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Ski Nordique

Le ski sur herbe raconté par ses champions

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SKI SUR HERBE – Avec le réchauffement climatique en cours, un sport va prendre de plus en plus d’ampleur. C’est le ski sur herbe ressemblant à s’y méprendre au ski alpin : mêmes disciplines, mais absence de neige et de spatules, remplacées par des skis à roulements. Nordic Magazine met le focus sur ce sport particulier, avec trois de ses spécialistes.

 

La semaine dernière se tenaient en Suisse les championnats du Monde de ski sur herbe. C’est dans le Marbachegg, un spot réputé dans le milieu que les titres planétaires ont été décernés. « C’est peut-être la piste la plus dure du circuit », note le Tchèque Martin Bartak, numéro un mondial cette année et argenté en super-G dans le centre de la confédération helvète.

 

Un sport centre européen né dans les années 1960

La Suisse, l’Italie, l’Iran, l’Autriche, la République Tchèque et le Japon : voilà à quoi se résume le plateau mondial du grasski. « Je pense que les conditions pour pratiquer ce sport sont les meilleures en Europe centrale, glisse l’Autrichienne Daniela Krückel, quatre victoires en Coupe du monde. La plupart des courses ont lieu dans ces pays et presque toujours du vendredi au dimanche. »

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Martin Bartak, grasski, ski sur herbe

Le Tchèque Martin Bartak dans le Marbachegg lors du super-G des Mondiaux.

 

Le ski sur herbe est né en Allemagne en 1966. Au départ, l’idée est de lancer un variante du ski alpin pour que les spécialistes du sport roi des Jeux d’hiver puissent s’entraîner l’été venu : « Les créateurs de ce sport voulaient seulement skier au printemps », nous apprend Bartak. Comme ce nouvel entraînement ne s’est jamais imposé chez les alpins, des sportifs se sont spécialisés dans le ski sur herbe au début des années 1970. Le grasski prend alors son envol : 1971, première Coupe d’Europe; 1976, apparition des Championnats d’Europe; 1979, les Mondiaux voient le jour; 1985, le ski sur herbe intègre la FIS; 2000, la Coupe du Monde supplante la Coupe d’Europe.

 

« On ne peut pas s’arrêter brusquement »

Le principal élément qui différencie le ski sur herbe du ski alpin, c’est la décélération. « On ne peut pas s’arrêter brusquement puisque nous avons besoin de beaucoup d’espace pour nous arrêter », nous explique Jacqueline Gerlach, en tête de la Coupe du monde. « Vous ne pouvez pas freiner ou vous arrêter en mettant des dérives », précise Bartak.

 

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« Le ski est construit comme un char d’assaut »

 

Une autre différence majeure, c’est bien entendu, les skis en eux-mêmes : « Ils sont plus courts (60 à 110 centimètres, ndlr.) et plus hauts (environ 12 centimètres, ndlr.) que les skis des alpins, indique Krückel. Le ski est construit comme char d’assaut. Il y a un rail autour de ses éléments avec des rouleaux et des curseurs en mouvement, ces éléments sont attachés avec une ceinture. Il y a aussi un plastique autour de la ceinture, afin que peu de saleté ne pénètrent dans le ski. »

« J’achète mes skis au producteur tchèque Grasski (leader incontesté du marché, ndlr.) », ajoute Bartak.

 

ski sur herbe, grasski

Le départ constitue également une différence entre le ski sur herbe et le ski alpin : il est… acrobatique en grasski.

 

Et les skis, comment sont-ils préparés, entretenus ? Daniela Krückel nous éclaire : « Comme en hiver, vous devez préparer les skis en été avant les compétitions. Ils sont huilés avant chaque entraînement ou course et, après utilisation, ils sont lavés. Les rouleaux et les glissements sont les plus utilisés et donc souvent changés. En général, les éléments des skis sont assemblés par l’athlète lui-même. »

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ski sur herbe, grasski

Laver les skis après usage, une obligation.

 

« Le ski sur herbe ne deviendra jamais un sport professionnel »

Si dans la pratique, les athlètes n’opposent pas les deux sports, dans les faits tous les opposent. « Le ski sur herbe ne deviendra jamais un sport professionnel car il n’est pas populaire, pas adapté à la pratique de masse, touristique », assure Jacqueline Gerlach, fataliste mais réaliste. « Je gagne un peu d’argent en pratiquant le ski sur herbe. C’est bien pour un étudiant, mais pas assez pour le faire professionnellement », témoigne Bartak. Une Coupe du monde offre effectivement 270 euros à son vainqueur, une paille quand on sait que la saison dure deux mois tout au plus et que l’équipement coûte un certain prix (plus de 350 euros la paire de skis de compétition, par exemple).

 

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Jacqueline Gerlach en course lors du géant des Mondiaux.

