Anouk Faivre-Picon : « Je suis enseignante »
Devenue Wibault après son mariage en juin 2019, Anouk Faivre-Picon a officiellement arrêté sa carrière de fondeuse deux ans plus tard, après une Vasaloppet terminée en trente-troisième position. Mais c’est au printemps 2019 que la Pontissalienne a décidé d’en finir avec le circuit coupe du monde sur lequel elle a pris 116 départs avec une huitième place comme meilleur résultat. Olympienne à Sochi (Russie), où elle était de l’équipe quatrième du relais, et à PyeongChang (Corée du Sud), elle aura participé à l’éclosion du ski de fond féminin français au plus haut niveau international.
Pour Nordic Magazine, Anouk Faivre-Picon, devenue enseignante, a décidé de se prêter au jeu du « Que sont-elles devenues ? ».
- Quand avez-vous mis fin à votre carrière d’athlète de haut niveau et quel était votre état d’esprit à ce moment-là ?
J’ai quitté le circuit coupe du monde après les Mondiaux de Seefeld en 2019. J’avais un sentiment d’accomplissement quant à ma carrière sportive à ce niveau-là. Avec le départ de mes collègues et amis de toujours, je me sentais esseulée au sein de l’équipe de France. J’ai donc décidé de me rapprocher de mon équipe de cœur, le team « Grenouille » [Team Crédit Agricole Franche-Comté, NDLR] pour faire une saison de longue distance. Une petite année pour peaufiner l’arrivée d’une magnifique petite fille, une saison coronavirus marquée par les annulations et les imprévus, puis, après la Vasaloppet la plus rapide de tous les temps, en mars 2021, j’ai officiellement arrêté ma carrière de skieuse. J’avais, en tête, de nombreux souvenirs de ski, j’étais épanouie au niveau personnel et vraiment prête à passer à autre chose.
- Qu’est-ce qui a été le plus dur pour vous juste après ? Qu’est-ce qui vous a manqué ?
Sûrement de prendre le rythme d’un « vrai travail », comme par exemple de respecter des horaires et de se sentir moins libre et moins flexible dans son emploi du temps. Ce qui m’a le plus manqué, c’est la vie en communauté… même si je vois régulièrement mes amis du ski, vivre avec eux le temps d’une semaine de stage ou d’un week-end de compétition me manque !
- Si vous aviez la possibilité de participer à une compétition, quelle serait-elle ? Avec quel athlète actuel aimeriez-vous concourir ?
J’ai toujours beaucoup aimé les ambiances scandinaves de Falun ou d’Oslo donc, à choisir, j’aimerais faire un 30 kilomètres skate à Oslo en individuel, mais, là, je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre… Sans pour autant reprendre une carrière de sportive de haut niveau, il y a beaucoup de courses populaires que je n’ai pas pu faire et auxquelles j’aimerais participer : tout près comme Les Belles Combes, ou plus loin comme le Svalbard Ski Marathon. Mes amies étant pour la plupart retraitées, je pense à l’une d’elle qui n’est pas prête de ranger ses skis : j’aimerais skier avec Jessie Diggins… mais j’aurais peur de ne pas la suivre longtemps et de ne partager que quelques mètres avec elle ! J’admire sa polyvalence, sa joie de vivre et sa capacité à préparer les grands événements… et aussi parce que nous partageons les même skis chez Salomon !
- Au contraire, qu’est-ce qui vous a le moins manqué ?
Sans réfléchir longtemps : le ski à roulettes… et pire, c’est le ski-roues en plein été sur l’asphalte bouillante avec des chaussures conçues pour évoluer entre -15 et -20°C ! Je ne m’en rendais pas forcément compte en étant athlète, mais je ne les ai jamais rechaussés, et ne suis pas prête de le faire l’été !
- Quel a été votre parcours après la fin de votre carrière ?
Après (et pendant), j’ai préparé et passé le CRPE [concours de professeur des écoles, NDLR]. J’ai demandé une année de report. Année durant laquelle j’ai pu passer du temps avec mes enfants, aller au bout de mon projet « ski » en m’essayant à la poussée sur le circuit Visma Ski Classics avec le Team Decathlon Expérience, et finir mon DE de ski alpin. Ces derniers douze mois, j’ai fait ma première année en tant que professeur des écoles et j’ai passé mon Master enseignement.
- Quelle est votre nouvelle vie ?
Aujourd’hui, je suis donc enseignante avec des petits et moyens de la maternelle (et c’est un âge aussi passionnant, que drôle et fatiguant !!) et avec des plus grands en septembre prochain. Je suis aussi pas mal prise par ma vie de famille avec mes deux enfants, débordants de vie et d’énergie, Even (5 ans) et Stina (2 ans), qui me laissent peu de temps d’oisiveté !
