Claire Breton : « Depuis trois ans, je suis revenue avec énormément de plaisir sur le biathlon »
C’est à la fin de l’hiver 2013/2014 que Claire Breton a décidé, blessée, de mettre un terme à sa carrière de biathlète. Onze fois au départ d’une manche de la coupe du monde, avec une dix-septième place comme meilleur résultat, la Dauphinoise s’est ensuite reconvertie avec succès dans le coaching, prenant, depuis trois ans, en main les destinées de la relève du biathlon tricolore.
Pour Nordic Magazine, Claire Breton, devenue entraîneuse de tir, a accepté de se prêter au jeu du « Que sont-elles devenues ? ».
- Quand avez-vous mis fin à votre carrière d’athlète de haut niveau et quel était votre état d’esprit à ce moment-là ?
J’ai décidé d’arrêter en 2014 après une grosse blessure à l’épaule et parce que c’était la fin d’une saison olympique. Cela voulait dire de repartir pour quatre ans et, temporellement, cela ne devenait plus envisageable pour moi de continuer. J’avais envie d’avancer dans la vie active et d’être plus indépendante, comme tout simplement vivre dans mon appartement et plus chez mes parents ! Au fond de moi, j’avais réalisé beaucoup de choses en dépit des embûches ayant semées mon parcours. J’étais heureuse et fière de cet accomplissement même si ce n’était pas ce que j’imaginais au départ. Je quittais la compétition en sachant ce que j’étais capable de faire et comment j’en étais arrivée là.
- Qu’est-ce qui a été le plus dur pour vous juste après ? Qu’est-ce qui vous a manqué ?
Rien n’a été difficile si ce n’est de voir que tu perds physiquement BEAUCOUP plus vite que tu ne deviens athlète ! J’étais vraiment occupée par une reconversion qui me plaisait et je n’avais pas le temps de sentir un quelconque manque. Aussi et surtout, je savais que c’était le bon moment pour tourner la page, le doute ne s’est pas immiscé dans ce choix.
- Si vous aviez la possibilité de participer à une compétition, quelle serait-elle ? Avec quel athlète actuel aimeriez-vous concourir ?
Ce serait clairement un Grand Prix de CSO [concours de saut d’obstacles d’équitation, NDLR] ! Tout simplement parce que c’était mon premier sport et que j’apprécie l’harmonie et le dépassement mutuel avec un animal que tu dois écouter et envers lequel tu dois être aux petits soins. Si, par hasard, Simon Delestre et son cheval Hermès Ryan étaient présents, alors j’admirerais le savoir-faire et le savoir-être de ce cavalier et de ce cheval ! Pour répondre mieux à la question, beaucoup de sports m’attirent, le vélo, le trail, le triathlon, le ski alpinisme ou le ski alpin, et j’ai énormément de respect pour de nombreux athlètes avec qui j’adorerais partager un moment de sport. Je ne sais pas me lancer un défi sans y aller à fond et je m’investis encore et encore ! Je ne veux pas consacrer mon temps disponible pour une seule chose, mais je ne préfère pas imaginer remettre le dossard pour le moment…
- Au contraire, qu’est-ce qui vous a le moins manqué ?
Tout manque quand on passe à autre chose ! La vie d’athlète, c’est beaucoup d’émotions, mais c’est surtout une énorme chance de prendre soin de soi, de penser et d’organiser autour de soi. C’est tout un environnement qui est présent autour de nous pour qu’on atteigne nos objectifs et nos rêves dans notre sport. Rien ne m’a pas manqué ou aucuns chose me manque moins qu’une autre. Il y a tout simplement un temps pour tout. Encore une fois, c’était le bon moment et je ne l’ai jamais regretté même si, parfois, l’histoire est totalement différente de celle que l’on s’était imaginée au départ. Elle n’en est pas moins belle.
- Quel a été votre parcours après la fin de votre carrière ?
