BIATHLON – Antonin Guigonnat se confie sur son titre de vice-champion du monde décroché cet après-midi sur la mass-start.
Au terme d’une course aux conditions extrêmes Antonin Guigonnat est allé chercher sa première médaille mondiale au sprint face à Julian Eberhard. Satisfait de sa prestation, voici ce qu’il en dit.
«C’était une course très particulière dans des conditions de vent et de neige surprenantes pour l’époque. Mais le résultat est là donc je suis très satisfait et très fier de ramener une médaille pour la France qui était jusqu’alors déçue malgré les résultats de Quentin et Justine. On attendait beaucoup de notre équipe, nous sommes quatre dans les huit premiers du général. Seulement Quentin a réussi à aller chercher des médailles, donc aujourd’hui je suis content d’avoir réussi à en rapporter une aussi.
Au premier tir couché je fais deux fautes, clairement il y avait du vent à ce moment-là. Ensuite au deuxième tir couché il y avait une espèce de tornade, à la cible 25 là où j’étais, je ne voyais même plus ma cible pendant quelques secondes. C’est terrible quand on en est là. On se dit que ça va être compliqué de finir cette journée, que ce sera encore une course dans le milieu du classement. Mais c’est pour ça que je fais du biathlon. Même en ne commençant pas bien, en ayant mal aux jambes, on peut toujours s’en sortir avec de bons tirs.»
| «Être à l’attaque, c’est ma recette pour faire du biathlon»
«Finalement en m’accrochant j’arrive à faire deux tirs plein, à 100%, ça me replace pour ce dernier tir qui est incroyable. Les dix premiers font énormément de fautes, je l’ai entendu avant de tirer. Comme Eberhard l’a dit, on avait l’impression que personne ne voulait sortir de cet anneau de pénalité. Finalement en ne faisant qu’un tour j’ai gagné au moins une dizaine de places. Moi j’ai fait mon truc, à l’attaque, c’est ma recette pour faire du biathlon. J’ai déjà essayé plein d’autres choses et c’est pour ça que j’ai mis du temps à m’installer en coupe du monde et à ce niveau-là. Aujourd’hui c’est récompensé.»
«Après ça a été une bonne bagarre avec deux autrichiens. L’un assez facile à battre dès le début et puis l’autre qui fait vraiment mal. Si bien que dans le dernier tour j’ai pensé que je n’aurai pas de médaille et j’ai commencé à être un peu fataliste avant de serrer les dents et d’essayer de le suivre jusqu’à la ligne d’arrivée. Je sais que même en étant vraiment fatigué je suis capable de surclasser un peu n’importe qui dans le biathlon. C’est ce qui fait que dans les dernières centaines de mètres j’arrive à me battre jusqu’au bout.»
| «Je n’ai pas vraiment de rêve olympique, ni de rêve de médaille»
«On m’a beaucoup posé la question aux Jeux Olympiques l’an passé, par rapport au rêve de médaille. Moi je n’ai pas vraiment de rêve olympique, ni de rêve de médaille, j’ai juste envie de donner le meilleur sur les compétitions.
Sportivement, je pense que n’importe quelle coupe du monde est aussi importante que les championnats du monde.Ce sont les mêmes format de course, les mêmes adversaires à la différence qu’aux Jeux Olympiques et aux Mondiaux il n’y a que quatre places sur les six. Donc c’est même encore plus dur de se placer en coupe du monde. Aujourd’hui la course est réussie et le fait que ça se soit passé la semaine des Mondiaux c’est du bonus. Mais ça ne m’excite pas plus que ça.»
| «Le biathlon tout seul, lorsqu’on n’est pas Martin Fourcade, ça ne suffit pas à vivre»
«C’est une grande émotion que mes parents soient là pour partager ça avec moi. Ils étaient déjà là au Grand Bornand pour mon premier podium, ils étaient de nouveau là cet hiver à Antholz quand j’ai fait encore deux podiums. Ils profitent aussi de ça pour venir voir du biathlon, se faire plaisir.
Je remercie d’ailleurs l’entreprise de mon papa qui m’a permis pendant cinq ans de gagner ma vie. Parce que le biathlon tout seul, lorsqu’on n’est pas Martin Fourcade, ça ne suffit pas à vivre. J’avais des contrats avec la région Auvergne Rhône-Alpes, avec la fédération de ski et avec l’entreprise de mon papa. Ça a changé depuis les résultats de l’an passé, maintenant je fais parti de l’équipe de France militaire de ski.»
«Il m’a fallut du temps pour m’installer, dans les années juniors notamment je n’étais pas forcément très performant, surtout au niveau du tir. J’ai mis longtemps à comprendre comment je devais fonctionner. A présent je sais ce qui me convient, même si mon fonctionnement va parfois à l’encontre de ce que le staff en équipe de France nous dit.
C’est bien si je peux montrer à ma petite sœur, qui essaie aussi de faire ses armes sur les circuits internationaux, et à tous les jeunes, que lorsqu’on est sportif de haut niveau il faut avoir une espèce de confiance en soi un peu innée. Il faut réussir à se dire « aujourd’hui je décide de m’entraîner de cette manière là ou de gérer mes courses de cette manière là parce que j’y crois vraiment ». C’est une idée qui m’a été confirmée en personne par Martin hier soir. Pour moi ça a été un peu plus long de m’affirmer. Je voudrais montrer aux jeunes qu’ils peuvent le faire quand ils veulent, il n’est jamais trop tôt ou trop tard.»