- Quand une personne découvre votre passé sur les skis, quelle est sa réaction ?
Je suis contente d’avoir changé de nom de famille en me mariant, pour passer plus incognito. Les personnes que je rencontre aujourd’hui ne savent pas forcement ce que je faisais avant. S’ils le découvrent, ils pensent soit que je fais du biathlon ou encore que je suis championne olympique, alors je dois tout leur expliquer : que je suis juste sélectionnée olympique et que non, je ne sais pas tirer à la carabine !
- En quoi diriez-vous justement que votre passé de sportif vous a le plus aidé ?
Cela m’a aidé à croire en moi et en mes rêves, à savoir que le travail, l’honnêteté envers soi-même et envers les autres payent. Mais surtout, qu’il faut croire en les relations humaines et les interactions de groupes car celles-ci peuvent nous emmener loin.
- Quelle place a le nordique dans votre vie actuelle ?
J’ai toujours aimé mon sport et toutes ses facettes : entraînement, compétition, technique, voyages, paysages… J’ai donc plaisir à en faire seule (quand j’ai le temps) ou en famille. Je suis également les résultats, en ski de fond surtout, à tous les niveaux, et suis donc branchée aux différents directs le week-end… Et avec mon amoureux, Mathias Wibault, entraineur de l’équipe de France B et passionné, nous parlons, débattons souvent de ski, sujet inépuisable ! Et cela bien plus que de mon nouveau métier, qui doit l’intéresser moins que moi le sien ! Je suis en contact avec mes amis de l’équipe de France, les femmes (et hommes) des années 80, avec ceux du team, mais j’ai aussi tissé et gardé des amitiés fortes avec des athlètes étrangers, que nous visitons dans leurs pays, ou que nous recevons à la maison !
La série d’été de Nordic Magazine
- Que sont-ils devenus ? Maxime Laheurte
- Que sont-elles devenues ? Laura Chamiot-Maitral
- Que sont-ils devenus ? Clément Jacquelin
- Que sont-elles devenues ? Aurélie Dabudyk
- Que sont-ils devenus ? Sébastien Lacroix
- Que sont-elles devenues ? Marine Bolliet
- Que sont-ils devenus ? Paul Brasme
- Que sont-elles devenues ? Célia Bourgeois
- Que sont-ils devenus ? Mickaël Philipot
- Que sont-elles devenues ? Jacquemine Baud
- Que sont-ils devenus ? François Braud
- Que sont-elles devenues ? Marine Dusser Bjornsen
- Que sont-ils devenus ? Cyril Gaillard
- Que sont-elles devenues ? Estelle Mougel
- Que sont-ils devenus ? Clément Dumont
- Que sont-elles devenues ? Juliette Lazzarotto
- Que sont-ils devenus ? Damien Tarantola
- Que sont-elles devenues ? Margaux Achard
- Que sont-ils devenus ? Bastien Buttin
- Que sont-elles devenues ? Caroline Espiau
- Que sont-ils devenus ? Ivan Perrillat-Boiteux
- Que sont-elles devenues ? Claire Breton
- Que sont-ils devenus ? Igor Cuny
- Que sont-elles devenues ? Léna Arnaud
- Que sont-ils devenus ? Samuel Guy
- Que sont-elles devenues ? Lou Reynaud
- Que sont-ils devenus ? Lilian Vaxelaire
- Que sont-ils devenus ? Rémi Borgeot
- Que sont-elles devenues ? Manon Locatelli
- Que sont-ils devenus ? Wilfried Cailleau
A lire aussi
- Anouk Faivre-Picon prend sa retraite
- Anouk Faivre-Picon : « Cette vie vaut la peine d’être vécue »
- Anouk Faivre-Picon dit au revoir à l’armée
- Anouk Faivre-Picon maman d’une petite fille
- Anouk Faivre-Picon est maman
- Carnet blanc : Anouk et Mathias
- Anouk Faivre-Picon s’offre La Transjurassienne
- Prémanon : Anouk Faivre-Picon championne de France
- Un podium en Islande pour Anouk Faivre-Picon
- Delphine Claudel : « J’apprends beaucoup d’Anouk, Aurore, Cora… »
Les cinq dernières infos
- Biathlon : Siegfried Mazet nommé parmi les nouveaux mentors du programme de formation des entraîneurs de l’IBU
- Biathlon : Johannes Thingnes Boe attendu au tournant aux championnats de Norvège après un été loin des stages de l’équipe nationale
- Biathlon : Geilo remplace l’étape de Sjusjøen en IBU Cup
- Ski de fond : après Petter Northug Jr, Marit Bjoergen a elle aussi droit à sa statue
- Ski de fond : tout juste de retour à la compétition, Helene Marie Fossesholm se blesse au genou lors d’un match de football