Eloïse Pauly : « J’aimerais recourir avec Lou Jeanmonnot, Sophie Chauveau et Gilonne Guigonnat, comme au bon vieux temps »
C’est il y a maintenant plus de quatre ans que la biathlète dauphinoise Eloïse Pauly a décidé de mettre un terme à sa carrière. Jamais montée au niveau international, la sportive de Chamrousse (Isère), qui pratiquait également le ski de fond avec une quinzième place en OPA Cup à la clé, était une grande habituée du circuit de la coupe de France. De la même génération que Lou Jeanmonnot, Sophie Chauveau ou Gilonne Guigonnat, elle ne sera jamais parvenue à percer malgré une victoire en coupe de France dans sa première année juniors.
Pour Nordic Magazine, Eloïse Pauly, devenue monitrice ESF, serveuse, coach dans son club chamroussien ou encore animatrice dans un camping, a accepté de se prêter au jeu du « Que sont-elles devenues ? ».
- Quand avez-vous mis fin à votre carrière d’athlète de haut niveau et quel était votre état d’esprit à ce moment-là ?
« Carrière » est un grand mot haha ! Disons, que j’ai arrêté d’essayer d’aspirer au haut niveau à la fin de l’hiver 2018/2019. Quand je me suis relancée dans la saison 2018/2019, c’était ma dernière année chez les juniors et je m’étais dit que ce serait la dernière si je n’arrivais pas à intégrer les groupes nationaux. J’ai mis toutes les chances de mon côté durant l’été, et, malheureusement, le 25 août 2018, j’ai eu un accident qui a arrêté nette ma saison. C’était l’évènement de trop qui a fait que j’ai décidé d’arrêter le biathlon. J’ai consacré mon hiver dans un premier temps à ma rééducation, à passer le DE, puis j’ai participé aux championnats de France de fin de saison à Méribel et j’ai tiré mon chapeau au circuit coupe de France.
Cela a été dur d’accepter que cette vie-là était finie et, en même temps, un soulagement. Lorsque que j’ai quitté le circuit, j’étais dans un bon état d’esprit car j’arrêtais par choix et non par dégoût. J’avais et j’ai toujours envie de passer mes journées sur les skis !!
- Qu’est-ce qui a été le plus dur pour vous juste après ? Qu’est-ce qui vous a manqué ?
Le plus dur a été d’accepter que cette vie-là était finie au moment où je me suis blessée et que tous les espoirs que j’avais de briller dans ce milieu-là se sont envolés. Ce qui m’a manqué, en revanche, c’est l’ambiance et les sensations que cela procure quand on fait du biathlon en compétition, ainsi que le groupe de copains/copines du comité et les coachs, bien-sûr !
- Si vous aviez la possibilité de participer à une compétition, quelle serait-elle ? Avec quel athlète actuel aimeriez-vous concourir ?
Si je devais participer à une compétition, je participerais une nouvelle fois aux championnats de France de fin de saison. C’est la grosse réunion des fondeurs et biathlètes, c’est là aussi où on peut revoir les athlètes qui courent en coupe d’Europe et du monde… avant de faire une bonne fête pour célébrer tout cela ! Si je devais choisir des athlètes avec qui j’aimerais courir ce serait Lou Jeanmonnot, Sophie Chauveau et Gilonne Guigonnat, comme au bon vieux temps. Mais bon, il faudrait déjà que je réapprenne à tirer et skier vite pour jouer avec elles…
- Au contraire, qu’est-ce qui vous a le moins manqué ?
Quand j’ai arrêté, ce qui m’a le moins manqué c’est le planning d’entrainement, de pouvoir faire ce que je voulais et, surtout, quand j’en avais envie (autant vous dire que quand il pleut c’est série-tisane-sieste) ! Je me suis également facilement passée du ski-roues, mais j’aime bien en faire de temps en temps quand même.
- Quel a été votre parcours après la fin de votre carrière ?
J’ai passé le DE [diplôme d’Etat] de ski nordique que j’ai fini en mars 2021. J’ai continué de travailler dans la boulangerie où j’ai été serveuse pendant presque cinq ans (La Marmolada à Uriage-les-Bains si vous avez l’occasion de vous y arrêter !!). Et puis, j’ai validé ma licence STAPS fin 2020.
- Quelle est votre nouvelle vie ?
Aujourd’hui, je suis monitrice de ski l’hiver et, depuis peu, coach du Ski Nordique Belledonne Chamrousse avec Nicolas Perrier et Antoine Girardet. J’ai principalement en charge le groupe des U13 ainsi que l’option biathlon pour les U13 et U15.
Je participe également aux courses régionales et puis à quelques longues distances avec les copines pour se rappeler du goût de l’effort.
Je fais aussi les saisons d’été dans un camping proche de Lacanau où je suis animatrice sport. Je travaille également dans l’évènementiel sportif surtout pendant les intersaisons et je retourne quelques fois aider à la boulangerie.
- Quand une personne découvre votre passé sur les skis, quelle est sa réaction ?
Quand les personnes découvrent mon passé dans le biathlon, étant donné que le biathlon est de plus en plus suivi par le public et finalement plus accessible à tout le monde, cela suscite souvent de l’admiration, d’être capable de toucher la cible en étant essoufflé, notamment en tir debout. C’est toujours cool d’avoir cette sensation d’admiration de la part des personnes que l’on rencontre.
- En quoi diriez-vous justement que votre passé de sportif vous a le plus aidé ?
D’avoir pu faire partie du monde du sport de haut niveau, m’a aidé en termes d’organisation. Quand on débarque à l’internat en troisième, avec des nouvelles personnes, qu’il faut apprendre à se gérer toute seule que ce soit les cours, le sport, la vie en groupe… Mais c’est une super expérience qui, justement, apprend beaucoup sur pleins d’aspects de la vie en général. Cela m’a permis de développer des qualités sportives qui me permettent aujourd’hui de pratiquer tout type de sport avec un cardio et une motricité qui vont plutôt bien. Et qui m’a permis de travailler dans le milieu du nordique.
Je dirais aussi que cela a beaucoup fait travailler mon mental, que ce soit de la résistance, de la compréhension, de l’évaluation ou de l’écoute de soi. C’est une chance d’avoir pu faire parti du monde du nordique à bon niveau !
- Quelle place a le nordique dans votre vie actuelle ?
Aujourd’hui, le nordique à une grande place dans ma vie tout d’abord parce que je passe tous les jours de l’hiver depuis quelques années sur les skis, et maintenant aussi l’été et l’automne (sur les ski-roues) avec le club ! Et puis, mine de rien, cela me permet de garder la forme pour participer aux compétitions.
Je suis de très loin le parcours des sportifs en équipe, sauf de ceux que je connais bien… Je suis souvent sur les skis en même temps qu’eux, vous allez me dire que je pourrais regarder en replay, mais non, je préfère aller sur la page Facebook de Jacques Mignerey et regarder les résumés ! En vrai, avec les réseaux sociaux, on est vite sur l’info.
J’ai gardé contact avec ma génération club/comité (fond et biathlon). Beaucoup continuent la compétition, certains sont en équipes. Nous nous revoyons souvent lors de la trêve printanière ou bien sur quelques compétitions l’hiver (régionales, longue distance) ou encore sur le traditionnel challenge des moniteurs.
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