Claire Sylvestre-Baron : « Le Summer à La Féclaz, mon prochain rendez-vous pour crier sur les non-retraités ! »
C’est à la fin de l’hiver 2021/2022 que la Haut-Savoyarde Claire Sylvestre-Baron a décidé de stopper sa carrière de sportive de haut niveau. D’abord biathlète intégrée au collectif du comité du Mont-Blanc jusqu’en 2020, la sociétaire du Ski Club Nordique du Pays Rochois a ensuite poursuivi en ski de fond au sein du Féclaz Formation Longue Distance. Habituée des circuits nationaux dans les deux sports, elle y a signé quelques podiums avant de raccrocher il y a un peu plus d’un an.
Pour Nordic Magazine, Claire Sylvestre-Baron, qui va reprendre ses études à Sciences Po après une année passée au Canada, a accepté de se prêter au jeu du « Que sont-elles devenues ? ».
- Quand avez-vous mis fin à votre carrière d’athlète de haut niveau et quel était votre état d’esprit à ce moment-là ?
J’ai arrêté aux championnats de France de Prémanon en 2022 puisque les France de longue distance aux Glières (chez moi, sniff) se sont transformés en championnats de France de natation. J’étais contente de finir sur une fête qui mélangeait toutes les disciplines du nordique : après le comité du Mont-Blanc en biathlon et le FFLD en ski de fond, finir ma « carrière » avec tous les copains et copines réunis pour une dernière danse, c’était un au revoir parfait ! Je suis partie en bons termes avec le ski puisque j’avais le projet de partir au Canada, à Vancouver, pour un an d’échange universitaire. J’ai toujours su qu’à un moment j’arrêterais le ski pour poursuivre mes études, et je suis déjà très reconnaissante d’avoir pu continuer le haut niveau aussi longtemps !
- Qu’est-ce qui a été le plus dur pour vous juste après ? Qu’est-ce qui vous a manqué ?
La rupture un peu soudaine entre le moment où j’ai quitté le mode de vie du haut niveau et mes amis pour partir à l’étranger pendant un an. En plus, je m’étais cassé le genou en tentant de surfer l’été (la touriste à Hossegor !!), alors je n’ai pas pu faire de sport pendant un moment… ce n’était pas une transition très délicate ! Pour répondre à la question plus directement : mes amis m’ont manqué, et se faire mal à l’entraînement aussi (mine de rien on aime ça !!).
- Si vous aviez la possibilité de participer à une compétition, quelle serait-elle ? Avec quel athlète actuel aimeriez-vous concourir ?
Prendre le KOM de Jean-Marc Gaillard dans la montée du Derby des Mouilles aux Glières, comme tout athlète du club du Pays Rochois, bien sûr ! Autrement, si je devais courir à nouveau, je choisirais de reprendre ma carabine et de courir avec mon groupe de biathlètes du comité du Mont-Blanc. Idéalement, un relais des comités de fin de saison constitué des retraitées du groupe Lina Grosset-Bourbange, Jeanne Cros, Dorine Paturel et moi ; avec Jeanne Richard et Chloé Bened pour le finish, comme ça on est sûr de ramener le titre. Nouveau format innovateur à 6 coureuses !!
- Au contraire, qu’est-ce qui vous a le moins manqué ?
A 100 %, mes cernes qui m’ont valu le surnom de Sid (cf. l’âge de glace) et d’avoir comme animal spirituel le paresseux (cf. Flash dans Zootopie).
- Quel a été votre parcours après la fin de votre carrière ?
J’ai eu la chance de pouvoir partir à l’étranger pour étudier, et vivre un petit bout de l’American dream. J’ai découvert Vancouver et l’ouest du Canada (où les lacs sont vraiment bleu fluo). J’ai aussi pu faire quelques compétitions de ski avec l’équipe de l’université. Je n’avançais pas, mais c’était chouette de découvrir la culture du ski là-bas. A la fin de l’année, je suis partie en road trip de deux mois sur la côte ouest des Etats-Unis, en vivant dans un van avec mon copain. En résumé, j’ai passé une super année (même si la privation de reblochon était très difficile !!).
- Quelle est votre nouvelle vie ?
Ma nouvelle vie va être de retourner en France et de finir mes études à Sciences Po, où il me reste trois ans avant le diplôme. Côté sport, j’ai hâte de réintégrer le milieu du nordique et d’autres sports (course à pied, voile, volley) mais en 99,99 % plaisir, 0,01 % de performance !
- Quand une personne découvre votre passé sur les skis, quelle est sa réaction ?
Quand quelqu’un découvre mon passé sur les skis, il y a deux types de réactions : les personnes impressionnées et intéressées, ce qui est toujours très flatteur ; et les personnes qui demandent si le biathlon c’est courir et nager.
- En quoi diriez-vous justement que votre passé de sportif vous a le plus aidé ?
Mon passée de sportive m’a sûrement le plus aidé dans la persévérance : je sais maintenant que je peux être assise pendant 7 heures sur un vélo et ne pleurer qu’à partir de la dernière heure (merci Pierre Belingheri). Plus sérieusement, j’ai découvert avec le ski la vie de groupe, de communauté, comme il est rare de la vivre aussi jeune. Partir en stage, vivre en internat, s’entraîner toujours avec les mêmes personnes depuis l’âge de 14 ans, ce n’est pas toujours facile dans un sport individuel, mais les plus beaux souvenirs que j’ai du ski sont en équipe. C’est une expérience de vie que je valorise beaucoup.
- Quelle place a le nordique dans votre vie actuelle ?
Bien que toute l’organisation de ma vie ne tourne plus autour du ski, le nordique reste évidemment ma passion ! J’ai continué à suivre le ski de près et de loin : j’ai adoré voir les Français concourir aux Mondiaux juniors/U23 à Whistler (à seulement 1 heure de route de Vancouver), mettre un réveil à 2 heures du matin pour voir Jeanne Richard rafler l’argent aux Mondiaux juniors de biathlon ou encore regarder les copains du FFLD en tenue de la France aux Rousses.
Je rentre d’ailleurs en France pile pour le Summer à La Féclaz, mon prochain rendez-vous pour crier sur les non-retraités ! J’espère qu’un bon nombre deviendra des stars, comme ça je pourrais dire à mes enfants devant la télé dans 10 ans : « Lui, il mangeait des bonbons à chaque séance à l’époque » ou « Elle je l’ai battue en poussin 2 ».
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