Paul Brasme a annoncé ce week-end mettre fin à sa carrière de sauteur à ski. Le Vosgien qui n’a certes pas couru en coupe du monde, a été sacré champion de France en seniors, en 2017, devant son aîné Vincent Descombes-Sevoie. Le concours qui s’était déroulé à Chaux-Neuve avait été remporté par le Suisse Killian Peier.
Licencié à l’US Ventron, ce Lorrain natif de Metz a aussi remporté une OPA Cup à Oberwiesenthal, en 2016. Il a également a régulièrement participé au Grand Prix d’été de Courchevel. Son meilleur résultat remonte à 2018, il avait terminé à la 27e place. On l’a aussi vu aux Mondiaux de Lahti en 2017. Il a aussi été des championnats du monde juniors de Rasnov, d’Almaty et de Park City, du Festival olympique de la jeunesse européenne de Rasnov en 2013.
Mais c’est surtout en coupe continentale qu’il a évolué. Sa dernière participation remonte au 6 février dernier, lors d’une étape à Willingen (Allemagne).
- Vous avez annoncé sur les réseaux sociaux mettre fin à votre carrière de haut niveau. Pourquoi maintenant ? Qu’est-ce qui vous a amené à faire ce choix ?
Cette décision n’était pas du tout prévue. Je pensais continuer encore un peu, surtout avec les bonnes choses que j’ai pu montrer cet été et même cet hiver à l’entraînement. Mais en compétition, je n’arrivais pas à passer le cap, j’ai eu de gros problèmes de réglages et de sensations. J’ai donc tranché et décidé d’arrêter car cela faisait déjà deux ans que c’était compliqué et que je ne me faisais plus plaisir en compétition.
- Votre meilleur souvenir, est-ce votre victoire en OPA à Oberwiesenthal en 2016 ?
C’est un souvenir qui m’a beaucoup marqué car au vu de ma préparation le matin avant la compétition, je me rappelle que c’était un peu compliqué. On a travaillé longtemps avec mes coachs pour corriger le maximum de défaut. Au tremplin, le soir, ce n’était que du bonheur.
On a tout pour réussir, il faut juste que tout le monde y croit.Paul Brasme, sauteur à ski
- La France n’est pas une nation phare de saut à ski. Qu’est-ce que cela change quand on se retrouve en haut d’un tremplin ?
Je vous avoue que je n’y pense pas. On est peut être une petit nation, mais on a deux bras et deux jambes comme les meilleurs, on a un centre d’entrainement incroyable à Courchevel. On a tout pour réussir, il faut juste que tout le monde y croit.
- Quels étaient les tremplins qui avaient votre préférence ? Et pourquoi aime-t-on tel ou tel tremplin plutôt qu’un autre ?
J’ai apprécié beaucoup de tremplins dans ma carrière mais un de mes préférés reste Innsbruck. Je ne peux pas dire pourquoi, mais à chaque fois que je sautais là-bas, j’ai toujours bien sauté. La courbe de vol est sympa.
- Vous rappelez-vous votre premier vrai saut et ce que vous avez ressenti à ce moment-là ?
Je me rappelle de mes premiers saut en ski alpin mais plus trop de mes premiers sauts en saut en ski. Même si c’était qu’en ski alpin, les sensations étaient déjà incroyables. On ne vole que 10 m, mais on a l’impression que c’est déjà long quand on est petit.
- Dans le saut à ski, le mental est primordial. Comment avez-vous travaillé cet aspect ?
En effet, le mental est important en saut à ski. Mais on ne le travaille pas beaucoup. Pour ma part, j’ai fait la démarche d’avoir un préparateur mental mais un peu trop tard. Peut-être que cela a engendré ma décision. Je trouve que la préparation mentale est encore un peu un sujet tabou dans le sport en France. On devrait la privilégier un peu plus.
- Quels sont les hommes ou les femmes qui ont marqué votre carrière de sportif de haut niveau ?
Tout d’abord, Jason Lamy Chappuis. Je me souviens de crier devant ma télé lors des JO de Vancouver. Puis, en saut, [Noriaki] Kasai et [Kamil] Stoch sont des sauteurs qui m’ont marqué, Kasai pour sa longévité et Stoch pour son palmarès fabuleux.
J’adore tellement ce sport que je viendrai sauter de temps en temps pour le plaisir.Paul Brasme, sauteur à ski
- Le saut à ski, ce n’est pas comme le football ou le ski de fond. Ce n’est pas facile de continuer à pratiquer pour le seul plaisir. N’avez-vous pas peur de ne plus voler ?
Non, je n’ai pas peur. J’adore tellement ce sport que je viendrai sauter de temps en temps pour le plaisir. Mais c’est sûr qu’on ne fait pas du saut comme les joggeurs du dimanche.
- Dans le message que vous avez publié sur Facebook, vous remerciez vos parents mais aussi ceux que vous appelez votre seconde famille. On le sait peu, mais être sauteur à ski en France nécessite parfois de vivre loin de sa famille. Comment avez-vous vécu cet éloignement ?
Oui, pour ma part je me suis retrouvé en internat dès l’âge de 13 ans pour partir au pôle espoir à Gerardmer. Donc j’ai cassé le rythme familial assez tôt. Puis, à 17 ans, je suis parti à Courchevel pour rejoindre le pôle France. Ici, je me suis retrouvé en famille d’accueil chez les Contamine, je voyais mes parents une fois par mois grand maximum. D’être loin de sa famille et de débarquer dans un endroit que tu ne connais pas, ce n’est pas facile, il faut avoir les nerfs bien accrochés, mais je pense que ce fut une de mes forces, comparé à beaucoup d’autres. Par contre, quand le moral n’est pas trop là, ce n’est pas facile.
Quand je vois ce que j’ai déjà réalisé, il n’y a pas de regret à avoir.Paul Brasme, sauteur à ski
- Qu’allez-vous faire maintenant ? Quels sont vos projets ?
Je vais finir ma Licence STAPS et puis je vais passer les DE de ski nordique et alpin pour pouvoir coacher d’ici quelques années. J’ai le projet de passer la formation de pompiers également. J’ai pas mal de pain sur la planche.
- Paul, aucun regret ?
Pas tant ! Si j’en a qu’un, c’est de n’avoir jamais fait de vol à ski. C’est le seul bémol pour ma part. Cela m’a toujours fait rêver depuis tout petit mais bon, ce n’est pas grave.Quand je vois ce que j’ai déjà réalisé, il n’y a pas de regret à avoir.