Corinne Niogret : « J’ai déménagé dans le sud en 2015 pour passer à autre chose et profiter du soleil »
C’est il y a maintenant près de vingt ans que la biathlète aindinoise Corinne Niogret, originaire du Petit-Abergement (Ain), a mis un fin à sa carrière. Des années biathlon couverts de succès pour cette sportive qui a amassé plus de 300 départs en coupe du monde. Du trio sacré champion olympique du relais en 1992 aux Saisies (Savoie), elle a également remporté deux titres mondiaux de l’individuel (1995, 2000). C’est finalement en 2004, à 32 ans, qu’elle décidait de s’arrêter définitivement, du côté du temps d’Oslo-Holmenkollen (Norvège).
Pour Nordic Magazine, Corinne Niogret, qui travaille maintenant pour une société semencière japonaise, a accepté de se prêter au jeu du « Que sont-elles devenues ? ».
- Quand avez-vous mis fin à votre carrière d’athlète de haut niveau et quel était votre état d’esprit à ce moment-là ?
J’ai mis fin à ma carrière de biathlon au printemps 2004. Depuis 2002, j’étais en proie à des soucis de santé au niveau respiratoire. Après un hiver 2003 où je n’avais pas pu m’entrainer correctement, j’ai refait une saison pour voir, mais j’avais bien du mal à être au niveau où j’aurai voulu… Et puis, comme toutes les bonnes choses ont une fin, il était sans doute temps de passer à autre chose. J’ai ensuite fait une année sur les longues distances avec le Team Rossignol en 2005 (Foulée Blanche, La Transjurassienne, marathon de l’Engadine). J’étais en paix avec cette décision car je l’avais décidée, même si le saut dans la vraie vie était un peu l’inconnu pour moi.
- Qu’est-ce qui a été le plus dur pour vous juste après ? Qu’est-ce qui vous a manqué ?
Je ne crois pas avoir été en manque de compétition de biathlon même si c’est ce qui me motivait dans mon sport, plus que l’entraînement en lui-même. Et puis, je suis restée dans le milieu du ski un certain temps donc l’atterrissage s’est fait en douceur.
- Si vous aviez la possibilité de participer à une compétition, quelle serait-elle ? Avec quel athlète actuel aimeriez-vous concourir ?
Les Jeux olympiques en France en 2030 😉 !! Même si skier à Antholz a toujours eu ma préférence, donc je dis les JO de 2026 qui auront lieu sur ce site. Trêve de plaisanterie, je n’ai plus envie depuis déjà un moment de remettre de dossard, j’ai fait quelques cyclos en vélo il y a quelques années, mais, depuis, je me fais plaisir au grand air sans avoir besoin de défi chronométré. Concernant les athlètes, j’aime bien Dorothea Wierer. Elle ne se prend pas la tête (en apparence tout du moins) et montre un vrai professionnalisme, mais a l’air de savoir aussi lâcher prise à certains moments.
J’ai eu le plaisir avant les Jeux olympiques de 2022 de faire une interview avec Julia Simon (merci Nils Louna et Laurent Davier) et j’avais bien aimé son discours, son caractère, son investissement et ses ambitions. Je me retrouvais plus jeune dans ses propos.
- Au contraire, qu’est-ce qui vous a le moins manqué ?
Je crois que pas grand-chose ne m’a manqué, j’ai continué le vélo qui reste encore aujourd’hui mon activité physique préférée. Mais il a été assez simple de se passer de la muscu, des footings et du ski-roues (même si depuis quatre, cinq ans j’en refait un petit peu pendant l’hiver dans le Sud quand il fait un peu frais pour rouler).
- Quel a été votre parcours après la fin de votre carrière ?
Lorsque j’ai arrêté la compétition, j’ai travaillé pour la FFS pendant quelques années pour l’organisation des circuits nationaux de ski de fond et de biathlon et la relève du ski de fond féminin. J’ai aussi été consultante pour Eurosport puis France TV pour les JO de 2006 et 2010, c’était sympa de voir l’envers du décor ! Puis j’ai travaillé dans le club de l’ESSS Montbenoît dans le Doubs avec des jeunes de 4 à 15 ans (Oscar Lombardot découvrait le tir à cette époque 😉 !!). Et puis, finalement, j’ai déménagé dans le sud en 2015 pour passer à autre chose et profiter du soleil.
- Quelle est votre nouvelle vie ?
Je travaille pour une société semencière japonaise : SAKATA. Nous sommes basés à côté de Nîmes et travaillons dans toute la zone Europe Moyen-Orient Afrique. Quand j’ai du temps, je profite du temps ensoleillé pour être en extérieur, autour de la maison et de la piscine. Il y a toujours à faire autant dans l’entretien, le jardin… ou alors sur mon vélo, ce qui est le cas presque toute l’année ! Sinon, j’aime toujours voyager, surtout aux USA car j’adore ce pays et dans des îles pour profiter du farniente et de la faune sous-marine.
- Quand une personne découvre votre passé sur les skis, quelle est sa réaction ?
Les gens sont toujours admiratifs quand on parle de JO, de médaille d’or et, contrairement à il y a quelques années où il fallait expliquer ce qu’est le biathlon, maintenant les gens me disent : « Comme Martin Fourcade ! » Alors, oui, la même chose mais au siècle d’avant…
- En quoi diriez-vous justement que votre passé de sportif vous a le plus aidé ?
Le sport, j’ai l’impression d’être tombée dedans quand j’étais petite et que les valeurs qu’il dégage seront les miennes pour la vie, notamment pour ce qui est de l’organisation, la concentration, la rigueur, le goût de l’effort, le souci du détail et de ne jamais s’avouer vaincue.
- Quelle place a le nordique dans votre vie actuelle ?
Ne voyant plus la neige que de très loin (au plus près au sommet du Mont Aigoual), je suis bien obligée de regarder tout cela à la télé ! Même si, évidemment, grâce à La Chaîne L’Equipe, je regarde plus le biathlon que les autres sports d’hiver. Mais les réseaux sociaux et Internet permettent quand même de se tenir au courant des résultats.
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