Laura Vanderweyen : « Je viens de finir la première année de mon master en génie civil dans un programme de conception et construction durable à Stanford »
C’est à la fin de l’hiver 2014/2015 que la fondeuse haut-alpine Laura Vanderweyen, 19 ans à l’époque, a décidé d’arrêter le ski de fond de compétition. Sacrée un an auparavant championne de France de relais avec Coraline Hugue et Cora Gilbert, une première pour le comité de ski Alpes Provence, elle était également montée à plusieurs reprises sur le circuit OPA Cup juniors. Finalement, malgré quelques résultats prometteurs à ce niveau, elle décidait de ranger les skis pour partir à l’étranger réaliser ses études supérieures.
Pour Nordic Magazine, Laura Vanderweyen, actuellement étudiante à l’université de Stanford, en Californie, après l’avoir été à Montréal, a accepté de se prêter au jeu du « Que sont-elles devenue ? ».
- Quand avez-vous mis fin à votre carrière d’athlète de haut niveau et quel était votre état d’esprit à ce moment-là ?
Juste après le bac, soit après ma première saison chez les juniors ! Je savais depuis très jeune que je voulais partir à l’étranger pour mes études supérieures, et c’était donc le moment. Ce n’était pas sans pincement au cœur et j’ai même hésité à reporter mon départ pour pouvoir compléter au moins ma deuxième année juniors et tenter d’aller aux Mondiaux. J’ai même hésité à changer d’avis et faire une école d’ingénieur en France. Malheureusement, la seule qui me tentait vraiment « c’était était l’INSA de Lyon et, même en filière sport de haut niveau, Lyon n’était pas l’idéal pour le ski de fond !
Le problème c’est que le niveau mondial/olympique me paraissent quasi inatteignable, que je souffrais d’une inflammation chronique du sésamoïde interne (petit os sous le pied) et que je ressentais de la frustration par rapport à la gestion des groupes féminins au niveau national. Je manquais d’espoir quant à mon futur dans le nordique et c’était donc plus rationnel de prioriser mes études.
- Qu’est-ce qui a été le plus dur pour vous juste après ? Qu’est-ce qui vous a manqué ?
Le plus dur, c’était de devenir sportive du dimanche. Ou sportive tout court, sans le haut niveau (la réalité, c’est que je n’ai jamais réussi à arrêter de m’entraîner !). C’était une perte d’identité. Après avoir arrêté, je suis passée par ce que je vais appeler une phase de petite dépression post athlétique due au manque d’objectifs bien définis.
J’avais travaillé très fort pour atteindre (ou tenter d’atteindre) mes objectifs sportifs et scolaires pendant mes années pôle espoir. J’étais vraiment transportée par le courant de ma détermination tous les jours. Quand j’ai pris ma retraite, ce courant s’est mis en pause et je me suis retrouvée à patauger dans l’eau sans direction. C’était une phase de questionnement professionnel, ou plutôt existentiel, pour trouver ma nouvelle voie et mes nouveaux objectifs. Et d’ailleurs, huit ans plus tard, je me pose toujours certaines de ces questions.
- Si vous aviez la possibilité de participer à une compétition, quelle serait-elle ? Avec quel athlète actuel aimeriez-vous concourir ?
Je ferais bien quelques étapes de la coupe de France sans aucune attente de résultat, sans fierté et sans honte. Juste par curiosité de voir combien on perd sans entrainement spécifique. Puisque je ne m’attends pas à pouvoir suivre les athlètes actuelles, je n’ai en réalité pas de préférence là-dessus. Après, si je cherchais vraiment à mesurer l’impact de huit ans d’entrainement VS huit ans de retraite, je choisirais Coralie Bentz puisqu’on avait plus ou moins le même niveau quand j’ai arrêté !
- Au contraire, qu’est-ce qui vous a le moins manqué ?
Le jugement et les dynamiques d’équipes négatives. Je pense que la plupart de mes anciennes coéquipières seraient d’accord de dire qu’on n’avait pas toujours des relations d’équipe très saines, avec parfois un gros manque de cohésion. Je suis toujours persuadée à ce jour que cela a eu un impact négatif sur nos résultats collectifs.
- Quel a été votre parcours après la fin de votre carrière ?
