Manon Locatelli : « Je suis Dr. Locatelli, spécialiste en greffe de neurones chez la souris »
C’est en 2016, après un hiver passé à écumer le circuit américain de ski de fond, que la Dauphinoise Manon Locatelli a mis fin à sa carrière de sportive de haut niveau. Durant celle-ci, elle sera montée sur quelques podiums en coupe des Alpes et aura participé à vingt-et-une manches de la coupe du monde, principalement en sprint.
Pour Nordic Magazine, la Méaudraise Manon Locatelli, qui travaille maintenant dans un laboratoire de rechercher à Genève (Suisse), a accepté de se prêter au jeu du « Que sont-elles devenues ? ».
- Quand avez-vous mis fin à votre carrière d’athlète de haut niveau et quel était votre état d’esprit à ce moment-là ?
J’ai arrêté la compétition en 2016 après une saison sur le circuit américain NCAA. A mon retour en France, je n’avais pas envie de retourner dans la routine des saisons passées. Je suis arrivée à un tournant, je voyais des opportunités du côté de mes études et, en face, j’avais un manque de perspectives dans le ski. J’ai donc choisi de m’investir pleinement pour mon avenir.
- Qu’est-ce qui a été le plus dur pour vous juste après ? Qu’est-ce qui vous a manqué ?
Cela n’a pas était trop dur car j’ai voyagé pendant un an et demi aux Etats-Unis, ce qui fait que j’ai eu le temps de réfléchir. J’ai rapidement trouvé de nouveaux objectifs et une raison de me lever le matin. Après, c’est sûr que l’adrénaline sur la ligne de départ ainsi que les émotions intenses partagées avec les filles du groupe dans les bons et les mauvais moments me manquent.
- Si vous aviez la possibilité de participer à une compétition, quelle serait-elle ? Avec quel athlète actuel aimeriez-vous concourir ?
La Vasaloppet parce que cela reste une course mythique à laquelle je n’ai jamais eu l’occasion de participer. Concernant les athlètes, honnêtement, j’ai couru avec les Therese Johaug, Marit Bjoergen, Heid Weng, Charlotte Kalla, Justyna Kowalczyk ou Maiken Caspersen Falla… La catégorie moldu me conviendra !
- Au contraire, qu’est-ce qui vous a le moins manqué ?
Il n’y a pas vraiment une chose en particulier car j’ai toujours pris du plaisir. La contrainte du haut niveau ne laisse pas la place pour pratiquer d’autres sports. Aujourd’hui, je profite donc de la montagne sous toutes ses facettes entre VTT, ski alpin, ski de randonné, ski alpinisme ou escalade.
- Quel a été votre parcours après la fin de votre carrière ?
Après avoir arrêté la compétition, comme je l’ai dit, je me suis mise à fond dans les études avec un Master puis un Doctorat dans le domaine de la thérapie génique et cellulaire. En parallèle, j’ai passé mon DE de ski alpin et nordique.
- Quelle est votre nouvelle vie ?
Aujourd’hui, je suis Dr. Locatelli spécialiste en greffe de neurones chez la souris ! Plus sérieusement, je travaille dans un laboratoire de recherche à Genève pour la fondation Clayton Biotechnology. Je développe des outils pour sécuriser les thérapies du futur pour soigner des maladies comme Parkinson ou Alzheimer. Je continue également d’enseigner le ski à l’ESF de Méaudre pendent les vacances. Cela me permet de faire un break et de retourner dans le Vercors pour voir ma famille et mes amis.
- Quand une personne découvre votre passé sur les skis, quelle est sa réaction ?
Je parle rarement de mon passé sur les skis, mais, généralement, je trouve rapidement les personnes qui ont « la compétition dans le sang » car on se comprend. Dans le bâtiment où je travaille, nous sommes plus de 3000 collaborateurs, une grande partie de mes collègues sont des purs citadins, le simple fait de venir tous les jours au travail en vélo (20 kilomètres par jour) me classe directement dans la catégorie sportif ! J’ai parfois des questions, car l’hiver je suis souvent la seule bronzée au milieu des rats de labo…
- En quoi diriez-vous justement que votre passé de sportif vous a le plus aidé ?
Le haut niveau, c’est avant tout l’apprentissage de valeurs telles que le dépassement de soi, la perfection, la rigueur… Je travaille dans un domaine où je suis confrontée à l’échec au quotidien, il faut constamment revoir les plans et recommencer. Mon expérience et mes compétences dans le domaine du ski sont aujourd’hui un atout parce que je ne lâche rien si je sais que, techniquement, c’est possible.
- Quelle place a le nordique dans votre vie actuelle ?
Je continue de faire du ski de fond même si j’ai bien diversifié ma pratique du ski. Je garde toujours un œil sur la compétition mais je me pose des questions sur l’avenir du ski de fond tant sur un plan international que régional… J’ai parfois l’impression que le fondeur est une espèce en voie d’extinction.
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