BIATHLON – Ses impressions, ses sensations, et son avenir… Martin Fourcade revient sur sa saison après sa dernière sortie en coupe du monde à Tyumen.
- Martin Fourcade, que dire de la course du jour ?
Pas trop envie de parler de la course du jour. Pas grand chose qui à fonctionné aujourd’hui. Le tir couché, la glisse. De toute façon je n’avais pas le bon matériel pour performer aujourd’hui. C’est dommage de finir la saison comme ça. Il y a deux ans, je finis la saison sur un non-départ à la poursuite et une mass-start annulée mais ça ne m’avait pas empêché de revenir l’année d’après.
- Insister sur l’aspect mental à la fin de la course, qu’en est-il du votre ?
J’ai beaucoup progressé au tir cette saison. Sur la course d’aujourd’hui, avec l’objectif de finir dans les 28 premiers de la mass-start, je me suis rendu compte de ce que peut nous faire faire notre cerveau en bien ou en moins bien. On peut se rendre compte qu’on a poussé la machine très loin.
Je veux profiter des semaines à venir pour profiter, savourer.
- Justement aujourd’hui, vous ressentez de la satisfaction ou de la fatigue ?
Je finis sur une belle semaine ici à Tyumen avec deux victoire. C’est une saison avec onze victoires, le septième globe qui sourit. Des sensations, des émotions et une fierté qui sont immenses et je ne veux surtout pas banaliser ça. Je veux profiter des semaines à venir pour profiter, savourer.
On va boucler ce cycle de Pyeongchang pour en recommencer un autre de deux ans.
- Le prochain cycle est de deux ans. Pas plus ?
Le prochain cycle est de deux ans, oui. Après chaque cycle peut en entraîner un nouveau mais l’équipe de France de biathlon n’est pas Martin Fourcade. Pour certains c’est un projet de quatre ans. Des gars comme Quentin Fillon-Maillet, Simon Desthieux ou Antonin Guigonnat ont en vue Pékin.
Et pour l’instant c’est impossible pour moi de me projeter sur ces quatre ans. Et voir dans deux ans si j’ai cette envie de repartir.
- Qu’attendez-vous de votre saison prochaine en termes d’améliorations ?
J’ai vraiment été moins bon sur les skis cette année que l’année passée. J’avais vraiment une bonne marge sur mes adversaires les saisons passées et cette année un peu moins. D’autant que Johannes Boe a été meilleur et ça augmente le contraste.
- Comment gérer la saison post-olympique à venir ?
Bien sûr il y a de la fatigue. Il reste encore deux semaines bien denses. J’avais débuté l’année avec un manque de fraîcheur. Je dois remettre tout ça à neuf et repartir avec des motivations intactes. Chaque chose en son temps, je dois prendre mon temps et reconstruire un projet ambitieux sur deux ans avec, peut-être, un changement dans le staff.
- Si vous deviez souligner une déception cette saison, laquelle serait-elle dans une saison aussi ample et aussi dense ?
Je n’en ai qu’une. C’est l’individuel olympique. Je ne vous dis même pas le sprint car sur l’individuelle c’était vraiment une erreur de ma part je devais être champion olympique, j’avais maîtrisé la course.
- Et votre plus belle satisfaction ?
J’hésite entre la poursuite et la mass-start olympique. C’était des courses magnifiques. L’ensemble de la saison et l’émotion ressentie ce jeudi pour l’obtention du globe. Ça synthétise un grand bonheur d’avoir réussi ça, d’avoir réussi cette saison. Je fais quand même podium sur chacune de mes courses de la saison, sauf aujourd’hui. J’attends quand même le biathlète qui viendra battre le record (il rit).
- Qu’est ce qui est acté pour le staff des saisons à venir ?
C’est compliqué de vous en parler. Ce qui est acté c’est que certaines personnes continueront et certaines, on ne sait pas. Je n’ai pas de choix à faire. C’est ce que je leur ai dit quand ils m’ont demandé ce que j’avais envie de faire. C’est une décision personnelle, c’est un choix de carrière. Quand je voudrais arrêter ma carrière, je n’aimerais pas qu’un coach me dise de rester encore deux ans.
J’ai été clair avec eux. Je leur ai dis que l’aventure qu’on vivait, je voulais la continuer, mais que je serais le premier à respecter leur choix.
- Pour la première fois vous avez utilisé votre carabine de réserve, est-ce un choix de Franck Badiou (coach du tir) ?
Avant-hier, Franck me dit « Maintenant que tu as le globe, tu prends la réserve dimanche. » Je lui devais bien ça, il l’a emporté avec lui tout l’hiver. Je fais une petite erreur sur le couché. Ce n’est plus la même course qui commence.
J’avais des sensations à peine moins bonne qu’avec la carabine normale, il y a des enseignements à tirer de cela. Cette course reste tout de même la pire performance au tir de la saison.
- Quel est votre programme pour les semaines à venir ?
Il y a les championnats de France le week-end prochain (à Prémanon) et j’ai des journées avec des partenaires à la maison et à Paris. Ensuite je rentre à la maison et je retourne sur Paris pour des sollicitations médiatiques, partenariales mais aussi une réception de la délégation olympique à l’Elysée avec le président Macron.
Photo : NordicFocus