Jacquemine Baud : « Je suis en pleine nature et autonome, c’est tout ce que j’aime ! »
Huit ans après avoir mis un terme à sa carrière de biathlète à la suite de sa non-reconduction au sein des équipes de France, Jacquemine Baud, 34 ans et maman de deux enfants, a bien rebondi. Auteure de trois départs en coupe du monde et de deux podiums en IBU Cup, elle est devenue chargée de communication en Suisse.
Pour Nordic Magazine, Jacquemine Baud a accepté de se prêter au jeu du « Que sont-elles devenues ? ».
- Quand avez-vous mis fin à votre carrière d’athlète de haut niveau et quel était votre état d’esprit à ce moment-là ?
J’ai arrêté le biathlon après la saison 2013/2014 ! C’est durant l’été, lors d’un stage de préparation, que j’ai pris ma décision définitive. Elle a été influencée par ma non sélection en groupe fédéral, apprise au printemps par mes entraîneurs. Une décision contestée et plutôt injuste à l’époque. Mais, bon, depuis le temps est passé et je n’ai plus aucune amertume à ce sujet. Après cette annonce un peu brutale, j’aurais pu jouer encore sur les sélections pour les circuits internationaux qui ont lieu à l’automne, mais je n’ai pas réussi à remette l’implication requise pour préformer et, surtout, prouver que j’avais à nouveau ma place. Je sortais d’une belle saison, et notamment, d’un titre de championne de France, donc rien ne me prédestinait à un arrêt de carrière et un écartement de la FFS. J’ai tout de même arrêté sur une bonne note !
- Qu’est-ce qui a été le plus dur pour vous juste après ? Qu’est-ce qui vous a manqué ?
Le plus dur, cela a sans doute été l’incompréhension escortant cette décision, notamment du côté de mon entourage et ma famille. Ils ont vécu cela comme une réelle injustice. De mon côté, il y avait un peu de déception qu’on ne me laisse pas ma chance tout comme de la part de mes supporters. Cela m’a touché plus personnellement que sportivement. Mais, très vite, j’avais une telle envie de voyager et de bouger que je voulais vivre sans être une biathlète à 100%.
- Si vous aviez la possibilité de participer à une compétition, quelle serait-elle ?
L’une de mes grandes envies était de courir à Oslo, à Holmenkollen, parce que j’aime beaucoup la Norvège et sa capitale pour y être déjà allée plusieurs fois en vacances ! En plus, l’étape de la coupe du monde tombe tous les ans lors de mon anniversaire, le 17 mars ! Une saison, j’étais dans les trois premières du général de l’IBU Cup, j’avais donc gagné un quota pour la France et y participer. Mais, encore une fois, je ne faisais pas partie de celles en qui on avait envie de donner une chance…
- Avec quel athlète actuel aimeriez-vous concourir ?
En femmes je n’ai pas de nom en particulier. « Et si j’étais un homme, je serais capitaine »… Être l’adversaire d’Emilien Jacquelin, qui est très joueur comme l’était Martin Fourcade ou comme l’est Vetle Sjaastad Christiansen, me plairait bien ! Au-delà de faire leur course, ils font le spectacle.
- Au contraire, qu’est-ce qui vous a le moins manqué ?
Mmmm… difficile question parce que l’on a quand même la belle vie quand on est athlète ! Je dirais que, si je prends dans mon quotidien en tant que biathlète, dans la préparation, les séances de musculation ne me manquent pas du tout !
- Quel a été votre parcours après la fin de votre carrière ?
Ma décision a été prise en plein été lors d’un stage de préparation à Bessans. Je suis rentrée le soir même à Annecy, et, dès le lendemain, je travaillais dans un magasin appartenant à des amis de ma famille. J’ai bossé un ou deux mois là-bas puis j’ai vécu quelques temps à Annecy. J’ai ensuite voyagé, notamment en Thaïlande et à Bali. J’ai ensuite encadré le biathlon lors de séminaires et en station, et j’ai voyagé grâce à des shooting photos. Je vivais de ces deux activités et j’avais beaucoup de temps pour courir en montagne, faire du ski de rando, revoir mes amis, ma famille et vivre librement comme je l’entendais ! Cette période était vraiment cool.
- Quelle est votre nouvelle vie ?
Aujourd’hui, je suis déjà maman de Matti qui a bientôt 4 ans et d’Anna qui est née le 16 mai dernier. Comme on le sait tous, c’est déjà un job à plein temps ! Mais, professionnellement, je suis chargée de la communication et promotion du Parc d’attraction Verticalp à Emosson, en Suisse. C’est un job où je m’épanouis et où je gère les événements sur place. J’ai notamment pu organiser la première édition d’une course à pied en côte « La VerticAlp Race » et aussi fait des initiations de biathlon à 10 mètres. Je suis en pleine nature et autonome, c’est tout ce que j’aime ! Je vis à Chamonix avec mes proches, et où j’ai grandi, dans ma maison familiale.
- Quand une personne découvre votre passé sur les skis, quelle est sa réaction ?
Les gens sont fans du biathlon, très admiratifs, et suivent beaucoup à la télévision, donc ils connaissent bien ! Je n’ai toujours reçu que des compliments lorsqu’ils apprennent mon passé.
- En quoi diriez-vous justement que votre passé de sportif vous a le plus aidé ?
Disons qu’en majeure partie lorsque l’on a été sportif de haut niveau, nous arrivons mieux à gérer nos émotions, et donc à s’adapter à tout. Ce qui est un plus pour rester calme et concentré si des situations se compliquent. Le biathlon, qui est sport très exigeant, nécessite de la remise en question et de l’humilité. Ce sont de belles qualités et de vrais atouts dans la vie de tous les jours, comme l’esprit d’équipe et la facilité à s’intégrer à un groupe.
- Quelle place a le nordique dans votre vie actuelle ?
Aujourd’hui, je ne pratique plus beaucoup le ski de fond, mais plutôt le ski de randonnée, une de mes premières passions : Je regarde quand je peux le biathlon à la télévision et j’ai encore des amies avec qui j’évoluais quand je courrais qui restent présentes dans ma vie.
La série d’été de Nordic Magazine
- Que sont-ils devenus ? Maxime Laheurte
- Que sont-elles devenues ? Laura Chamiot-Maitral
- Que sont-ils devenus ? Clément Jacquelin
- Que sont-elles devenues ? Aurélie Dabudyk
- Que sont-ils devenus ? Sébastien Lacroix
- Que sont-elles devenues ? Marine Bolliet
- Que sont-ils devenus ? Paul Brasme
- Que sont-elles devenues ? Célia Bourgeois
- Que sont-ils devenus ? Mickaël Philipot
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