SKI DE FOND – Découvrez dans cet entretien ce que pensent les jeunes espoirs français de l’incroyable Johannes Klaebo, plus jeune double champion olympique de l’histoire du ski de fond.
Il y a seulement deux ans, Johannes Klaebo courait encore sur les circuits juniors. À Cheile Gradistei, en Roumanie, lors des mondiaux juniors, il avait déjà montré l’ampleur de son talent en réalisant un triplé exceptionnel que seuls des monuments du ski de fond comme Petter Northug et Sergey Ustiugov étaient parvenus à réaliser auparavant.
Lors du relais des mondiaux juniors d’Almaty, Johannes Klaebo avait été lâché par Valentin Chauvin. C’est dire si sa progression a été fulgurante. En quatre ans, il est passé du statut de jeune prometteur à star mondiale en devenant, il y a quelques jours le plus jeune champion olympique de tous les temps en ski de fond.

Première victoire en coupe du monde de Klaebo – Otepaa
Nos meilleurs juniors nationaux observent avec envie les performances du nouveau héros du ski de fond.
Nordic Magazine a interrogé trois membres de l’équipe de France juniors. Hugo Lapalus, Camille Laude et Pierre Tichit, trois des quatre relayeurs français lors des mondiaux juniors de Goms.
Voici leurs impressions sur le phénomène Johannes Klaebo :
Camille Laude l’avait côtoyé il y a trois ans, lors d’un stage international en Norvège. Il n’en garde pas de souvenirs particulièrement marquants : « C’était vraiment un type normal, un athlète comme les autres qui cherchait à apprendre, à s’améliorer. Je l’ai recroisé quelques mois plus tard aux mondiaux junior en Roumanie. Là-bas, il claque le triplé, c’était impressionnant, il était déjà au-dessus du lot sur les skis mais il se distinguait aussi par son attitude sur les podiums, un peu arrogante, la tête baissée, les mains dans les poches, je me souviens que ça avait fait pas mal réagir déjà. »

Klaebo au stage de préparation en Norvège – 2015
Hugo Lapalus avait aussi croisé le jeune prodige encore en pleine ascension : « En Roumanie, aux mondiaux juniors, je ne me suis pas trop attardé sur lui, c’était le meilleur junior norvégien mais pas encore le Johannes Klæbo, le leader de la coupe du monde, le champion olympique, le personnage. »

