Martin Fourcade Nordic Festival : le biathlon running du dimanche
Le week-end dernier, la deuxième édition du Martin Fourcade Nordic Festival se tenait à Annecy (Haute-Savoie). L’occasion pour le public de retrouver les plus grands biathlètes du circuit de la Coupe du monde. Au programme de ces deux jours, des mass-starts en biathlon et en ski de fond, avec le gratin de la scène internationale.
Après les victoires d’Anaïs Chevalier et de Sturla Holm Lægreid le samedi, c’était au tour des sportifs en herbe de se mettre dans la peau des biathlètes. Le dimanche matin était réservé aux jeunes, avant le biathlon running prévu l’après-midi.
Le but du biathlon running ? Effectuer le plus de tours possible, en relais, pendant trois heures. Sur une boucle d’environ 900 mètres, jalonnée par des obstacles et du tir à la carabine à 10 m en fin de parcours, plus de 90 équipes se sont affrontées sous la chaleur et dans la bonne humeur.
La seule contrainte était de blanchir les cinq cibles pour pouvoir transmettre le relais à ses coéquipiers. Peu importe qu’il faille cinq balles, quinze ou trente pour y parvenir. Une course ludique, teintée d’un défi sportif et d’espoirs de podium pour quelques participants.
Nordic Magazine a demandé à la journaliste Marie Le Bobinnec de raconter cette journée au terme de laquelle son équipe a goûté à la victoire.
Martin Fourcade Nordic Festival : les Auvergnats dans la place
C’est d’ailleurs cet espoir de podium qui a motivé notre délégation auvergnate. Passionnées de biathlon, avec ma sœur jumelle nous sillonnons la France et l’Europe pour suivre les biathlètes. Lorsque le biathlon running a été créé, nous avons sauté sur l’occasion de lier notre attrait pour ce sport d’hiver et notre pratique de l’athlétisme.
Après une 16e place sur le premier MFNF en 2019, nous avons décidé de nous présenter à la deuxième édition avec une équipe féminine et une équipe masculine afin de mettre toutes les chances de notre côté pour aller chercher un podium. Avec ma sœur, nous avons motivé les troupes au sein de notre club d’athlétisme dans le Puy-de-Dôme, le CAL Riom. Nos amis ont répondu présents et nous nous sommes lancés dans l’entraînement, motivés comme jamais !
Notre secret de veille de course ? À ne pas partager pour ne pas entacher notre (apparente) préparation d’athlètes. Mais comme nous sommes dans la confidence, autant aller au bout des choses. Touristes à Annecy, nous avons profité de nous promener toute la journée et faire des courses de pédalo à s’en donner mal aux cuisses. Le pire reste tout de même le traquenard dans lequel nous nous sommes retrouvés, à savoir un bar fort chaleureux où nous avons un peu trop goûté au génépi local.
« L’ambiance était fébrile, en témoigne la chute qui a secoué la première ligne »Marie Le Bobinnec
Le matin de la course, nous n’étions certes pas très frais, mais prêts à en découdre et tout donner sur la piste ! Nous avons commencé par récupérer nos dossards, qui portaient nos noms d’équipe, non sans rappeler nos origines : Les Formidables Auvergnats pour les garçons et Les Commères Volcaniques pour les filles.
Une fois cela fait, nous avons reconnu le parcours et les différents obstacles disséminés tout au long des 900 m de la boucle : un champ de pneus à traverser, ramper sous des filets, passer au-dessus et sous des haies en bois et enfin traverser un labyrinthe d’élastiques. Après l’échauffement collectif, nos deux premiers athlètes se sont présentés sur la ligne, le couteau entre les dents et la boule de stress coincée dans la gorge.
Nous avions mis nos meilleurs coureurs sur le premier relais car, pour éviter les embouteillages au pas de tir, ceux qui prenaient le départ ne devaient pas effectuer un tour mais deux à la suite. L’ambiance était fébrile, en témoigne la chute qui a secoué la première ligne et dans laquelle notre relayeuse a été entraînée. Un genou et une épaule en sang ne l’ont cependant pas empêchés de repartir de plus belle pour rattraper son léger retard.
Nous avions choisi d’effectuer seulement un tour chacune et de nous transmettre le relais en suivant le même ordre. Seulement, au bout d’une heure de course, lorsque nous avons appris que nous étions deuxièmes, avec une trentaine de secondes de retard sur Les Reines des neiges, la tactique est entrée en jeu. Les plus fatiguées d’entre nous ont sauté un tour pour récupérer un peu plus.
« Les jambes commençaient à se faire de plus en plus lourdes, mais notre détermination n’en était que plus forte »Marie Le Bobinnec
Peu après la mi-course, alors que je transmettais mon relais à ma sœur, trois de mes coéquipières se sont jetées sur moi pour m’annoncer que nous étions en tête du classement féminin. S’en est alors suivi une nouvelle réunion stratégique pour la deuxième moitié de l’épreuve. Nous avons mis nos deux meilleures coureuses plus régulièrement, pour creuser l’écart avec nos poursuivantes.
Les jambes commençaient à se faire de plus en plus lourdes, mais notre détermination n’en était que plus forte. D’autant plus que les garçons étaient aux coudes-à-coudes avec la Team Chartreux pour le classement masculin. L’espoir insensé d’un doublé a alors commencé à faire son chemin dans nos esprits embrumés par l’effort mais guidés par le désir d’être tous ensemble sur le podium.
Malgré notre volonté de monter sur la boîte, c’est moins la compétition qui nous a menée pendant toute la course, que la jovialité et la convivialité de ce moment partagé. Sous une grande chaleur, heureusement que les nombreux bénévoles étaient présents pour nous arroser régulièrement pendant le parcours et à la fin de nos relais.
Courir au milieu de grands champions était également un moment symbolique. Plusieurs d’entre eux participaient en effet au biathlon running. C’est le cas notamment des retraités Marie-Laure Brunet, Jean-Baptiste Grange, Julien Lizeroux, Robin Duvillard, voire d’athlètes en activité avec par exemple Antonin Guigonnat qui, sûrement pas assez fatigué par sa course la veille avec les biathlètes internationaux, s’est mêlé à nous pendant trois heures.
« Une grande effusion de joie a fait trembler la piste à la fin du compte à rebours, sous les salutations de Martin Fourcade »Marie Le Bobinnec
La fin du temps imparti approchant à grandes foulées, nous avons à nouveau envoyé notre meilleur élément pour terminer. Dans les dernières secondes, un amas de coureurs était agglutiné sur la zone de transmission de relais pour fêter les ultimes moments de la course. Une grande effusion de joie a fait trembler la piste à la fin du compte à rebours, sous les salutations de Martin Fourcade, qui a tapé dans la main des coureurs sur la ligne d’arrivée.
De notre côté, après 37 tours, nous terminons 40e et première équipe féminine. Contrat rempli ! Et même doublement rempli puisque que les garçons sont venus à bout de leurs adversaires pour décrocher la première place au classement masculin. Petite déception toutefois puisqu’ils ne terminent « que » 4e au scratch et ne montent donc pas sur le podium, devancés par trois équipes mixtes.
Les jambes légèrement tremblantes, le souffle court et les joues rougies par le soleil, c’est avec un grand sourire aux lèvres que nous rejoignons la boîte.
Nous repartons dans nos montagnes puydomoises avec des souvenirs plein la tête, mais surtout avec de nouvelles envies pour l’année prochaine. Le rendez-vous est déjà coché pour la troisième édition du MFNF !
Les résultats
L’album photos
Les résultats de l’épreuve des jeunes du dimanche
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