Margaux Achard : « Depuis deux ans, je rentre de Paris tous les week-ends et je suis sur les pistes dès que je peux »
C’est au bout de l’hiver 2015/2016 que la Savoyarde Margaux Achard, pas encore 22 ans à l’époque, a décidé de mettre un terme à sa carrière de biathlète. Montée une seule fois en équipe de France, lors des Mondiaux jeunes 2012 de Kontiolahti (Finlande), celle qui était la coéquipière de Julia Simon ou de Justine Braisaz au comité de Savoie n’est jamais parvenue à passer le cap.
Pour Nordic Magazine, Margaux Achard, devenue professeure d’EPS, a accepté de se prêter au jeu du « Que sont-elles devenues ? ».
- Quand avez-vous mis fin à votre carrière d’athlète de haut niveau et quel était votre état d’esprit à ce moment-là ?
J’ai arrêté en fin de saison 2016… cela commence à dater ! J’aimais encore beaucoup le biathlon, que ce soit l’entraînement ou la compétition, mais je sentais simplement que je n’arrivais pas à franchir le palier supérieur, même en mettant toutes les chances de mon côté. J’ai, du coup, décidé de remettre une priorité sur mes études. C’est un choix qui n’a pas été évident parce que j’avais toujours cette passion et des objectifs en tête. Je prenais encore beaucoup de plaisir sur les skis et derrière la carabine. Cela laisse un petit goût d’inachevé, mais il faut parfois savoir être réaliste. Je n’ai pas mis longtemps à me fixer de nouveaux objectifs !
- Qu’est-ce qui a été le plus dur pour vous juste après ? Qu’est-ce qui vous a manqué ?
Le plus dur est de retourner à la « vraie » vie ! Les semaines de stages, la vie de groupe et les petits coups de pression avant les gros objectifs ou les courses qui nous tiennent à cœur, ce sont des choses qu’on ne retrouve pas ensuite. Du moins pas de la même manière et pas avec la même intensité.

- Si vous aviez la possibilité de participer à une compétition, quelle serait-elle ? Avec quel athlète actuel aimeriez-vous concourir ?
Bonne question ! Je suis plutôt « diesel », je préfère les efforts longs. J’aimerais donc beaucoup participer à un (half) Ironman. Pas forcément pour la mentalité triathlon, mais plutôt pour la polyvalence qu’il faut dans cet effort. Enfin, pour cela, il faudrait déjà que je j’apprenne à nager correctement… ou que je trouve quelqu’un pour faire la natation à ma place ! J’ai récemment fait équipe avec Julia Simon sur un trail, mais je crois que je n’obtiendrais pas beaucoup de soutien de sa part si je lui demandais de nager : elle est encore moins aquatique que moi ! En tout cas, je sais déjà avec qui je ne ferai plus équipe : mon copain [le cycliste Benoît Cosnefroy, NDLR] ! La première et dernière fois, c’était sur La Savoyarde du Hibou en du… et cela ne s’était pas super bien terminé
.

- Au contraire, qu’est-ce qui vous a le moins manqué ?
Les tours de pénalité et les séances de poussée ! Les premiers parce que j’ai parfois passé de longs moments de solitude à y tourner. Et la poussée car j’ai toujours détesté cela, au contraire de mes coéquipières de comité qui étaient très fortes dans cet exercice. Justine [Braisaz], Julia [Simon] et Rachou [Rachel Demangeat] se reconnaîtront d’ailleurs ! (Ah oui et j’allais oublier : il y a aussi les chutes en ski-roues ! Mes genoux me remercient d’avoir arrêté…)

- Quel a été votre parcours après la fin de votre carrière ?
J’ai terminé mon Master STAPS, obtenu mon CAPEPS et l’agrégation d’EPS… et puis j’ai terminé mon DE ski.

- Quelle est votre nouvelle vie ?
Je suis professeur d’EPS, à Paris ces deux dernières années. Je n’ai toujours pas eu ma mutation pour revenir sur la Savoie donc j’ai demandé une année de disponibilité pour la rentrée à venir. C’est dur de se passer du cadre de vie qu’on a chez nous une fois qu’on s’y est habitué… Et puis je commence à en avoir marre de vivre dans ma valise. Cette année, je vais revenir un peu dans le monde du ski/biathlon en travaillant à l’ESF, entre autres. Je retrouverai les élèves plus tard, quand j’aurai enfin obtenu ma mutation. C’est un métier qui me plaît beaucoup ! Pour l’à-côté, je continue à faire pas mal de sports différents, pour le plaisir. J’adore le vélo, la course à pied, le ski de rando ou l’escalade… et je remets des dossards de temps en temps sans préparation spécifique et sans pression ! Je me décide souvent au dernier moment d’ailleurs !

- Quand une personne découvre votre passé sur les skis, quelle est sa réaction ?
Du « biathlon » ? C’est bien de la course à pied et du vélo ça ? (Non, il n’y a que les Parisiens pour dire cela maintenant que ce sport est médiatisé tout l’hiver et qu’on a des stars françaises qui jouent devant tous les week-ends !). Plus sérieusement, je n’en parle pas souvent. Ceux qui posent le plus de questions, ce sont les élèves parce qu’ils veulent souvent connaître notre spécialité. Après cette année avec moi, ils sont devenus incollables sur ce sport !

- En quoi diriez-vous justement que votre passé de sportif vous a le plus aidé ?
Dans la gestion de ma vie personnelle. Je vis avec un sportif professionnel et je pense que son rythme de vie est plus facile à comprendre comme j’ai eu le même par le passé (à moindre échelle évidemment). Les sacrifices qu’il fait, je les comprends. J’accepte plus facilement le fait qu’il parte longtemps en stage, qu’il soit moins souvent à la maison, qu’il ait parfois des journées complètes d’entraînement et qu’il y ait des temps de l’année où il doive récupérer. Je pense que c’est important dans notre équilibre.

- Quelle place a le nordique dans votre vie actuelle ?
Depuis deux ans, je rentre de Paris tous les week-ends et je suis sur les pistes dès que je peux. J’ai gardé cette passion et le nordique aura toujours une place importante dans ma vie. Je continue à suivre de près les circuits du ski de fond et du biathlon. D’abord parce que je continue à suivre des proches, et aussi parce que j’adore suivre l’activité sportive, que ce soit le biathlon ou autre chose ! J’ai aussi gardé des liens forts avec mes anciennes coéquipières de comité : trois d’entre elles sont d’ailleurs mes témoins de mariage ou demoiselles d’honneur (aïe j’ai peur !). On a vécu des moments très forts ensemble, qu’ils soient bons ou moins bons… et même si l’on se voit moins souvent qu’avant, on se connaît toujours par cœur !
La série d’été de Nordic Magazine
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