Triplé aux mondiaux juniors – Roumanie
- Que pensez-vous de ses performances extraterrestres ?
Camille Laude : « C’est incroyable ce qu’il réalise. D’abord, à l’image des performances sportives, mais aussi parce qu’il a fait tomber beaucoup de barrières dans notre sport, il a montré que tout était possible à n’importe quel âge, que rien n’est écrit à l’avance. On nous répète souvent qu’il n’y a pas de hiérarchie mise en place et qu’on peut claquer des gros coups même sans toute l’expérience de la longévité d’une carrière, Klæbo est l’exemple parfait. Il a 21 ans et réalise déjà tout ça, c’est énorme. »
Hugo Lapalus : « Ses performances sont dingues. Il est impressionnant sur tout ce qu’il fait. Mais je relativise quand même. Il a comme tout le monde deux bras et deux jambes. Et quand je vois Bolshunov qui fait aussi des performances exceptionnelles à 21 ans, je me dis que tout est possible. »
Pierre Tichit : « Il est au-dessus du lot. Ce qui m’impressionne c’est qu’il domine son sujet, il maîtrise tout, le sprint, la distance, le classique, le skate. Tout est possible, on n’est pas forcément obligé de se spécialiser dans une discipline pour être performant. »
- Podium aux mondiaux juniors en junior 1, triplé en junior 2, première sélection en coupe du monde à Drammen la même année et déjà 16e, puis l’éclosion, premiers podiums puis victoires en coupe du monde, premier petit globe de cristal, leader du général cette année… Que pensez-vous de cette progression en 4 ans ?
Camille Laude : « C’est sa progression le plus extraordinaire chez lui. On dit souvent le ski de fond c’est un sport à maturité tardive, et on a du mal à imaginer que l’on puisse débarquer si jeune sur la coupe du monde, trouver aussi vite des repères et gravir les échelons aussi rapidement pour devenir le meilleur fondeur mondial en si peu de temps. Et c’est ce qu’il a fait, c’est tout juste fantastique. »
Hugo Lapalus : « La progression de ce mec est ahurissante. Il a passé des caps tellement rapidement. En junior, il était déjà le meilleur de son âge mais, en un peu plus d’un an, il est devenu le meilleur de tous en explosant tout sur la coupe du Monde. On a beau chercher les points négatifs on n’en trouve pas, son parcours est juste incroyable. »
Pierre Tichit : « En quelques années, il a eu une marge de progression immense. Très peu de jeunes arrivent à se hisser au top niveau dès leur arrivée sur la World Cup. Northug, Ustiugov, maintenant Klæbo et Bolshunov… C’est immense de claquer d’entrée de jeu sur la scène internationale. »
- Si vous deviez donner un mot pour décrire ce qui vous impressionne le plus chez lui ?
Camille Laude : « La CONFIANCE. Il dégage une sérénité incroyable, il ne laisse aucune place aux doutes, il maîtrise son sujet de A à Z. Il gère tout ce qu’il fait. »
Hugo Lapalus : « L’AISANCE. Il sait tout faire, tout est facile pour lui. Tactiquement et techniquement il est au top. On a le sentiment que rien ne peut lui arriver. »
Pierre Tichit : « MULTIFONCTIONS. Il a une palette de qualités, il s’en sert quand il le faut. Il arrive à courir, skier, à être toujours placé, il est aussi bon en classique qu’en skate. Il sait être rapide et endurant. »
- Est-ce que vous prenez exemple sur lui ? C’est un modèle pour vous ?
Camille Laude : « C’est sûr que je me laisse inspirer. Ce n’est pas anodin s’il est devenu le meilleur mondial. Il a des qualités techniques et tactiques sur lesquels on peut essayer de s’appuyer. Par exemple, voir qu’il va vite en courant sur la neige, ça donne envie d’essayer et de travailler cette technique. »
Hugo Lapalus : « Je ne suis pas vraiment quelqu’un qui prend des gens pour exemple. Je préfère skier de ma manière, celle qui me convient le mieux. Si on lui pique ses techniques, il ne restera plus le phénomène Klaebo. »
(Menteur Hugo Lapalus, on vous a vu courir dans les bosses… Vous l’avez même fait déjà peut-être avant lui)
Pierre Tichit : « Ce n’est pas le style de skieur sur lequel je prends exemple. Même s’il est très fort et au-dessus du lot, moi je préfère m’inspirer d’athlète plus discrets et moins arrogants. »
- Pensez-vous que son talent et sa personnalité apportent un plus au ski de fond ?
Camille Laude : « Je pense qu’il apporte beaucoup. Ok il a des résultats exceptionnels, ok ses performances sont inédites. Mais c’est avant tout un showman et je pense que ça fait toujours du bien au fond. Pour l’audience, un personnage comme lui doit beaucoup plaire. »
Hugo Lapalus : « Klaebo c’est le côté fun, le côté cool du ski de fond. On a besoin de gars comme lui pour développer et rendre populaire ce sport. Un peu comme Northug a pu le faire dans le passé avec son arrogance et son humour. J’aime beaucoup cette facette de sa personnalité. Il profite de sa jeunesse pour montrer aux anciens que la relève est là et qu’il faudra continuer à travailler dur pour le battre. Certains pensent que c’est une mauvaise image pour le ski de fond moi je pense le contraire. Ça motive les jeunes qui se projettent dans une carrière dans le ski.
Pierre Tichit : « Il apporte forcément au ski de fond, norvégien et aussi international. Je pense qu’il apporte surtout quelque chose par ses résultats. Moi je n’affectionne pas trop sa personnalité. Je pense que certains adorent son attitude. Moi, je suis de ceux qui n’adhèrent pas tellement. Peut-être que je me trompe et que le Klaebo de la télé qu’on voit arrogant n’est pas le Klaebo que les grands de l’équipe de France côtoient sur la coupe du monde. »

Klaebo, 21 ans, champion olympique.
Photo : NordicFocus, comptes Instagram : @johanneshk, @pierretichit.
Articles similaires

1 Commentaire(s)
Leave a Reply
Annuler la réponse
Leave a Reply
Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.
Didier
22/02/2018 à 23 h 37 min
C’est un trou de cul.