En 2014/2015, j’ai entraîné les biathlètes et les fondeurs pour le Team Grenoble Isère Nordique. Ensuite, je suis entrée à la FFS où j’ai entraîné durant quatre saisons le groupe jeunes dames de ski de fond. A la suite de cela, j’ai travaillé un an au sein du comité du Dauphiné, toujours avec le groupe ski de fond. Depuis trois ans, je suis revenue avec énormément de plaisir sur le biathlon. Aujourd’hui, je suis auprès du groupe B de l’équipe de France avec le rôle d’entraîneuse de tir où nous travaillons à plusieurs [notamment avec Simon Fourcade, Julien Robert et Baptiste Desthieux, NDLR] pour accompagner au mieux la relève.
- Quelle est votre nouvelle vie ?
Aujourd’hui, j’essaie d’être compétente dans ce que je fais, j’apprécie mes missions et le milieu dans lequel je travaille. Je continue de faire du sport, j’essaie de rester en forme ! Je suis heureuse d’en être là aujourd’hui, d’avoir su faire fructifier mon expérience et de pouvoir rendre au biathlon français ce qu’il m’a donné plus jeune.
- Quand une personne découvre votre passé sur les skis, quelle est sa réaction ?
C’est souvent de l’étonnement parce que beaucoup se demandent comment je suis arrivée à faire ce que j’ai fait malgré la singularité de mon parcours ! C’était inespéré dans la tête des gens, mais c’était mon projet et je me suis battue pour atteindre le bout de l’histoire.
- En quoi diriez-vous justement que votre passé de sportif vous a le plus aidé ?
Il m’a énormément aidé pour me pousser à affirmer mes choix, me pousser dans mes retranchements et m’a aidé à déterminer qui je voulais être.
- Quelle place a le nordique dans votre vie actuelle ?
Au regard de ma reconversion, le nordique, aujourd’hui, est toujours autant présent dans ma vie. Bien entendu, je regarde avec attention les skieurs, que ce soit les nordiques, alpins, alpinistes, snowboardeurs, freestyleurs… mais aussi d’autres sports ! J’ai gardé des liens avec mes anciens coéquipiers et coéquipières qui sont, pour beaucoup, des amies toujours aujourd’hui. Pendant toutes ces années, on partage énormément de choses ensemble (des moments forts, des moments difficiles, on se bouscule, on se soutien, on s’étripe et, surtout, on rit beaucoup) : c’est une énorme aventure humaine ! Ces choses marquent sur du long terme et, inévitablement, les souvenirs et les liens avec une partie des « copains du ski », comme on dit, perdurent. C’est un plaisir de toujours partager des moments avec eux ou simplement de les croiser et de savoir ce qu’ils sont devenus.
La série d’été de Nordic Magazine
- Que sont-ils devenus ? Maxime Laheurte
- Que sont-elles devenues ? Laura Chamiot-Maitral
- Que sont-ils devenus ? Clément Jacquelin
- Que sont-elles devenues ? Aurélie Dabudyk
- Que sont-ils devenus ? Sébastien Lacroix
- Que sont-elles devenues ? Marine Bolliet
- Que sont-ils devenus ? Paul Brasme
- Que sont-elles devenues ? Célia Bourgeois
- Que sont-ils devenus ? Mickaël Philipot
- Que sont-elles devenues ? Jacquemine Baud
- Que sont-ils devenus ? François Braud
- Que sont-elles devenues ? Marine Dusser Bjornsen
- Que sont-ils devenus ? Cyril Gaillard
- Que sont-elles devenues ? Estelle Mougel
- Que sont-ils devenus ? Clément Dumont
- Que sont-elles devenues ? Juliette Lazzarotto
- Que sont-ils devenus ? Damien Tarantola
- Que sont-elles devenues ? Margaux Achard
- Que sont-ils devenus ? Bastien Buttin
- Que sont-elles devenues ? Caroline Espiau
- Que sont-ils devenus ? Ivan Perrillat-Boiteux
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