envier, ou un petit peu sur l’aspect financier forcément… Tu vois qu’ils se gavent quand même fort, moi je commence à vivre de mon sport donc ça va mais bon… on n’est pas envahit par l’argent. Même au niveau du budget fédé on doit se serrer la ceinture, la recherche est un peu en standby par manque de moyens… des choses comme ça. C’est ça qu’on peut leur envier.
- Ta mère te surnomme « le trognard », tu peux nous expliquer ?
(rires) Haha oui ! Maintenant elle ne me surnomme plus trop comme ça, mais quand j’étais petit ouais ! Quand je perdais à des jeux de société j’étais incapable de me calmer. Il fallait que je fasse ma crise, je me tapais la tête contre le carrelage ou contre la porte, euh… j’étais une teigne ! Même quand ce n’était pas encore fini, il suffisait que je sente que je perdais le fil… je trichais ou je balançais les pions par terre !
- Et enfin tu penses à quoi là tout de suite ?
Haha ! Et ben là… Je pense à où je vais aller skier !
Photo : Nordic Focus Photo Agency