Le mythique 50 km d’Oslo a été riche en rebondissements. Petter Northug et Dario Cologna ont joué un rôle important dans une histoire qui allait les faire souffrir. Leurs faiblesses a profité à Alexander Legkov. Le Russe a été impressionnant.
Alexander Legkov
Avant la finale de Falun, le 50 km classique d’Oslo ressemble sur le papier à un duel entre le Dario Cologna et Petter Northug. Le gros globe de cristal est en jeu (ou l’enjeu), c’est dire l’importance de cette épreuve mythique. 23 points séparent le Suisse du Norvégien.
Les deux skieurs n’auront de cesse de grapiller des points de bonification lors des sprints intermédiaires.
Après dix minutes de course à Hommelkolen, le peloton avance déjà en file indienne, contraint par l’ogre norvégien à un rythme rapide. Des cassures apparaissent, ce qui a pour conséquence d’accélérer encore le tempo, chacun craignant de descendre du train.
Au deuxième intermédiaire, Petter Northug, le Russe Alexander Legkov, déjà là, et le Suisse Dario Cologna occupent la tête, devant l’Américain Noah Hoffmann et le Vosgien Adrien Mougel, qui se situe à moins de quatre secondes.
L’échappée avortée
Un bataillon suédois va entrer en action, composé d’Anders Soedergren, Calle Halvarsson et Jens Eriksson. Le premier tente une échappée, avec le Norvégien Simen Andreas Sveen. Jusqu’à trente secondes les séparent du groupe des leaders après 25 minutes.
L’écart pourrait grossir encore, mais le peloton, convaincu que la tentative en cours est vaine, maintient les choses en l’état, sans excès. Ivan Perrillat-Boiteux, qui a manqué de peu une victoire au Marathon de l’Engadine la semaine dernière, est alors le meilleur Français, occupant la 9e place. Adrien Mougel est 34e, Robin Duvillard à proximité, 39e.
Comme prévu, les meilleurs mondiaux reprennent les choses en main. Une vingtaine de fondeurs suivent le Suédois Anders Soedergren, Alexander Legkov et Simen Andreas Sveen à l’entrée du stade. Dario Cologna et son compatriote Curdin Perl pointent respectivement à la 4e et 5e place. Un autre Helvète, Remo Fischer, vainqueur de la Mara, à Sainte-Croix/Les Rasses, est 14e, Perrillat-Boiteux 22e.
La surprise suisse
Débute alors une course d’attente. Le Russe Ilia Chernousov prend un temps la pole position. Petter Northug, 18e rang au 13e intermédiaire, joue une partition encore indéchiffrable.
Dans le stade, Remo Fischer et Curdin Perl se retrouvent seuls en tête, décidant de ne pas changer leurs skis, à l’instar des autres compétiteurs. Cette stratégie offensive va-t-elle payer ? Dario Cologna, aux côtés de l’Américain Noah Hoffmann, l’une des révélations de l’hiver, est resté, lui, aux avant-postes du peloton.
Les Suisses sont suivis par le Biélorusse Michail Semenov et le Finlandais Lari Lehtonen. Le premier rejoint le duo helvète, qui ne va pas assez vite pour gagner en confort. Derrière, Robin Duvillard reste aux affaires. Au 16e intermédiaire, le fondeur tricolore est 20e, Ivan Perrillat-Boiteux 26e.
A l’approche de la mi-course, Curdin Perl mène, avec Remo Fischer et Semenov. Dario Cologna enregistre le 7e temps, tandis que Petter Northug, 18e, se situe tout de même à 33,8 secondes. Le Norvégien est-il réellement à la peine ou feint-il d’être en mauvaise posture ? Suspens.
Trois hommes en tête donc, devant la masse que conduisent le Finlandais Lari Lehtonen et le Russe Alexander Legkov. Martin Johnsrud Sundby est également présent, ainsi que Sjur Roethe ou encore Johannes Duerr.
Le retour de Northug
Retour dans le stade. Le trio a été rejoint dans la précédente bosse par un duo norvégien, Sundby et Roethe. Les deux Suisses n’ont pas transformé l’essai ; ils vont changer leurs skis, contrairement à leur compagnon Michail Semonov.
A 25 km, rien n’est encore écrit. Tous les cadors peuvent encore monter sur la plus haute marche du podium. Dans le camp français, Robin Duvillard continue à skier parmi les potentiels vainqueurs. Christophe Perrillat-Colomb, 3e de l’Engadine dimanche dernier, a abandonné. Ivan Perrillat-Boiteux est 26e, derrière Petter Northug, toujours en retrait. Adrien Mougel est 49e, le Jurassien Romain Vandel 56e, avec le Suisse Toni Livers.
Nouvel intermédiaire : Alexander Legkov récolte les points, au détriment de Dario Cologna. Petter Northug réduit l’écart, mais il est encore à distance : 16e à 21,5 secondes.
Cela ne va pas durer. Le Norvégien avale les secondes, les unes après les autres. Avec gourmandise et détermination. Au 28e temps intermédiaire, il n’a plus que six dixièmes de retard sur le Suisse. L’Italien Roland Clara occupe conduit alors l’échappée.
Cologna à la peine
Les visages se durcissent après 90 minutes d’effort. Les principaux favoris n’ont pas lâché la corde. Ils se tiennent dans un intervale de huit secondes. C’est dire que tout est possible.
Cinq hommes ont pris une dizaine de secondes d’avance. Ils sont toujours emmenés par Roland Clara, Petter Eliassen et Alexander Legkov. Quatre hommes, dont Northug et Cologna, les poursuivent. C’est la configuration à l’entrée sur le stade, où l’on assiste à la perte de vitesse de Dario Cologna, malade il y a encore quelques jours. Le Suisse se bat courageusement, la bouche ouverte, tandis que son rival serre les dents pour rejoindre la tête.
Les sept mercenaires
Ils sont désormais sept mercenaires. Sept hommes en quête de succès. Deux Russes, trois Norvégiens et un Italien, solitaire, tandis que Petter Northug semble protégé par sa garde rouge. Sept hommes qui décident de ne pas changer de monture avant le dernier tour. Sept hommes quand il n’y a que trois places sur le podium. Sept hommes quand un seul sera sacré.
Encore huit kilomètres. Dans une bosse, Petter Northug éprouve à son tour quelques difficultés. Mais personne n’en profite. Aucune attaque visible, aucune tentative spontanée. Roland Clara réagit certes, mais avec un peu de retard. Il n’empêche, le leader norvégien a craqué, malgré le soutien de Tord Asle Gjerdalen, également à bout de force.
Ce sont donc cinq hommes qui vont chercher les points dans le dernier intermédiaire. Sundby, Eliassen et Richardsson… composent le trio de tête. Derrière, Robin Duvillard est toujours présent : 15e à 13 secondes.
Legkov au sprint
La fin est proche. Le sprint final s’annonce pour le club des cinq. Qui va attaquer ? Les nerfs sont tendus, les organismes fatigués, les visages énigmatiques. Dans l’avant-dernière bosse, ils ne sont plus que quatre, le Russe Ilia Chernousov a freiné. Il reviendra.
Petter Eliassen lance l’offensive. Le Norvégien n’est pas seul local de l’étape. Martin Johnsrud Sundby nourrit le même rêve. C’est sans compter Alexander Legkov qui s’élance et va finir par s’imposer, devant Sundby et Chernousov, de retour, qui finit à la troisième place.
Petter Northug finit 6e, Robin Duvillard 17e, Dario Cologna 19e, Ivan Perrilat-Boiteux 30e.