Markus Cramer : bilan et perspectives
« Notre boulot n’est pas de participer à des compétitions, mais de batailler pour des médailles dans toutes les courses. » Markus Cramer, entraîneur allemand de l’équipe russe de ski de fond, résume d’une phrase la feuille de route qu’il s’est fixée.
Un discours taillé aussi pour ses troupes : « Seuls les athlètes qui concourront pour une place dans l’équipe olympique russe sont restés dans mon groupe », indique-t-il sur le site vk.com. A sa demande, il a aussi accueilli Alexander Bessmertnykh (qui a le 15 km classique dans le viseur). Les Italiens Federico Pellegrino et Francesco de Fabiani ont également demandé à travailler avec lui.
Même si tout n’a pas été parfait la saison dernière pour ses athlètes. Il attribue néanmoins des bons points points à Yulia Stupak, deuxième du classement général de la coupe du monde derrière l’Américaine Jessie Diggins : « Elle a fait une saison fantastique ! », dit-il, regrettant toutefois qu’elle n’ait pas transformé l’essai aux Mondiaux d’Oberstdorf. Fatiguée après le Tour de Ski, elle n’a pas pris le temps de récupérer.
Les autres membres de son groupe ont aussi manqué ce qui a été le temps fort de l’hiver : « En début de saison, les résultats d’Evgeny Belov et Gleb Retivykh étaient prometteurs », mais ils n’ont pas abordé le rendez-vous bavarois avec la même forme. Sergey Ustyugov n’a pas pu mieux faire, mais il avait raté la majeure partie de la saison en raison de la Covid-19. Une infection qui s’est ajoutée à la longue liste des problèmes qu’a dû affronter le skieur.
« Je suis satisfait des progrès réalisés par Artem Maltsev, qui devient de plus en plus fort chaque année. Aux championnats du monde, il a failli avoir une médaille individuelle et il est monté sur le podium en relais », ajoute-t-il.
Mais le coach aime à rappeler dans quel contexte il avait fallu se préparer avant d’avaler ce programme : « Nous ne savions pas où nous allions nous entraîner le mois d’après, où nous irions. Nous n’avons pris l’avion pour l’Europe qu’à la mi-octobre et le seul stage en moyenne montagne a eu lieu en août dans la région de l’Elbrouz [dans le nord du Caucase, en Russie, NDLR]. L’endroit en lui-même est génial, mais les conditions d’entraînement sont extrêmes », raconte-t-il.
Je soutiens Alexander [Bolshunov]. Et pas seulement parce que je suis l’entraîneur de l’équipe nationale russe. Markus Cramer à Vk.com
Heureusement, la situation a changé. « Les préparatifs de la saison olympique ont clairement commencé comme prévu. J’espère que cela va continuer », se rassure le coach. Un premier regroupement a pu se tenir à Ramsau (Autriche). Demain, un second débutera à Otepää (Estonie) et durera dix jours. Un séjour en Suède devrait suivre.
Des ajustements ont été faits. Ils prennent en compte la spécificité des prochains JO. « Le ski de fond à Pékin se déroulera à une altitude d’environ 1800 mètres et nous essaierons d’effectuer notre stage d’hiver dans des conditions similaires. Nous avons besoin de plus de jours d’entraînement en altitude », annonce ainsi Markus Cramer.
En Russie, la sélection pour Pékin 2022 sera très serrée. En Chine, seuls huit hommes et huit femmes seront présents. Un fondeur toutefois, Alexander Bolshunov, n’a pas trop de souci à se faire. Il prendra le départ des courses olympiques où il affrontera le Norvégien Johannes Hoesflot Klæbo.
« Je pense que ce sont des skieurs du même niveau. Klæbo est sans conteste le meilleur sprinteur du monde, mais Bolshunov est plus fort dans les courses de distance. En mass-start, ils sont à égalité. Mais je soutiens Alexander. Et pas seulement parce que je suis l’entraîneur de l’équipe nationale russe. Bolshunov a une excellente technique, surtout en classique, il mène toujours la course, tandis que Klæbo s’appuie davantage sur sa tactique. Alexander ne compte pas seulement sur l’arrivée au sprint, mais casse le peloton afin que 15 à 20 autres skieurs ne l’accompagnent pas jusqu’à la dernière partie de la course. Il se bat tout au long de la compétition, et pas seulement à un moment donné, et c’est impressionnant », estime Markus Cramer.
A propos du 50 km des Mondiaux d’Oberstdorf, l’Allemand est catégorique. La Fédération internationale de ski a eu raison de disqualifier le Scandinave : « [Bolshunov] était devant et pouvait choisir son couloir. Dans celui où il s’est engagé, il n’y avait pas de place pour Klæbo. Mais le Norvégien est resté. Il a été disqualifié sur la base des règles. Après tout, auparavant, il y avait eu une situation similaire à Lahti. Bolshunov était à la place de Klæbo et avait également été reconnu coupable. Certains peuvent aimer le règlement, d’autres non, mais deux épisodes identiques ont été interprétés de la même façon. »
Si les skieurs de son groupe brille à Pékin, Markus Cramer pourrait poursuivre sa mission. Même si le prix à payer est élevé : « J’aime travailler avec eux, mais il faut comprendre que je passe environ 250 jours par an loin de ma famille. » En cas d’échec, il n’a aucun doute. Il sera remercié.
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