SKI DE FOND – Le fondeur du Grand-Bornand Lucas Chanavat, meilleur sprinteur français de l’hiver et auteur d’un podium au classement du sprint, se confie dans un long entretien : sa saison, la désillusion des Jeux olympiques, le rebond nécessaire…
- Lucas Chanavat, vous êtes entré dans l’histoire du ski de fond français en prenant la 3e place du classement sprint de la coupe du monde, une première pour un tricolore. Quelles émotions avez-vous vécu sur ce podium aux côtés de Johannes Klaebo et Federico Pellegrino ?
Beaucoup de plaisir avec ce podium du classement sprint de la coupe du monde. Étant 4ème avant cette dernière étape je savais qu’il fallait que je fasse une grosse course pour pouvoir reprendre la 3ème place définitivement. Je suis satisfait d’avoir su réunir mes forces pour le faire et c’est un honneur de me retrouver sur le podium au côté des 2 meilleurs sprinteurs de l’hiver.
- Ce podium fait suite à votre belle 3e place décrochée lors du sprint de Falun, derrière justement les deux hommes forts de l’hiver en sprint. Au delà de la symbolique forte, avez-vous le sentiment du devoir accompli à l’issue de cette saison de coupe du monde ?
Oui je suis satisfait de cette saison mais il manque une médaille Olympique pour l’être réellement.
« Garder cette dynamique de progression »
- Avez-vous le sentiment d’avoir encore gagné, cet hiver de coupe du monde marqué par quatre podiums, en régularité au plus haut-niveau ?
J’ai, je pense, eu la même régularité que les autres années, en fait je suis surtout content de ma progression constante au cours des 3 dernières années.
- A quand la première victoire que vous avez touchée du doigt plusieurs fois cette année ?
La victoire sera un de mes principaux objectifs dès la prochaine saison pour garder cette dynamique de progression.
- Un mot sur le phénomène Klaebo qui s’empare de son deuxième globe du sprint et de son premier gros globe, sans compter ses trois titres olympiques à seulement 21 ans…
Ce qu’il fait est impressionnant et pour ma part c’est assez motivant de tout mettre en œuvre pour essayer de battre un des meilleurs fondeurs de l’histoire.
- Pourtant, le bilan de cette belle saison a été noirci par des Jeux olympiques manqués. Que s’est-il passé pour vous à Pyeongchang autant en individuel que lors de votre “éviction” de l’équipe du team sprint ? Et comment avez-vous vécu ces moments difficiles ?
Pour moi les Jeux ont été à titre personnel la plus mauvaise expérience sportive de ma vie. J’ai eu du mal à rebondir à l’issue des Jeux et jamais eu autant de difficulté à trouver de la motivation et du plaisir à l’entrainement. Cependant je suis ravi d’avoir su trouver les forces au bon moment pour repartir et ne pas lâcher ce podium au classement général.
« Le ski de fond, c’est toute ma vie »
- Vous avez écrit sur les réseaux sociaux avoir dû « retrouver le simple plaisir de skier de nouveau » à Sjusjoen après la « pire expérience de votre carrière sportive ». Votre peine était aussi immense à ce moment là ?
Oui, le ski de fond c’est toute ma vie, depuis très longtemps je mets tout en place pour accomplir mes objectifs. A l’issue de mon opération du dos et durant les trois dernières années tout mon travail était axé sur les Jeux. Au fil des ans chaque étape avait été coché avec succès et je me sentais prêt pour l’ultime étape, c’est pour cela que la désillusion fut d’autant plus grande.
- Votre déconvenue a aussi ému vos collègues médaillés Richard Jouve et Maurice Manificat qui ont de suite eu une pensée pour vous. Symbole d’un bel état d’esprit dans cette équipe de France ?
En effet, je pense que cet état d’esprit est assez facilement visible de l’extérieur.
« Plus beaucoup d’énergie pour finir l’hiver »
- Ce podium au général du sprint permet-il “d’atténuer” la déception qu’a été la votre au retour des Jeux ? Permet-il de se rebooster pour une prochaine saison à venir ?
Effectivement il aide à atténuer cette déception mais ce sont surtout mes objectifs à venir et à long terme qui sont ma source de motivation pour continuer à aller de l’avant.
- Lucas Chanavat, la saison n’est pas encore terminée, il reste les championnats de France de Prémanon. Dans quel état d’esprit abordez-vous cette dernière ligne droite ?
Je rentre actuellement de Chine où j’ai fait un sprint en ville, une première pour la Chine et pour moi. Désormais il me reste le sprint des Championnats de France de Prémanon et ensuite je prendrai ma coupure qui me fera le plus grand bien, j’avoue qu’il ne me reste plus beaucoup d’énergie en cette fin d’hiver.
Photo : NordicFocus