« Peut-être ne me reconnaitra-t-il pas », se demande Léo Lacroix en montrant ostensiblement son accréditation. Albert de Monaco s’arrête et lui tend la main. « Bonjour Léo, comment allez-vous ? Je vous présente ma femme» Et la conversation s’engage, décontractée et sans protocole.
Dans le monde du sport, Léo Lacroix est une personnalité pour laquelle on prend du temps… même lorsqu’on est Prince de Monaco et membre du Comité International Olympique.
Léo est à Sochi pour la quinzaine, invité par Jean-Claude Killy, et, d’un site à l’autre, il savoure les délices olympiques.
La descente olympique est un moment particulier. Elle a été le fil conducteur de sa vie de champion. C’était il y a cinquante ans, à Innsbrück. Médaillé d’argent pour presque rien. Quelques instants plus tôt, il a croisé Egon Zimmermann, son vainqueur un demi-siècle plus tôt. Ils ont plaisanté de ce jour de gloire partagé sur le toit de l’Olympe.
Un peu plus loin, Matthias Mayer, se prend la tête dans les mains. Le fils du vice-champion olympique de super-G de Calgary, battu par Franck Piccard, vient de faire basculer son destin. Léo Lacroix le regarde se diriger vers le centre de la raquette, entouré de ses dauphins. Il sait ce que représentent ces pincées de temps qui transforment l’argent en or. « J’ai raté le Graal à trois reprises, à Innsbrück puis deux fois à Portillo, battu par Jean-Claude », glisse-t-il.
Mais même sans l’or, l’histoire de Léo le Jurassien devenu roi du ski en pente est belle. Fondeur et sauteur, il s’est transformé en slalomeur avant de filer vers son destin les bâtons sous les bras. « Ce n’était pas évident. Je me suis révélé dans un championnat de France, en 1958, à Valloire. Je pars 144e et je finis quatrième. C’est comme cela que j’ai obtenu le Coq. »
Léo reste au fond de son cœur le gamin de Bois d’Amont, fier de ses racines et amoureux de toutes les glisses. A Sochi, il montera sur le plateau de Laura où les nordiques sont rois.
« Vous vous rendez compte. Bois d’Amont, c’est 1 500 habitants, 15 médailles olympiques et mondiales… et cinq sélectionnés olympiques à Sochi »…
Ils auront dans un coin de tribune un supporter un peu particulier qui leur a montré la voix à suivre pour conquérir le monde.
C’était il y a cinquante ans, un jour de descente olympique.