Martin Collet : « Être sur le podium, c’était vraiment super pour moi »
Il en aura fallu du temps, mais Martin Collet est bel et bien de retour au niveau qui est le sien. Après deux années noires sans le moindre résultat satisfaisant et une blessure au talon d’Achille qui l’a éloigné sept mois des pistes de fond, le licencié de Chamonix s’est emparé, dimanche dernier, de la troisième place du 15 km classique de l’OPA Cup de Prémanon.
Juste avant d’entamer ce vendredi le dernier week-end de coupe d’Europe à Pokljuka, Martin Collet est l’invité de Nordic Magazine. Il livre son ressenti sur ce résultat dans le Jura, parle de sa saison, ses objectifs et de ses « rêves olympiques ».
- Vous sembliez réellement soulagé sur les réseaux sociaux après votre podium à Prémanon. Comment vous sentez-vous après cette troisième place ?
Être sur le podium, c’était vraiment super pour moi. J’étais très content, parce que cela faisait deux années que j’enchaînais les galères, avec une saison compliquée sportivement et puis, la suivante, une blessure. Cela fait un petit moment que je lutte pour retrouver mon niveau. Ce podium vient valider la bonne préparation que j’ai pu faire cet été avec le groupe B et la bonne dynamique qui était là depuis le début de l’hiver. J’ai été globalement en forme depuis le début de la saison. Il a manqué un petit peu de courses pour que cela puisse se voir sur les résultats mais j’ai toujours pris beaucoup de plaisir. Et que cela se concrétise par un podium, c’est génial. Cela me permet d’aborder le dernier week-end de coupe d’Europe sereinement.
Il fallait absolument que j’arrive à surmonter ça, même si je savais que ce serait dur et long.Martin Collet, équipe de France de ski de fond, à Nordic Magazine
- Revenir au haut niveau et réussir à réaliser une telle performance après deux ans extrêmement compliqués n’a pas dû être simple pour vous, notamment dans la tête. Où pensez-vous avoir puisé cette force mentale ?
Après ma saison de senior 2, j’étais très déçu de mes résultats, parce que j’avais fait des erreurs dans la préparation qui m’ont frustrées. J’avais à cœur de repartir sur une belle dynamique, ce que j’ai réussi à faire l’an passé. Quand ma blessure est venue tout arrêter, je me suis vraiment dit que cela ne pourrait pas complètement casser mon élan. Il fallait absolument que j’arrive à surmonter ça, même si je savais que ce serait dur et long. C’était une épreuve de plus mais je me devais de la surmonter. J’ai eu la chance d’être bien entouré par mes proches, les entraîneurs de la fédération puis par le staff médical de la FFS, mais également celui de la réathlétisation d’Albertville et du CERS de Saint-Raphaël. Physiquement, cela m’a beaucoup aidé. Mentalement, j’ai travaillé avec un préparateur mental, j’ai bossé sur moi. Cela m’a donné du temps pour prendre un peu de recul sur ma façon de voir mon sport et la façon dont je voulais le pratiquer.
Quand je suis reparti au printemps dernier, j’étais vraiment gonflé à bloc. Et puis j’avais vraiment un super groupe d’entraînement. Toute l’année, j’ai pris énormément de plaisir avec eux. On avait une équipe qui était très dense et on s’est tous tiré vers le haut. Je pense que cela a beaucoup joué dans la saison que j’arrive à faire cette année.
- Comment s’est passé votre retour sur les skis ? N’était-ce pas trop dur physiquement après sept mois d’absence et une opération ?
Sincèrement, non, ça ne l’était pas. Je manquais certes de sensation à mon retour sur les skis, mais je pense que j’ai comblé ce manque grâce à mon travail de préparation mentale. J’ai très vite pu retrouver mes repères et engranger de la confiance, à mesure de mes progrès. Cet hiver, cela n’a pas été difficile du tout, car j’étais très content de pouvoir reprendre la compétition. Je ne me suis pas mis la pression et je ne me suis imposé aucun objectif. Je voulais juste prendre à nouveau du plaisir sur la piste.
Je ne pouvais plus marcher.Martin Collet, équipe de France de ski de fond, à Nordic Magazine
- Pendant votre absence à cause de ta blessure au tendon d’Achille, qu’est-ce qui était le plus difficile à vivre ?
Pour moi, le plus dur pendant ma blessure, c’était le travail physique. Quand j’ai commencé la rééducation, un mois et demi après l’opération, je ne pouvais plus marcher. Au début, on se dit que le chemin va être très long avant de pouvoir refaire de la compétition. Quand on en est au stade où on a du mal à bouger ses orteils, parce qu’il n’y a plus trop de muscle, c’est vraiment compliqué de se projeter.
J’ai beaucoup discuté avec d’autres athlètes qui s’étaient déjà blessés et ils m’ont fait comprendre qu’une blessure, c’était aussi l’occasion de faire d’autre chose, de couper avec le milieu du ski. Je l’ai ressenti et ça m’a fait du bien.
Finalement, j’ai pu remonter sur les skis, au mois de mars 2020.
- Ce week-end, vous êtes à Pokljuka, pour la dernière OPA Cup de l’hiver. Quels sont vos objectifs ?
Je reste sur la même dynamique que depuis le début d’hiver. Je veux prendre du plaisir et construire mes courses en me concentrant sur moi. Si il y a vraiment un truc que j’ai pu comprendre avec ma préparation mentale, c’est que les résultats découlent du plaisir que j’arrive à prendre.
Je ne me fixe plus trop d’objectifs comptables, parce qu’au final, cela ne dépend pas que de moi. Si les autres sont meilleurs, ils sont meilleurs et c’est comme ça. Par contre, si j’arrive à produire mon meilleur ski, à tout donner et à prendre du plaisir, ce sera un week-end réussi pour moi. Je veux vraiment finir la saison en passant des bons moments sur la piste.
- Avez-vous une feuille de route et des envies particulières pour la saison prochaine ?
Cette année, j’avais vraiment l’objectif de monter en coupe du monde. Ça ne l’a pas fait mais je ne suis pas forcément déçu. Malgré tout, c’est une saison qui a été tronquée, il y a eu moins d’opportunités de se montrer. Mais je suis convaincu que mon niveau physique était bon, même si je n’ai pas coché cet objectif-là. L’année prochaine, j’ai très envie de monter en coupe du monde. Et puis, c’est une année olympique. Si je disais que je ne rêve pas des JO, ça serait mentir. C’est quelque chose de très fort dans une carrière. Rien que de pouvoir se préparer en se disant qu’on va pouvoir jouer la sélection pour les Jeux, c’est quelque chose de fort.
Maintenant, je ne changerai pas la dynamique que j’ai en tête. Je reste convaincu que si je veux être au meilleur niveau possible, il faut que je m’épanouisse dans ce que je fais. Ça ne passe pas par le fait d’être à 100 % focalisé sur les Jeux olympiques.
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