RUBRIQUES – Chaque jeudi, Clément Mailler pose les skis pour prendre la plume et nous livrer ses chroniques ciselées.
Ça ne vous affectera sûrement pas, mais moi ça me blesse. Après une bonne chute, ou plutôt une mauvaise — enfin je vous laisse juger à la fin de cette chronique —, plusieurs semaines déjà que je fais face aux blessures et que je vis au centre ma retraite.
En plus d’une fracture dit-sociale, à ma droite, je souffre aussi d’une tendinite au genou. Mon médecin m’explique que c’est une tendinite fascia lata, qu’on appelle aussi le syndrome de l’essuie-glace. Il me rassure en me racontant :
« L’autre jour, un client est venu me voir pour un syndrome de l’essuie-glace, il avait eu un gros impact. Par chance, il n’y avait pas encore de fissure, et avec un peu de glace, en moins de dix minutes c’était réparé. Car glace répare, car glace remplace. Et en plus, avec toute la franchise de votre médecin, ça vous coûte un rein ! »
Comme un bonheur n’arrive jamais seul, j’ai aussi une hernie fiscale !
Ça commence à faire un moment que j’ai du mal à joindre les deux bouts, surtout avec tout ce que j’ai sur le dos. Je n’ai bientôt plus de crédit sur ma carte virale et n’ai plus d’autre choix que de me faire lever mon immobilisation, ce qui va encore me coûter un bras. Mon médecin me conseille d’aller quelques semaines dans un centre me faire suivre. C’est comme chez Leclerc, pas de notaire, pour les grandes surfaces c’est une période de rééduc’.
Me voilà donc forcé à rester allongé dans mon lit d’hospice. Mes orteils vont finir comme des esquimaux, ou plutôt des ecchymoses, quand ils seront bien bleu. Je n’ose pas me lever pour aller marcher dans le couloir, de peur de me faire dénoncer par mon voisin de chambre, et d’autant plus que je suis pied nu. À tous les coups je vais me faire engueuler si l’ami-cause. En plus l’homme de ménage vient de refaire le sol, et avec ma chance, je vais encore me lustrer l’épaule, et ce serait pas du luxe.
C’est ainsi et dans cet état que je soigne ma maladie chronique qui fête déjà son dixième semiversaire ; c’est comme un anniversaire mais en semaine.
Et pour la suite, il ne me reste plus qu’à suivre l’actu-alité.
À jeudi prochain pour notre prochain brancard.
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