JOJ LAUSANNE 2020 – Jusqu’à mercredi, les Jeux olympiques de la jeunesse d’hiver battent leur plein entre la Suisse et la France. La délégation tricolore a déjà récolté 12 médailles. Nordic Magazine revient, avec Jeanne Richard, Auguste Aulnette, Margot Ravinel et Mathieu Garcia, sur cette première expérience olympique.
Toucher l’Olympe, c’est comme toucher le Graal pour un sportif. Ces derniers jours, de nombreux athlètes français essayent de décrocher une breloque olympique sur les pistes de ski des Diablerets, de biathlon des Tuffes, de ski alpinisme de Villars-sur-Ollon ou de luge, bobsleigh et skeleton de Saint-Moritz. Parmi eux, Jeanne Richard, argentée lors de l’individuel et, surtout, titrée avec Mathieu Garcia à l’issue du relais mixte simple de biathlon. « Je suis énormément satisfaite, s’enthousiasme celle qui est licenciée aux Gets (Haute-Savoie), encore sur son nuage. On ne peut pas rêver mieux qu’une médaille, en plus d’or ! J’ai vécu des moments mémorables. » Margot Ravinel, triplement médaillée en ski alpinisme sans parvenir à accrocher un titre, a également vécu une semaine de bonheur : « Déjà une médaille ça aurait été super, alors trois c’est fou », s’émerveille-t-elle. Mais comment ses jeunes sportifs âgés de 14 à 18 ans ont-ils géré cette soudaine exposition médiatique et les cérémonies protocolaires associées à leurs médailles ?
« On est passés de rien à tout »
En Suisse, la skieuse alpiniste Margot Ravinel n’avait pas Internet sur son portable ! « Je n’ai donc pas reçu beaucoup de messages. Je suis restée dans ma bulle de concentration malgré l’enchaînement des compétitions », révèle la Chamoniarde. Le skieur Auguste Aulnette, sacré en combiné alpin le deuxième jour des JOJ, avait 24 heures off avant de reprendre : « J’ai eu le temps de répondre aux nombreux messages. Les médias, les interviews, c’était directement après la course dans l’aire d’arrivée où j’ai fait sept médias. C’était nouveau pour moi mais ça s’est bien passé, je n’ai pas paniqué », explique-t-il, sûr de lui.
Pour Jeanne Richard, cela a été un défi de garder de l’influx et de la fraîcheur tant mentale que physique puisque ses deux médailles se sont succédé sur deux jours : « Avec Mathieu, on a essayé de récupérer tout en gardant les pieds au sol. On recevait énormément de messages. On était distraits par tout et nous n’arrivions pas à se recentrer sur nous-même. C’était super parce que c’était la première fois qu’on vivait ça. En plus, il fallait garder la forme, bien dormir. On a essayé de tout gérer. Après le titre c’était pire, continue-t-elle. On a été sollicités de tous les côtés jusqu’à ne plus avoir plus une minute à nous. On n’arrivait plus à donner le change. C’était 48 heures vraiment intensives. On est passés de rien à tout. »
« C’était la première fois que j’avais autant de sollicitations médiatiques à la fin de mes courses, explique le Villardien Mathieu Garcia. Ça a été pour moi l’occasion de m’entraîner à tout cela. Les interviews juste après la course, c’est un temps qui devrait être consacré à la récupération active. Mais le choix est vite fait entre cela et une médaille (rires). En contrepartie, on avait une physio dans le bus. Le temps de récupération était très optimisé pour qu’on soit le plus frais possible sur les courses qui, elles, s’enchaînaient. Entre 17h40 et 22h, je n’arrêtais pas entre les cérémonies et l’aller-retour à Lausanne. C’est quelque chose qu’il faut gérer pour profiter des petits moments où tu n’est pas sollicité pour relâcher la pression et ne pas lâcher trop d’influx nerveux. »
« Je n’ai pas de mots pour expliquer ce que j’ai ressenti »
Quand on pose la question de la remise de la médaille d’or et de La Marseillaise à Jeanne Richard, Mathieu Garcia et Auguste Aulnette, les voix s’illuminent et on les entend presque sourire. « La Marseillaise c’était vraiment mémorable ! On était là mais on savait plus quoi faire, avec Mathieu nous souriions sans aucune raison, s’esclaffe la double médaillée olympique. C’était fou ! On l’écoutait en essayant de la chanter mais avait le sourire jusqu’aux oreilles. Il ne se décrochait pas (rires). » « Quand tu montes sur le podium et que tu vois tout le monde en face de toi c’est fou. Ce sont les meilleurs moments dans la vie d’un athlète. Tu as vraiment l’impression de porter ton pays. Tu montres que les Français étaient les meilleurs », complète son coéquipier.
« Je n’ai toujours pas trouvé les mots pour expliquer ce que j’ai ressenti au moment de La Marseillaise, enchaîne le vainqueur du combiné alpin. C’était un moment fort et je l’ai juste savouré. Des amis étaient présents donc j’ai pu partager ce moment avec eux. » Jeanne Richard avait, en plus, la chance de concourir à domicile, sur le site des Tuffes de Prémanon (Jura) : « Le public nous poussait derrière chaque balle. C’était stressant mais on pouvait aussi s’aider de cela. » C’est, visiblement, ce qu’il s’est passé pour la Haut-Savoyard. Elle a vécu, comme Mathieu Garcia, Margot Ravinel et Auguste Aulnette, la plus belle semaine de sa jeune vie d’athlète. À 17 ans.
Mathieu Garcia « connaissais très peu » Jeanne Richard avant les Jeux
« Le titre lors du relais mixte simple, c’est la médaille qui restera le plus gravé en moi. Je l’ai partagée avec une personne que je connaissais très peu avant les Jeux. J’ai appris à la connaître en peu de temps. Partager cette médaille avec quelqu’un, c’est juste génial. Tu peux parler avec une personne qui ressent exactement les choses que toi à ce moment-là, c’est très enrichissant. Même sur le côté sportif, cette course m’a énormément apporté parce que tous les tirs étaient en confrontation avec énormément d’enjeux. Remporter un titre olympique à la maison, devant son public et dans une course de format très spectaculaire, c’est un souvenir incroyable. »
Photos : OIS.