Objectif Milan-Cortina 2026 pour Chloé Pinto dont Marie Bochet est « une source d’inspiration »
Avec Chloé Pinto, 19 ans, la France tient peut-être la relève tant attendue d’Anne Floriet. C’est que l’Iséroise, championne paralympique de biathlon 2006 à Turin (Italie) à 42 ans après avoir remporté l’argent en 1998 à Nagano (Japon) et à Salt Lake City (États-Unis), a laissé un grand vide derrière elle au moment de ranger les skis. Une traversée du désert pour le para ski nordique féminin que la jeune Beaufortaine Chloé Pinto, souffrant d’une hémiplégie, compte effacer.
Intégrée du groupe relève de l’équipe de France au printemps dernier, elle a participé à ses premières coupes du monde cet hiver du côté de Planica (Slovénie). Pour Nordic Magazine, Chloé Pinto, qui étudie la semaine à Annecy (Haute-Savoie), a accepté de revenir sur son parcours, ses premiers pas dans le grand monde et ses ambitions futures. Entretien.
- Pouvez-vous nous raconter votre parcours : comment en êtes-vous arrivée à pratiquer le ski nordique handisport en compétition ?
Depuis toute petite, j’étais au ski-club d’Arêches Beaufort où je pratiquais le ski de fond. Mais, à six ans, j’ai fait un AVC qui a entraîné une hémiplégie. C’est une paralysie de la moitié du corps, du côté gauche pour moi. Après cela, j’ai refait du sport mais j’ai mis beaucoup de temps avant d’avoir le déclic d’entrer en handisport. J’ai commencé il y a à peu près trois, quatre ans.
- Comment ce déclic est-il arrivé ?
D’abord en regardant les Jeux paralympiques et, venant d’Arêches-Beaufort comme Marie Bochet, ça a été une évidence… Elle a complètement été une source d’inspiration pour moi.
« À Planica, je ne dormais pas beaucoup la veille des courses ! »Chloé Pinto à Nordic Magazine
- Cela fait maintenant un an que vous êtes en équipe de France : comment cette première année s’est-elle passée ?
C’est une expérience de dingue parce qu’il y a vraiment une très bonne ambiance dans l’équipe. Me concernant, ça a été assez compliqué parce que j’ai eu des problèmes de genoux et j’ai été pas mal arrêtée l’été dernier.
- Vous avez réalisé vos grands débuts en coupe du monde en mars dernier au pied du tremplin géant de Planica, en Slovénie : comment s’est passée cette première ?
C’était une vraie découverte, j’avais beaucoup beaucoup beaucoup de stress… Je me suis mise énormément de pression toute seule alors que j’étais là-bas pour prendre de l’expérience, découvrir le niveau des autres et voir un peu où je me situais. Je voulais bien faire et même trop bien faire. Je ne dormais pas beaucoup la veille des courses !
« Le tir, c’était vraiment très stressant »Chloé Pinto à Nordic Magazine
- Et le jour des compétitions, comment vous êtes-vous sentie ?
Le matin, j’essayais de ne pas trop y penser, surtout avant la course de biathlon, qui était ma première dans cette discipline tous niveaux confondus. Le ski m’inquiétait moins parce que je savais que j’étais capable de faire la piste alors que le tir, c’était vraiment très stressant.
- Finalement, vous tirez à 8/10 !
J’ai essayé de respirer pour me détendre au maximum. Je tire effectivement à 8/10 sur ce sprint en loupant une balle par tir. J’étais vraiment soulagée et contente à la fin. Pour ma première course de biathlon, qui plus est au niveau l’international, je m’en sors bien !
« J’ai compris que c’était vraiment ce que je voulais faire »Chloé Pinto à Nordic Magazine
- Plus globalement, qu’avez-vous retiré de cette première semaine de coupe du monde ?
J’ai compris que c’était vraiment ce que je voulais faire. J’ai adoré l’ambiance de la coupe du monde mais j’ai aussi vu qu’il y avait beaucoup de travail à encore accomplir pour essayer d’arriver au niveau des autres filles. Ça m’a motivé à fond pour continuer les entraînements et remonter en coupe du monde.
- Votre handicap est le plus lourds de la catégorie debout…
C’était un peu la découverte parce qu’au niveau national, on est très peu et je ne me rendais vraiment pas compte des handicaps que pouvaient avoir les autres. Là, je suis partie avec des filles qui avaient un handicap plus léger. Je ne m’attendais pas à ça. Ça m’a permis de voir que ça ne va pas être facile.
« Je sais qu’avec mon hémiplégie il y a des choses que je ne pourrais pas faire avec ma jambe gauche »Chloé Pinto à Nordic Magazine
- Benjamin Daviet, il y a quelques semaines, expliquait ceci votre propos pour Nordic Magazine : « Chloé doit arriver à compenser avec son bras et sa jambe forte, ce qui demande énormément de travail physique. » C’est là-dessus que vous devez vous améliorer…
Clairement ! Je sais qu’avec mon hémiplégie il y a des choses que je ne pourrais pas faire avec ma jambe gauche. Je dois arriver à trouver des astuces avec ma jambe droite pour compenser et rattraper ce que je ne peux pas faire avec ma jambe malade.
- Quelles sont vos ambitions pour le futur ?
Je rêve des Jeux paralympiques. Pas ceux de Pékin, qui arriveront un peu tôt comme j’ai débarqué sur le circuit international cette année seulement, mais pourquoi pas ceux de Milan-Cortina en 2026. C’est un rêve de gosse, comme pour beaucoup d’athlètes.
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