Je suis partie à Montréal pour mes études supérieures à McGill University. J’ai d’abord commencé mon bachelor en sciences politiques et en science physique (un choix peu commun) puis j’ai transféré en génie civil après ma première année. J’ai continué à skier en club la première année, mais, comme je n’avais pas la structure pour maintenir mon niveau ou progresser, j’ai décidé de passer complètement à autre chose.
J’ai fait un an d’aviron en équipe universitaire et puis je suis finalement passée sur l’équipe universitaire d’athlétisme. J’ai complété une mineure en génie environnemental qui m’a permis de passer trois mois sur l’île de la Barbade dans les Caraïbes en 2019. J’ai obtenu mon diplôme en ingénierie en mai 2020 et j’ai commencé à travailler dans l’industrie de la construction, d’abord en tant qu’estimateur de coût, ensuite en tant qu’ingénieure juniore de chantier et finalement ingénieure juniore de projet. J’ai été envoyée sur un projet de construction de route et d’installation de fibre optique en territoires reculés (Territoires-du-Nord-Ouest Canadiens). Je vivais dans des roulottes de chantiers vingt jours par moi et puis j’avais dix jours off. J’ai quitté cet emploi en juillet 2022 pour commencer un master à Sanford University et, après quelques semaines de voyage en Belgique, France, Liban et Mexique, j’ai donc déménagé en Californie pour recommencer des études !
- Quelle est votre nouvelle vie ?
Je viens de finir la première année de mon master en génie civil dans un programme de conception et construction durable à Stanford. Je me suis régalée. Cette université est incroyable, on a un accès privilégier aux pionniers de recherche dans une multitude de domaines (principalement en technologie et informatique), au monde de l’entreprenariat et à un réseau professionnel fort. Je rencontre des gens super intéressants toutes les semaines !
Je vais passer la majorité de mon été à travailler à Los Angeles avec une compagnie de consultants en gestion de construction sur des projets d’infrastructure de transport en commun (métro, train, ligne de bus rapides). Je vais travailler principalement avec les départements de risque, d’estimation et de planification de projet. Ensuite, il me reste six mois d’études pour avoir mon master. Je dois décider cet été si je souhaite prolonger sur un doctorat ou pas ! En tout cas, je vais profiter au maximum de mon expérience étudiante ici, et j’ai hâte de voir ce que l’avenir me réserve.
- Quand une personne découvre votre passé sur les skis, quelle est sa réaction ?
Puisque j’ai gardé mes grosses épaules (pour le moment en tout cas), souvent les gens me demandent quel sport je fais. Ils ne sont donc pas vraiment surpris, quand j’explique que maintenant je fais de l’athlétisme mais qu’à la base j’étais skieuse de fond. Par contre, parfois (assez souvent) ils demandent ce qu’est le ski de fond et je dois leur montrer des photos puis expliquer la différence entre le skate et le classique. Quelquefois, je dois même expliquer que ce n’est pas la même chose que le ski alpin 😒 !!
- En quoi diriez-vous justement que votre passé de sportif vous a le plus aidé ?
Il m’a aidé pour énormément de choses (motivation, discipline, dépassement de soi, santé, connaissance de son corps, gestion du temps, etc.), mais je dirais que le plus important c’est un état d’esprit de constante amélioration de soi. J’ai toujours du progrès à faire dans tous les différents domaines de ma vie et je continue à me donner des objectifs à moyens et courts termes et à essayer de les atteindre dans les circonstances et avec la rigueur dont je suis capable. J’ai encore et toujours du mal à définir mes objectifs à long terme parce qu’il y a un million de possibilités qui m’intéressent.
- Quelle place a le nordique dans votre vie actuelle ?
Je dois avouer que plus le temps passe et moins le nordique prend de place dans ma vie. Je n’ai pas souvent l’occasion de skier et cela ne me manque plus, même si cela me fait toujours vraiment plaisir de rechausser les skis.
Pour ce qui est de suivre les résultats des skieurs en exercice, je vois ce qui est posté sur les réseaux et je regarde les Jeux olympiques. A part cela, non, je ne regarde pas les temps de courses à aucun niveau. J’apprécie beaucoup de voir mes anciens coéquipiers sortir de belles courses et, parfois, j’envoie un petit message de félicitations. Cependant, les anciens coéquipiers dont je suis proche et avec qui j’ai gardé contact ont aussi arrêté la compétition, ce qui contribue aussi au fait que je fasse moins attention aux résultats.
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