 

« Ce n’est pas facile de développer mon sport »

Le ski sur herbe, sport de niche, est très difficile à développer. Mais, existe-t-il des pistes pour, au moins, essayer de le faire ? « Ce n’est pas facile de développer mon sport », commence d’emblée Martin Bartak, champion du monde juniors à domicile à Stitna nad Vlari le mois dernier. Le Tchèque, derrière ce vernis de résignation, donne tout de même un axe de développement : « Pour amener plus de pratiquants, il faudrait acheter ou emprunter des skis au producteur Grasski et laisser les skieurs d’hiver et la population les tester. C’est juste difficile de trouver une bonne piste pour réaliser cela. »

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« En Autriche, il n’y a actuellement que deux lieux d’entraînement »

 

Dans la même veine, Daniela Krückel, médaillée mondiale dans le Marbachegg, prône pour un essaimage large de son sport : « Le mieux serait que d’autres pays exercent aussi le ski sur herbe parce que ce n’est que lorsque les possibilités d’entraînement sont plus nombreuses que plus de personnes peuvent faire ce sport. En Autriche, par exemple, il n’y a actuellement que deux lieu d’entraînement. »

Il semblerait que le ski sur herbe commence à prendre de l’ampleur à travers le monde. « Au Japon, cela fonctionne vraiment bien, comme en Suède depuis quelques années. Il est aussi pratiqué en Iran comme à Taïwan. Je sais que le producteur a envoyé des skis en Grande-Bretagne, en Lettonie, en Russie et aux États-Unis », égraine Bartak, 19 ans et bien au fait de l’actualité du grasski.

 

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Voir cette publication sur Instagram

 

Die Grasskiweltmeisterschaft 2019 ist Geschichte. Es war ein toller Anlass. Herzlichen Dank an alle Athleten, Trainer, Betreuer, Medien, Fotografen, Helfer, Fans, und Zuschauer. Ihr alle habt dazu beigetragen, dass dieser Anlass unvergesslich bleibt. #grasski #wm #marbachegg #unescobiosphäreentlebuch

Une publication partagée par Grasski WM Marbachegg (@grasskiwm) le 19 Août 2019 à 4 :49 PDT

 

Un sport d’avenir à l’avenir olympique ?

Et si, un jour, le ski sur herbe entrait au programme olympique ? « Bien sûr que je rêve d’un avenir olympique pour le ski sur herbe, s’enthousiasme Bartak, mais, malheureusement, c’est probablement impossible. » Krückel étaye le propos de son congénère : « J’avais l’habitude de dire que ce serait bien que le ski sur herbe devienne un sport olympique. Comme cela n’est pas le cas, vous vous fixez d’autres objectifs, comme une victoire en Coupe du monde ou un globe. »

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Comme le grasski n’est pas olympique, peu d’argent y est injecté. Un cercle vicieux se met alors en place. « Avec le FIS c’est dur, dévoile Bartak. Nous ne sommes qu’un petit sport et le pire, c’est que nous ne sommes pas un sport olympique. Donc, personne ne veut y mettre un gros budget, donc… ça pourrait être mieux. » « Je pense qu’il y a beaucoup de sports marginaux dans l’ombre des sports populaires. Les gens sont plus intéressés à regarder des sports comme le ski alpin à la télévision », enrichit Krückel.

 

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L’Autrichienne Daniela Krückel lors du slalom des Mondiaux.

 

Avec le réchauffement climatique, le ski sur herbe est appelé à prendre de plus en plus d’ampleur. « C’est dommage (ce manque de médiatisation, de reconnaissance, ndlr.) parce que c’est un sport agréable et qu’il fait de plus en plus chaud. Il y a peut-être un avenir parce que vous n’avez pas besoin de neige, alors c’est possible de pratiquer le grasski à 300 mètres d’altitude. »

Martin Bartak a tout compris, sans doutes avant tout le monde. L’avenir nous le dira.

 

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Comment en sont-ils arrivés au ski sur herbe ?

Jacqueline Gerlach : « Je suis arrivé au ski sur herbe parce que j’ai rencontré une famille de pratiquants. Je travaille 60 heures par semaine et je fais mon sport quand même. C’est dur mais j’ai de bons résultats, je suis fière de mon palmarès. En hiver, je m’entraîne sur la neige pour l’été ; je fais aussi de la musculation et de l’endurance. Tout ce que font les coureurs de Coupe du monde de ski alpin en été, je le fais en hiver. »

Martin Bartak : « En 2006, il y avait une course de Coupe du monde à Ceske Petrovice, où j’habite. J’ai essayé plusieurs fois, grâce à mon oncle, et c’était agréable de skier aussi vite. Actuellement, je viens juste de finir le lycée et j’irai à l’université : je ferai ski sur herbe autant que possible. Je suis persuadé que la plus grande légende de ce sport est le Tchèque Jan Nemec qui a remporté 14 titres mondiaux. »

Daniela Krückel : « Ma famille a pris conscience de la petite ampleur que prenait ce sport. Mon frère et mon père ont commencé à en faire et, moi, à l’âge de 5 ans, je l’ai essayé pour la première fois. Je pense que j’ai participé à mes premières compétitions à l’âge de 6 ans, puis j’ai fais des courses scolaires et des nationales jusqu’en 2009. Depuis 2010, j’ai débuté les courses FIS et la Coupe du monde. Je travaille actuellement chez Wacker Neuson à Linz et je commencerai ma maîtrise en arts numériques en octobre. »


 

Photos : Grasski.net

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