Il écarte les skis et monte en canard. Plante ses bâtons et avance. Coûte que coûte. La neige rendue difficile par la chaleur l’oblige à redoubler d’effort. Dans la descente, il manque de tomber et se rattrape d’un mouvement qu’on n’apprend pas dans les écoles de ski. Nadeem Iqbal est Indien. Il fait partie des athlètes qui ont défilé à la cérémonie d’ouverture derrière le drapeau olympique car son comité national est suspendu pour une affaire de corruption.
Il se bat et avance dans cet élément qui ne lui est pas naturel. Il finit 85e, à plus d’un quart d’heure de Dario Cologna, juste devant Dawa Sherpa, le roi du trail qui participe à ses troisièmes Jeux Olympiques d’hiver pour le Népal. Roberto Carcelen, le Péruvien, dernier du 15 km classique, a laissé presque 28 minutes dans son combat.
Ce sont les autres Jeux. Ceux des nations pour qui l’important reste encore de participer. Derniers disciples de Coubertin, ils se lancent dans la bataille avec énergie et bonne humeur.
Leur histoire est souvent belle, mélange de passion, de hasard et de défi et le public aime les pousser à se transcender.
Jaqueline Mourao est brésilienne. Entre fond et biathlon, elle a choisi… les deux et s’aligne dans trois courses à Sochi. Elle est une ancienne de l’Olympisme avec cinq participations, trois l’hiver et deux l’été, en VTT.
« J’habite au Québec. Une année, il a tellement neigé que je me suis mise au ski pour pouvoir m’entraîner. Cela m’a plu. On est dans la nature, comme en VTT. »
Dans l’individuel, Jaqueline a laissé 7 balles en route et finit 76e mais elle sourit. Jeux de Rio obligent, le Brésil est venu en force en Russie avec la plus grosse délégation d’Amérique du Sud. « Je suis heureuse d’avoir porté le drapeau lors de la cérémonie d’ouverture », dit-elle.
« Disputer les Jeux pour un petit pays, ce n’est pas venir sans ambition », dit Laure Soulié. Née en Andorre, elle vit dans le Vercors et partage le quotidien de l’équipe de France de biathlon. En janvier, elle a fini neuvième de l’individuel de Ruhpolding. Un peu déçue de ses résultats à Sochi, elle est fière de porter les couleurs du pays où elle est née. « Je porterai le drapeau à la cérémonie de clôture », se réjouit-elle.
Le symbole de cet Olympisme joyeux, sans pression, ni ambition est mexicain. Hubertus Von Hohenlohe dispute, à 55 ans, ses sixièmes Jeux Olympiques en ski alpin. Fils du Prince Alfonso d’Hohenlohe et d’Ira de Furstenberg, il a été chanteur, jet-setteur, photographe … et skieur. Il est là pour l’amour du sport et l’honneur de ces nations « exotiques » qui écrivent aussi l’histoire des Jeux.